: Infographies Visualisez la vague de chaleur "totalement inédite" qui touche la France depuis mi-octobre
Cet épisode exceptionnellement tardif est également remarquable par sa durée. Des températures anormalement élevées devraient encore être observées jusqu'à la fin du mois.
"Inédite", "exceptionnelle", tels sont les qualificatifs utilisés par Météo France pour parler de la vague de chaleur tardive qui touche l'Hexagone en cette fin de mois d'octobre. Sur l'ensemble du territoire, les températures dépassent largement les normales de saison. Des pointes supérieures à 30°C ont été relevées localement dans le Sud durant la deuxième quinzaine du mois. Le signal très clair de l'emballement du changement climatique, soulignent les experts.
Le phénomène en cours n'est pas un pic de chaleur mais une "vague de chaleur", souligne auprès de franceinfo Christine Berne, climatologue à Météo France. Un "pic" ne dure que trois jours environ. En revanche, on parle de "vague" quand des températures nettement supérieures à la normale (4 à 5 degrés) s'installent durablement et concernent une large zone géographique, ce qui est le cas en ce moment. Voici quatre infographies pour mieux comprendre la situation.
1Des températures largement au-dessus des normales pour la période
Prenons les prévisions de Météo France pour le jeudi 27 octobre : 28°C sont attendus à Tarbes (Hautes-Pyrénées), 25°C à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), Bordeaux (Gironde), Marseille (Bouches-du-Rhône) et Ajaccio (Corse du Sud), 24°C à Toulouse (Haute-Garonne), Lyon (Rhône), Tours (Indre-et-Loire) ou encore Bourges (Cher). Plus au nord, 21°C sont prévus à Paris, 20°C à Strasbourg (Bas-Rhin), 19°C à Lille (Nord) ou encore 18°C à Brest (Finistère).
Des températures largement supérieures aux normales de saison. "A l'échelle de la France, nous avons des températures durablement et nettement au-dessus de la normale", remarque Christine Berne. "C'est plus 4 ou 5 degrés selon les jours et c'est vraiment partout", insiste-t-elle.
Quel phénomène permet d'expliquer ces températures élevées ? "Nous ne sommes finalement pas si loin de l'Afrique du Nord et nous bénéficions d'une poussée d'air chaud nord-africain", expose la climatologue. Ce phénomène, parfois appelé "plume de chaleur", est à l'origine des vagues de chaleur intenses de l'été 2022. "Ce n'est pas nouveau, mais ce qui est inédit, c'est la durée et la saison."
2Une fin octobre hors norme
A y regarder de plus près, les températures sont très hautes depuis le 15 octobre. Cet épisode est "exceptionnellement tardif", souligne Christine Berne. "Dans l'histoire, nous avons, bien entendu, déjà connu des vagues de chaleur à l'automne, en septembre et en octobre, mais elles étaient généralement plus courtes et pas aussi tardives". Là, elle le sera encore davantage puisqu'"elle va vraisemblablement encore durer jusqu'à la fin du mois", ajoute la spécialiste.
La climatologue attire l'attention sur l'indicateur thermique national, c'est-à-dire la température moyenne enregistrée dans 30 stations météorologiques réparties sur l'ensemble du territoire hexagonal. Cet indicateur est "au-dessus de 17,5°C depuis le 15 octobre. Cela fait dix jours que l'on est entre 17,5°C et 19°C. "C'est totalement inédit", souligne Christine Berne. Le graphique ci-dessous montre que ce mois-ci, pour l'instant, il n'y a eu que deux jours où l'indicateur n'a pas dépassé les normales de saison. Surtout, depuis le 16 octobre, l'indicateur thermique national est largement au-dessus de la normale (entre +4,9°C et +6,1°C).
Le mois d'octobre n'est pas encore terminé mais tout porte à croire qu'il sera le plus chaud jamais enregistré depuis le début des relevés en France. La climatologue se dit "frappée" par l'amplitude avec laquelle le mois d'octobre 2022 va battre le précédent record, sans doute bien au-delà des variations de quelques dixièmes de degrés qui peuvent être habituellement observées.
"Potentiellement, on sera peut-être un degré au-dessus du mois d'octobre 2001, qui est notre premier rang actuel. Pour moi, c'est un signal de l'emballement du changement climatique."
Christine Berne, climatologue à Météo Franceà franceinfo
3Le thermomètre au plus haut dans le Sud-Ouest
Si le phénomène touche l'ensemble de l'Hexagone, il se fait particulièrement sentir dans le Sud, et plus particulièrement le Sud-Ouest. Pour Toulouse, Bordeaux, Agen ou encore Tarbes, "nous n'avons jamais eu de jours de températures maximales aussi élevées sur des périodes aussi longues", assure Christine Berne. Pour cette période, "à Toulouse, il n'avait jamais été relevé plus de trois jours de suite avec une température maximale à 25°C". Or depuis mi-octobre, "nous sommes quasiment non-stop à plus de 25 degrés, avec presque 30°C dimanche 23 octobre". Comme le montre l'infographie qui suit, onze jours sont au moins à +5°C par rapport à la moyenne de la température maximale relevée dans la Ville rose le même jour entre 1991 et 2020.
4L'année 2022 en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée en France
Les données ne livreront une réponse définitive qu'en janvier 2023, mais l'année 2022 est bien partie pour intégrer le podium des années les plus chaudes en France. A moins que les mois de novembre et décembre ne soient particulièrement froids. Une chose est certaine : en faisant un bilan provisoire, au regard des températures entre le 1er janvier et le 24 octobre, l'année 2022 est bien, pour le moment, l'année la plus chaude jamais enregistrée dans le pays.
Entre les multiples vagues de chaleur, parfois longues et intenses, précoces ou tardives, la sécheresse exceptionnelle et les violents incendies, Christine Berne estime que "l'année 2022 est vraiment une année symptomatique" qui présente "le panel de tout ce qui peut potentiellement être notre quotidien à terme".
La situation exceptionnelle de cette année "pourrait être la norme au cours du siècle", abonde Joël Guiot, climatologue au CNRS. Le réchauffement climatique actuel, lié aux activités humaines, s'annonce d'ailleurs pire que prévu en France, ont prévenu des chercheurs de Météo France et du CNRS. En 2100, la hausse de la température moyenne en France hexagonale risque d'atteindre 3,8°C, soit un réchauffement potentiellement beaucoup plus important que prévu.
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