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Mauvaises récoltes, pâturages jaunis... La sécheresse échaude les agriculteurs

La sécheresse, qui touche une quarantaine de départements français, menace les productions de nombreux agriculteurs. Francetv info a interrogé céréaliers et éleveurs.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des vaches dans une prairie jaunie par la sécheresse, à Rive-de-Gier (Rhône), le 17 juillet 2015. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

Des champs dessechés, des pâturages jaunis... La chaleur persistante de ce début d'été affecte durement les agriculteurs français. "L'absence de précipitations depuis un mois, voire plus, sur certaines régions, et les températures exceptionnellement chaudes ont provoqué un assèchement très important des sols", explique Météo France, vendredi 17 juillet.

Cédric Benoist, céréalier à Jouy-en-Pithiverais (Loiret), confirme. "Il n'y a pas plu depuis début mai : même irriguées, les cultures ont souffert du manque d'eau et du coup de chaud", raconte-t-il, contacté par francetv info.

>> CARTE. Quelles sont les zones concernées par les restrictions d'eau ? 

10 à 15% de rendements en moins

Cédric Benoist a récolté les 120 hectares qu'il exploite avec 15 jours d'avance. Et en moyenne, sa production d'orge et de blé a baissé de 10 à 15% par rapport à l'été précédent. Pour ne rien n'arranger, le Loiret a été touché par plusieurs incendies lors des moissons.

Les températures caniculaires du moins de juin ont aussi détérioré la qualité des grains, plus petits que les années précédentes. "Il n'y a pas eu de maturité progressive : c'est comme si vous métiez un gâteau au grill au lieu du four, souligne l'agriculteur. Le grain est ridé, plus petit... Et moins bien payé que le gros."

Les cultures irriguées moins touchées

Cédric Benoist souffre toutefois moins de la sécheresse que d'autres exploitants, car ses cultures sont en partie irriguées. Un apport en eau qui a aussi avantagé Nicolas Pihée, producteur de céréales et de cultures spécialisées à Rosiers-sur-Loire (Maine-et-Loire). "Jusqu'ici, on a perdu moins de 10% en terme de rendement, ce qui n'a rien de significatif", explique l'agriculteur, joint par francetv info.

Mais le département du Maine-et-Loire est menacé de restrictions d'eau, car le niveau de la Loire baisse dangereusement. "J'ai des inquiétudes sur ma capacité à maintenir le bon état de mes cultures si je ne peux plus arroser", avoue-t-il.

La pluie, seul espoir pour les agriculteurs

D'autant que le céréalier doit respecter des quotas d'irrigation, déjà presque atteints. "Nous avons entièrement irrigué les parcelles de maïs 4 fois depuis le mois de mai, au lieu de deux en temps normal, détaille Nicolas Pihée. A ce rythme, j'aurai consommé mes quotas d'ici le 15 août."

L'agriculteur espère que la pluie "le soulagera" dans les semaines à venir. Car si les quotas sont atteints et la demande d'extension rejetée par les autorités, il risque de perdre jusqu'à 50% de rendement sur sa production de maïs.

"A ce rythme, les granges seront vides d'ici février"

Les éleveurs, déjà frappés par la baisse des prix de leur production, souffrent eux aussi des conditions climatiques. "Les pâturages sont complètement secs, donc nous devons déjà utiliser le fourrage prévu pour l'hiver", explique Mickaël Giraud, éleveur de brebis et producteur de châtaignes à Saint-Joseph-des-Bancs (Ardèche). "Il faudra voir ce que donne l'automne, mais entamer les stocks en été signifie généralement qu'on se trouvera mal en hiver."

Même constat pour Coralie Reynaud, qui élève une soixantaine de vaches laitières près de Coucouron (Ardèche). L'agricultrice a perdu 30% de sa production de foin à cause des gelées du printemps, puis de la vague de chaleur. "Nous sommes obligés d'acheter des aliments et du foin, regrette-t-elle, contactée par francetv info. A ce rythme, les granges seront vides d'ici février."

Mais ce n'est pas tout : "Les bêtes souffrent de la chaleur, rappelle Coralie Reynaud. Nous essayons de les mettre à l'ombre et de leur apporter de l'eau, mais nous avons tout de même constaté une baisse de 30% des rendements en lait ces trois dernières semaines."

Une saison éprouvante moralement 

Les conséquences financières risquent donc d'être catastrophiques. "Le prix du lait a déjà baissé de 40 centimes cette année et la sécheresse accentue énormément nos pertes, confie Coralie Reynaud. Mon mari et moi avions évalué la baisse de revenu à 15 000 ou 20 000 euros cette année, mais nous serons sans doute plus proches des 30 000 euros."

Sans compter le contrecoup moral de cette saison "très compliquée". "Nous avons des coûts supplémentaires, la production ne suit pas et on voit nos animaux souffrir... On finit par en avoir marre, lâche Mickaël Giraud. Ce métier, déjà difficile, est encore moins simple quand les conditions climatiques ne suivent pas." Pour l'instant, l'agriculteur ardéchois n'a donc qu'un seul objectif : "essayer de finir l'année le moins mal possible".

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