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Qui décide ? A partir de quelle température ? Quels établissements ? On répond aux questions sur les fermetures d'écoles à cause de la canicule

Les fortes températures attendues jeudi et vendredi ont déjà poussé certains établissements à annoncer leur fermeture.

Article rédigé par franceinfo
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Dans une classe d'Issoire (Puy-de-Dôme) le 25 juin 2019. (MAXPPP)

Les enfants des écoles maternelles et primaires en week-end prolongé en raison des fortes températures ? Alors que le brevet des collèges, qui devait se tenir jeudi 27 et vendredi 28 juin, a été reporté à lundi 1er et mardi 2 juillet, le ministère de l'Education nationale n'a pas pris de mesure nationale de fermeture pour les crèches et les écoles maternelles et primaires.

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Pourtant, la montée du mercure attendue en fin de semaine inquiète enseignants et parents d'élèves, alors que 65 départements sont toujours en vigilance orange. Certains ont appelé le ministre de l'Education nationale à prendre une décision et plusieurs établissements ont déjà annoncé qu'ils resteraient fermés.

Le ministre de l'Education a-t-il donné une consigne nationale ?

Non, Jean-Michel Blanquer n'a pas acté leur fermeture pour la fin de la semaine, afin d'éviter aux parents de devoir trouver une solution de garde dans l'urgence. Il est toutefois conscient du problème, puisque le ministère avait "envoyé des consignes très claires dès dimanche à l'ensemble du système" en "faisant preuve de bon sens" a-t-il assuré sur franceinfo mardi 25 juin. "Au cas par cas, école, collège, lycée, il [était] possible de le faire", a-t-il ajouté.

Pour Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, "il ne faut pas nécessairement aller jusque-là, il faut observer au cas par cas bien sûr, mais, en tout cas, il ne faut pas hésiter à le faire", a-t-elle précisé à franceinfo. Le ministre a également soumis la possibilité de solutions intermédiaires, comme "par exemple avoir cours le matin et pas l'après-midi". Depuis cette prise de parole, aucune annonce officielle n'a été communiquée, malgré les appels des syndicats enseignants et de parents d'élèves.

Certains établissements ont-ils déjà annoncé leur fermeture ?

Oui, certains établissements n'ont pas attendu une éventuelle décision ministérielle. Ainsi, dans le Val-de-Marne, les écoles et les crèches ont été autorisées à fermer. Le Plessis-Trévise est la première ville à avoir pris une telle mesure dès lundi, avance France Bleu Paris. La municipalité a été suivie par Saint-Maur-des-Fossés, Vitry-sur-Seine, Ivry-sur-Seine et Valenton, précise Le Parisien. En Seine-et-Marne, toutes les écoles maternelles et primaires de MelunCombs-la-Ville et Montereau-Fault-Yonne resteront fermées. Dans l'Essonne, une cinquantaine d'écoles maternelles et élémentaires seront fermées, a annoncé la préfecture mardi, notamment à Corbeil-Essonnes et Savigny-sur-Orge.

L'Ile-de-France n'est pas la seule région concernée par ces fermetures. A Gières (Isère), un arrêté municipal a été pris pour fermer les maternelles et les écoles primaires. A Tours (Indre-et-Loire), 13 écoles et 8 crèches fermeront leurs portes. A Sarreguemines (Moselle), les écoles n'accueilleront pas les enfants jusqu'à la fin de la semaine. A Thionville, autre ville du département, la municipalité va laisser les écoles ouvertes, mais incitent les parents à garder les enfants à la maison. Les responsables d'établissement veulent éviter des incidents comme ce qu'il s'est passé dans une école élémentaire de Renwez (Ardennes) où neuf enfants de 6 à 11 ans ont été pris d'un malaise mardi à l'heure du déjeuner, selon France Bleu Champagne-Ardenne

Quels sont les critères pour fermer un établissement ?

Le ministre a insisté mardi sur franceinfo sur le "bon sens et les circonstances locales", tout en évoquant les critères de température et du bâti scolaire. "Vous avez dans la grande majorité des cas des écoles, collèges et des lycées qui sont dans un bon état thermique, mais pas toutes et pas tous, nous le savons bien, donc ce sera notamment dans ce genre de cas qu'on sera en situation d'avoir tout simplement à fermer l'établissement", a-t-il indiqué. Pour Francette Popineau, les critères sont "très simples".

Il faut un thermomètre, il faut vérifier la température de la classe.

Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU

à franceinfo

Le ministère n'a pas communiqué une température référente à partir de laquelle il était conseillé à un établissement de fermer ses portes. Mais les températures prévues jeudi et vendredi font craindre le pire et des records de chaleur sont attendus. 

Qui prend la décision ?

Si le ministère ne donne aucune directive nationale, il incombe donc aux "responsables locaux" selon Jean-Michel Blanquer de décider si un établissement ouvre ou non. "C’est le directeur d’école, le chef d’établissement, qui sont en situation d’apprécier la nécessité éventuelle de fermer et dans ce cas, de le faire en lien avec le rectorat, la collectivité locale et à la fin le préfet qui prend la décision juridiquement”, a-t-il expliqué.

Décider, c’est très compliqué. On ne sait pas à quel moment c’est quelque chose qui fait partie du droit.

Francette Popineau

à franceinfo

D'après elle, il ne faut pas nécessairement "appeler le ban et l’arrière-ban", comme l'indiquait le ministre. "Il suffit que le maire, qui connaît très bien les locaux, et l’enseignant de la classe alerte l’inspecteur et il faut évacuer les enfants. A un moment donné, si on n’a pas un lieu pour mettre les enfants au frais, il faut évidemment préserver la santé des enfants, c’est l’essentiel."

Les enseignants peuvent-ils faire quelque chose ?

Dès lundi, les enseignants raillaient les conseils prodigués par le ministère pour protéger les élèves des fortes chaleurs dans un communiqué : "vérifier la fonctionnalité ou l’installation de stores et/ou volets", "gardez les enfants dans une ambiance fraîche", "disposer d’un thermomètre par salle", "vérifier la température des installations". "Dans mon école, on a 130 élèves à un étage avec deux robinets… Ma question, c'est comment on fait pour tous les rafraîchir ?", s'inquiétait Catherine Da Silva, représentante du SNUipp 93 et directrice d’école à Saint-Denis sur franceinfoFrancette Popineau estime que les enseignants n'hésiteront pas à prendre les devants. "Ils prendront les mesures nécessaires, et c’est important qu’ils le fassent", prévient-elle.

En dernier recours, ils peuvent même invoquer leur droit de retrait, indique-t-elle, "puisqu'il s'agit de réagir à un danger imminent". Jean-Michel Harvier, secrétaire national du Snes en charge de l'action juridique, tient à se montrer prudent : "C'est un droit individuel, qui se prend au cas par cas."

Ce droit se prend quand une personne estime que sa santé est en danger. En revanche, les textes ne précisent pas à partir de quelles températures, froides ou chaudes, on peut l'exercer.

Jean-Michel Harvier, secrétaire national du Snes

à franceinfo

S'il décide de l'invoquer, l'enseignant invite les élèves à quitter la classe, mais "continue à les prendre en charge". "C'est ensuite à l'administration de valider si cette décision était pertinente ou pas, poursuit-il. Si elle ne le fait pas, ce sera un combat juridique. Il faut que tout le monde soit raisonnable, souligne Jean-Michel Harvier. Si c'est l'enfer, un enseignant peut se mettre en droit de retrait, il faut le faire, c'est une question de bon sens"

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