Bienvenue à Longyearbyen, la ville norvégienne dans laquelle il est illégal de mourir
Slate consacre un article à cette commune, la plus septentrionale du monde, située dans l'archipel du Svalbard et dans laquelle les personnes sur le point de mourir sont envoyées sur le continent.
La devise de la ville de Longyearbyen, la capitale de l'archipel du Svalbard, au nord de la Norvège, est "unique, sûre et créative". Des adjectifs qu'elle porte plutôt bien. En effet, les lois de cette commune de 2 144 habitants, selon un recensement de 2015, sont pour le moins originales. Il y est notamment interdit de mourir, rapporte un article du Daily Mail (lien en anglais) repris par Slate.fr, dimanche 11 mars.
Si les touristes sont les bienvenus, "les chats sont interdits pour préserver les volatiles de la région, il est obligatoire d'enlever ses chaussures avant d'entrer dans le moindre bâtiment, et l'alcool est rationné", liste le site français. La ville, qui n'accepte pas de nouveaux administrés, chasse également les personnes qui perdent leur emploi. "Pour les autorités locales, au vu des conditions de vie extrêmement délicates sur place, il est fondamental que chaque personne soit capable de subvenir à ses propres besoins", explique encore Slate. Quant à l'interdiction la plus étrange – celle de mourir –, elle s'explique par une troublante raison climatique.
Ici, les corps ne se décomposent pas
Située tout près du pôle Nord, Longyearbyen est la capitale administrative la plus septentrionale du monde. Les températures y sont la plupart du temps négatives. Résultat : les cadavres ne se décomposent pas dans le sol, gelé en permanence. Pour cette raison, la mairie a interdit à ses administrés de mourir dans la ville dès les années 1950. Signe du bien-fondé de cette curieuse requête : des scientifiques, qui ont étudié, en 1998, les corps de personnes emportées par une puissante grippe en 1918 et enterrées dans le cimetière communal, ont retrouvé des particules du virus, lequel avait survécu dans les corps congelés, raconte Slate. Cette mission, menée par une géographe médicale canadienne du nom de Kirsty Duncan, avait pour objectif de prélever des extraits de grippe espagnole, afin de les étudier et de prévenir d'éventuelles nouvelles épidémies, racontait en 2015 le post de blog (en anglais) d'une journaliste de Wired et de Slate, hébergé par le site de National Geographic.
Toujours selon le site, "les personnes en phase terminale sont automatiquement transférées jusqu'à Oslo", la capitale norvégienne, à 2 000 km de là. "La ville ne possède aucune maison de retraite et aucun service de gériatrie", poursuit le site, ajoutant qu'il est toutefois possible pour les résidents de faire transférer leurs cendres au cimetière de Longyearbyen. Les naissances, elles, ne sont guère possibles non plus : "En raison de l'absence d'hôpital, les femmes enceintes sont transférées sur le continent des semaines avant le terme annoncé de leur grossesse et elles ne reviennent dans la ville que des semaines après la naissance, une fois la santé de leur enfant stabilisée", écrit Slate.
Reste à savoir si le réchauffement n'aura pas raison de la particularité de la commune. En 2016, le climatologue Ketil Isaksen, du Norwegian Meterological Institute, a tiré la sonnette d'alarme sur le réchauffement rapide de la région. En janvier 2017, il tweetait un graphique témoignant du réchauffement du permafrost. De 1999 à 2016, la température du sol à la surface est passée de -5°C à -2°C.
Extreme #permafrost warming on #Svalbard pic.twitter.com/7KNOUCUGHl
— Ketil Isaksen (@Ketil_Isaksen) 24 janvier 2017
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