: Reportage Canicule : "La tâche est immense" à Marseille qui veut se verdir pour s’adapter au réchauffement climatique
Quarante départements sont placés en vigilance orange canicule lundi 12 août, pour la deuxième vague de chaleur de l’été qui frappe de nouveau les Bouches-du-Rhône, l’un des départements les plus exposés au réchauffement climatique. Et pourtant, Marseille a pris beaucoup de retard face à la hausse des températures. La cité phocéenne compte peu de parcs et de verdure dans son centre.
La municipalité de gauche au pouvoir depuis quatre ans s’attelle à reverdir la ville très artificialisée. "Du béton, du béton et encore du béton", peste une Marseillaise sur le Vieux-Port. Très peu d’arbres à l’horizon et quasi aucun espace vert à proximité. "On étouffe, on n’a plus d’ombre, ajoute-t-elle. C’était plein d’arbres et ils ont tout enlevé pour construire."
Un "plan arbres" pour reverdir la ville
À Marseille, 60% des arbres ont même disparu depuis les années 1970 selon Nassera Benmarnia, adjointe en charge des espaces verts et du retour de la nature en ville. "Il y a eu un déni de réchauffement climatique, critique l’élue. On a construit, bétonné à tout-va, au détriment de la nature. La tâche est immense." La mairie a donc lancé un "plan arbres" comme de nombreuses autres villes avec l’ambition de planter plus de 300 000 arbres, arbustes et buissons en six ans.
Elle débute aussi une longue rénovation des rares parcs du centre-ville, dont le parc Longchamp et sa fontaine monumentale. "Il y a quelques mois, c’était de la terre battue, explique sur place Nassera Benmarnia. Nous avons planté sur les deux côtés 3 500 essences méditerranéennes et à peu près 120 arbustes pour pouvoir créer des îlots de fraîcheur." Des travaux qui prendront du temps avant d’avoir un effet : il faut compter entre trois et cinq ans pour qu’un arbre puisse faire assez d’ombre, et jusqu’à 10 ans avant qu’il ne joue pleinement son rôle rafraîchissant.
Verdir les écoles
Des aménagements identiques sont en cours dans certaines des plus de 450 écoles marseillaises. Là aussi, le même objectif : "Dé-bétonner et planter", explique l’adjointe dans la cour de l’école Saint-Louis Gare, dans le XIVe arrondissement de Marseille. Une partie du béton de la cour a laissé place à un carré de terre végétalisée et quelques jeunes arbres.
À chaque fois, la municipalité a choisi des essences capables de résister au climat marseillais de plus en plus chaud et aux arrêtés de sécheresse de plus en plus nombreux, qui contraignent la ville à moins arroser. "Nous utilisons le maximum d’essences méditerranéennes, nous remplaçons la pelouse par du lierre rampant, beaucoup moins consommateur d’eau et les tapis fleuris deviennent des plantes vivaces beaucoup plus résistantes."
"Chaque arbre qui est planté apporte un bénéfice."
Marc Saudreau, chercheur à l’Inraeà franceinfo
La cité phocéenne est désormais sur la bonne voie, à en croire Marc Saudreau, chercheur à l’Inrae qui a participé au projet Cooltrees sur le rafraîchissement des villes grâce aux arbres. "L’effet principal est un effet d’ombrage, on vient limiter, voire annuler l’apport d’énergie du soleil sur les bâtiments et sur les sols, explique-t-il. En plus, les arbres ont la capacité de transpirer, et en transpirant, ils refroidissent leur feuillage et vont donc refroidir la masse d’air. Les arbres permettent à la ville de rester à 40 degrés et de ne pas monter à 50 degrés. Mais en aucun cas, ils vont permettre de baisser la température de 10 ou de 20 degrés. Ce ne sont pas des climatiseurs, ils permettent juste d’éviter la surchauffe."
D’où l’importance de combiner la verdure aux autres mesures pour rafraîchir la ville : peindre les bâtiments en blanc pour moins absorber la chaleur et désartificialiser les sols. Mieux vaut de la terre que du béton qui chauffe davantage et retient plus longtemps la chaleur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.