La banquise de l'Arctique pourrait disparaître d'ici quatre ans
La
banquise de l'Arctique est en danger. Selon Peter
Wadhams , spécialiste en physique de l'océan polaire de
l'Université de Cambridge, elle pourrait disparaître d'ici 2016 à
cause du réchauffement climatique. "Au début, ce recul de
la glace de mer se faisait à un rythme suggérant que la banquise tiendrait
encore cinquante ans ou plus. Mais depuis quelques années, le recul s'est
accéléré " assure le scientifique, qui ajoute :
"On se dirige vers un
effondrement, qui devrait survenir en 2015 ou 2016, et qui verra l'Arctique
libre de glace durant les mois d'août et de septembre. C'est une catastrophe
mondiale ".
Ce constat
alarmant vient compléter les thèses de la National
Snow and Ice Data Center (NSIDC) qui a indiqué jeudi qu'en l'espace de
30 ans, la surface de la banquise s'est réduite de manière drastique, pour
atteindre son niveau historique le plus bas le 16 septembre dernier. A présent, la
banquise ne fait plus que 3,4 millions de kilomètres carré.
"Nous sommes désormais en territoire inconnu ", estime le
directeur du NSIDC, Mark Serreze. "Alors que nous savons depuis
longtemps que la planète se réchauffe et que les changements les plus prononcés
sont tout d'abord observés dans l'Arctique, peu parmi nous s'attendaient à ce
qu'ils soient aussi rapides " ajoute l'expert au Guardian.
Selon les chercheurs au NSIDC, le pôle nord pourrait être libéré des glaces avant 2050 et on pourrait traverser l'océan Arctique en bateau en août d'ici 20 ans.
Les
études du centre américain montrent également que la banquise ne rétrécit pas
seulement en superficie, mais aussi en volume. "L'accélération de la fonte à la fin de l'été
2012, indique combien la couverture de la glace est fine " relève Walt
Meier, un chercheur du NSDIC dans le Colorado.
L'Arctique étant de
plus en plus formé par des glaces saisonnières moins épaisses, elles fondent
plus rapidement durant l'été. Selon les dernières
estimations, la banquise aurait perdu 40% de son épaisseur depuis les années
1980.
Un effet domino
La fonte
totale de l'Arctique n'aura pas que des incidences sur le niveau de la mer,
mais pourrait également provoquer d'importants dérèglements climatiques dans le
monde entier. Pour Julienne Stroece, une scientifique du
NSIDC, la fonte de "la glace de mer" joue un rôle clé dans le changement
climatique, et elle conduit "au réchauffement inhabituel de l'atmosphère Arctique, qui à son tour peut avoir des impacts climatiques dans l'hémisphère Nord, entrainant des conditions météorologiques extrêmes tels que des
sécheresses, des vagues de chaleurs ou bien des inondations ".
La banquise est notamment connue pour jouer un
rôle important dans la régulation du climat, agissant comme une sorte de miroir
qui reflète une grande partie de l'énergie du soleil, elle contribue ainsi à
refroidir la planète.
Une aubaine pour exploiter les
hydrocarbures
Face à ce
constat du centre américain, les organisations environnementales tirent la sonnette
d'alarme, et parlent d'un "tournant dans l'histoire de l'humanité ".
Le seul avantage de cette situation est industriel : la fonte de la calotte glaciaire permettrait aux entreprises pétrolières, gazières et minières d'exploiter enfin les immenses ressources d'hydrocarbures que l'Arctique renferme. Le groupe pétrolier Shell a du reste déjà commencé la conquête du Grand Nord.
Mais pour un expert du WWF britannique, Rod Downie : "C'est une autre preuve que la
poursuite d'hydrocarbures dans l'Arctique par Shell est irresponsable. Il est complètement
inconscient de forer du pétrole dans un environnement aussi fragile ".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.