: Reportage Canicule : des poissons asphyxiés par centaines dans l'Ain, "économiquement c'est très difficile" pour les pisciculteurs
À la surface de l’étang Mont Rozand, à Marlieux dans l'Ain, il y a près de 500 cadavres de carpes qui flottent. Elles sont mortes lundi 21 août ou mardi 22 août au début de la canicule. Cette région est la première productrice de poissons d'étangs en France, des poissons destinés à la consommation ou à la pêche de loisir. Dans l'Ain, les étangs ont déjà été affaiblis au début de l’été par la sécheresse et là, avec la canicule de la fin août, certains se sont même évaporés.
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Il ne reste par exemple plus qu'un tiers de l'étang Mont Rozand. "Le niveau de l'eau a baissé d'un mètre, un mètre et demi, observe Michel Grange, exploitant et directeur de la coopérative des producteurs de poissons d’étangs de la Dombes. Je pense qu'il ne reste vraiment pas grand-chose dans cet étang, au maximum une tonne de poissons sur les trois tonnes espérées".
Avec les fortes chaleurs, l’eau s’est non seulement en partie évaporée, mais elle s'est aussi réchauffée, ce qui fait diminuer le taux d’oxygène dans l’étang, provoquant l'asphyxie des poissons. Une eau plus chaude est aussi problématique parce que les poissons sont faits pour vivre dans des eaux fraiches.
"lls n'ont pas la capacité de résister à certaines températures. Ils sont en confort jusqu'à 28 degrés, mais dès qu'on passe au-dessus, ils ralentissent leur activité parce qu'ils entrent en résistance et au bout d'un moment, ils meurent quand l'eau est vraiment trop chaude", explique Jules Blanc, conseiller piscicole de l’Association des poissons de la Dombes, l’APPED. L'eau de l'étang Mont Rozand a justement dépassé les 30 degrés dès lundi 21 août.
Au bord de l’étang, le président de l’APPED, Pierre La Roca regarde avec tristesse les carpes mortes. D'après lui, la situation de sécheresse n’est pas nouvelle, mais elle est plus dure cet été : "C'est la première année qu'on a des chaînes complètes de 15 à 20 étangs où il n'y a pas d'eau. Ça n'est jamais arrivé". L’association estime qu’il y a entre 400 et 450 étangs asséchés ou partiellement, sur les 900 mis en eau en 2023. C'est une situation douloureuse pour les exploitants.
"On hésite à continuer cette production qui est une production millénaire"
Michel Grange, de la coopérative des producteurs de poissons d'étangs de la Dombesà franceinfo
"Il y a un risque financier. À notre niveau, on est 17 salariés donc il faut quand même pouvoir fournir la masse salariale. Économiquement, c'est très difficile", juge Michel Grange, exploitant.
La saison de la pêche ne s’ouvrira qu’au mois de septembre. Le poisson est en majorité destiné à la consommation et c'est à ce moment-là que le constat précis des pertes sera fait. Les pêcheurs de la Dombes prévoient une diminution de moitié de leur chiffre d’affaires sur 2023-2024 qui représente habituellement quatre millions d'euros.
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