Si le réchauffement climatique était un film, la météo en serait l'une de ses scènes. En France, la température a déjà grimpé de 1,9°C en moyenne dans la décennie 2013-2022, par rapport à l'ère préindustrielle, selon le Haut conseil pour le climat. Ce phénomène résulte des émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines. Et la hausse pourrait atteindre +3,8°C d'ici à 2100, dans le cas d'un scénario dit "modéré", qui correspond aux politiques publiques actuelles.
Pour remettre la météo quotidienne dans ce contexte d'un climat qui change vite et fortement, franceinfo vous propose un tableau de bord inédit, mis à jour en collaboration avec Météo-France. Chaque jour, vous pouvez consulter l'écart de la température moyenne en France hexagonale et dans les outre-mer avec celle de la période 1971-2000*. L'indicateur national ci-dessus est calculé à l'aide des références officielles établies par Météo-France à partir de 30 stations représentatives du climat de l'Hexagone et de la Corse, les territoires d'outre-mer ayant un climat différent, exploré plus bas.
Pour faire la même comparaison dans les outre-mer, franceinfo a sélectionné une dizaine de stations représentatives du climat de ces territoires, à la Réunion, en Guadeloupe, en Martinique, à Mayotte, en Guyane, en Polynésie ou encore en Nouvelle-Calédonie... La hausse des températures d'origine humaine y est souvent moins forte, car le réchauffement est généralement plus important dans les zones continentales, selon le Giec. Ces territoires, pour la plupart insulaires, sont davantage "exposés aux vents alizés qui vont ventiler et rafraichir les températures", explique Ali Belmadani, climatologue spécialiste des outre-mer à Météo-France. "Dans les outre-mer, le réchauffement n'est pas éloigné de la moyenne mondiale, alors que l'Hexagone, comme le reste de l'Europe de l'Ouest, subit un réchauffement nettement plus fort", ajoute-t-il. En revanche, la chaleur s'y conjugue souvent avec l'humidité et les températures ressenties sont plus importantes. "Une température maximale à 30°C en Martinique est ressentie comme un 35°C-40°C sous un climat plus sec", décrit Ali Belmadani.
Ces territoires sont par ailleurs dispersés à travers le globe et subissent de manière différente le changement climatique. Le réchauffement est, par exemple, plus fort dans l'hémisphère nord et plus lent que la moyenne mondiale dans certaines zones océaniques, telles que l'océan Austral, le Pacifique Sud ou l'Atlantique Nord, précise le Giec. Enfin, au-delà de la hausse des températures, ces territoires ultra-marins subissent une conjonction d'aléas climatiques : montée des eaux, cyclones, fortes précipitations, sécheresses, glissements de terrain ou encore feux de végétation.
Un climat qui se réchauffe se caractérise par un excès de jours anormalement chauds et un déficit de jours anormalement froids. Désormais, une grande majorité des journées sont plus chaudes, voire beaucoup plus chaudes, que celles observées en France il y a une ou deux générations à peine. Ces dix dernières années, les températures ont été plus chaudes les deux tiers du temps (255 jours sur 365 en moyenne). L'année 2022 constitue un record, avec plus de 80% de journées plus chaudes par rapport aux températures de référence sur la période 1971-2000. Franceinfo vous propose de visualiser ce phénomène, de plus en plus fréquent, sur les 365 derniers jours.
Ces dernières décennies, les écarts de températures se sont accentués à la hausse dans notre pays. C'est ce que montrent les "warming stripes", ces graphiques en bandes colorées, mis au point par le climatologue anglais Ed Hawkins, et que franceinfo a adaptés pour la France. En bleu, sont représentées les années plus froides que la référence 1971-2000 ; en rouge, les années plus chaudes. La frise de 1971 à 2022 montre clairement un climat qui se réchauffe au niveau national et dans toutes les régions. De quoi porter un regard plus éclairé – mais aussi plus alarmant – sur la météo que nous consultons tous les jours.
*Méthodologie
Pourquoi avoir choisi la période 1971-2000 comme période de référence pour calculer les écarts de températures ?
Pour jauger les fluctuations de températures, les climatologues et les météorologues les comparent à des moyennes de référence. Ces moyennes sont communément appelées "normales de saison" et correspondent à des statistiques calculées sur des périodes traditionnellement de trente années. Le choix a été fait de retenir la période 1971-2000, car il s'agit d'une période au cours de laquelle l'influence humaine sur le climat a déjà commencé mais pouvait encore être "masquée" par les fluctuations spontanées du climat. C'est à partir des années 2000 que les effets de l'influence humaine se révèlent partout et à toutes les saisons.
Comment les températures affichées ont-elles été mesurées ?
Les valeurs du jour, actualisées quotidiennement, sont basées sur des prévisions produites par Météo-France. Cette utilisation de températures prévues peut impliquer des différences avec les températures moyennes réellement mesurées a posteriori. Mais ces écarts sont suffisamment faibles pour pouvoir se fier aux prévisions. Seules les températures observées sont ensuite conservées dans l'historique des relevés. Pour les territoires d'outre-mer, les températures du jour sont issues des données brutes des modèles de prévision de Météo-France. Elles n'ont pas été expertisées par des météorologues.
Quelles sont les 30 stations représentées sur la carte de l'Hexagone et de la Corse ?
Il s'agit des stations utilisées par Météo-France pour le calcul de la température moyenne en France hexagonale et en Corse (aussi appelée indicateur thermique national). Elles sont réparties de manière homogènes afin de refléter le climat de l'Hexagone et de la Corse. On ne peut toutefois pas généraliser la température quotidienne d'une station à la région qui l'entoure.
Quelles sont les stations représentées dans les outre-mer ?
Nous avons généralement sélectionné la station qui offrait le plus de recul et de qualité de données, dans les territoires où celles-ci étaient disponibles. En Guyane, deux stations sont visibles afin de représenter les deux climats différents qui y règnent : l'un sur les littoraux, l'autre à l'intérieur des terres dans la forêt amazonienne.
Pourquoi les températures n'ont-elles pas les mêmes couleurs sur tous les graphiques ?
L'échelle colorimétrique des graphiques varie selon les données qu'ils représentent, dans le but de distinguer les valeurs en tenant compte de leur distribution et de l'amplitude de leurs variations. Pour cette raison, les bornes des couleurs les plus foncées sont différentes entre la carte de l'Hexagone et celle des outre-mer : [-7°C ; +7°C] pour l'Hexagone, [-4°C; +4°C] pour l'outre-mer. Pour les "warming stripes", l'intervalle en degrés de la palette de couleurs – du bleu vers le rouge – est propre à chaque station.
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