Cet article date de plus de cinq ans.

AVANT/APRES. Erosion du littoral, fonte des glaciers... Découvrez en images comment le réchauffement climatique bouleverse le paysage français

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'érosion de la côte à Tardinghen (Pas-de-Calais). (GOOGLE EARTH)

A l'aide d'images satellites, il est possible de visualiser comment le paysage français a évolué en seulement quelques années.

Regardez par la fenêtre. Si vous avez la chance de voir un paysage, celui-ci s'est peut-être déjà transformé à cause du réchauffement climatique"On observe moins de paysages enneigés, la région méditerranéenne est de plus en plus sèche, certains types de végétation migrent vers le Nord, il y a de l'érosion côtière", énumère Olivier Boucher, climatologue et directeur de recherche au CNRS, à franceinfo.

Pour voir concrètement cette évolution, nous avons comparé des images satellites de lieux particulièrement exposés à ce changement climatique. Du littoral atlantique aux glaciers des Alpes, le panorama français a parfois été bouleversé en seulement quelques années. Pour constater les modifications, il vous suffit de déplacer le curseur présent sur les photos que nous avons choisies. Pour les photos du littoral, il faut regarder comment le trait de côte, qui dessine la frontière entre la mer et la terre, a avancé. Pour les glaciers, nous avons veillé à comparer des situations à des saisons similaires.  

Sur la côte d'Opale

Entre le cap Gris-Nez et le cap Blanc-Nez, les habitants de la baie de Wissant (Pas-de-Calais) voient se rapprocher le trait de côte de plus en plus près de leurs maisons. En 2018, seulement 47 mètres séparent encore les logements d’une mer à marée haute, note La Voix du Nord (article abonnés). Et pour cause, chaque année, la plage perd près de 60 000 m3 de sable dans la baie, selon une étude des scientifiques du Cosaco, qui s'occupent de mettre en place des stratégies d'adaptation au changement climatique en côte d'Opale. Un projet de réensablement massif de la partie centrale de la baie de Wissant doit débuter à l'été 2020 pour éviter le risque de submersion marine.

"Les vagues et les tempêtes ont d’autant plus d’effets sur les côtes que le niveau de la mer augmente, explique Olivier Boucher à franceinfo. Des aménagements du littoral peuvent aussi modifier les courants et l'érosion à l'échelle locale, mais l'effet du changement climatique est bien réel."

Quelques kilomètres plus à l'Ouest, à Tardinghen (Pas-de-Calais), la situation est la même. Depuis les années 1980, l'érosion est de plus en plus importante. Après une nouvelle tempête en février 2018, plusieurs éboulements ont eu lieu sur la commune et certains habitants ont dû protéger leurs habitations avec des bottes de paille, rappelle La Voix du Nord (article abonnés). Sur ces photos, on constate bien l'avancée de la plage.

Sur la côte atlantique

En Gironde, un immeuble est devenu le symbole de l'érosion des côtes françaises : Le Signal, situé tout près de la mer à Soulac-sur-Mer (Gironde). L'édifice a dû être évacué en 2014 pour éviter tout risque pour ses habitants. Les 78 copropriétaires ont une semaine pour quitter les lieux. Sans contrepartie financière. En 1978, Jean-José Guichet avait acheté un appartement dans cet immeuble, situé alors à 250 mètres de la mer. L'eau est aujourd'hui aux pieds du rez-de-chaussée. L'érosion, "on n'en parlait pas du tout", témoigne-t-il dans "Envoyé spécial".

Ces images satellites montrent comment la dune a été grignotée en à peine dix ans : le trait de côte se situe désormais au pied du Signal, le grand bâtiment rectangulaire sur les photos.

Toute la commune de Soulac-sur-Mer est concernée par la problématique de l'érosion rapide des côtes. Chaque année, le littoral aquitain recule de 2 mètres, et ce retrait va en s'accélérant, précise "Envoyé spécial". Certains lotissements ont ainsi dû installer une digue pour éviter que l'érosion atteigne leur habitation.

Dans les Alpes

Les côtes françaises ne sont pas les seules régions à se transformer sous l'effet du réchauffement climatique. Le plus grand glacier de France perd aussi de sa superbe. La mer de Glace, près de Chamonix (Haute-Savoie), a diminué de 80 mètres d'épaisseur dans sa partie basse et reculé de 700 m en vingt ans. Et elle devrait encore perdre 1,2 km d'ici à 2040, selon les estimations du laboratoire de glaciologie de Grenoble. "La fonte des glaciers est très sensible au nombre de jours où la température est au-dessus de zéro et ceux-ci augmentent", précise Olivier Boucher à franceinfo. Sur ces images, on voit que la "langue" de la mer de Glace a beaucoup "maigri" entre 2009 et 2017.

Le glacier Blanc devient lui aussi de plus en plus gris... et vert ! Sa "langue " glacière a reculé de 137 mètres en 2018, estime le parc national des Ecrins, laissant la place à la pierre et à des plantes, comme le trèfle des rochers. Six nouvelles balises viennent d'être ajoutées pour suivre d'encore plus près l'évolution du glacier le plus méridional des Alpes.

Dans les Pyrénées

Serez-vous les derniers à avoir connu des glaciers dans les Pyrénées ? Entre 2001 et 2016, leur superficie est passée de 5 km2 à 3 km2. Pire, ils risquent de disparaître d'ici à 2050, selon Pierre René, fondateur de Moraine, l'Association pyrénéenne de glaciologie, qui les mesure chaque année depuis quinze ans. Et le glacier d'Ossoue est particulièrement exposé. "C’est un glacier très vulnérable, car il est au Soleil toute la journée, il est parmi ceux qui fondent le plus vite", explique Pierre René à 20 Minutes. En dix ans, l'épaisseur de la couche de glace s'est amenuisée. 

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.