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"On voit des petits, des grands emballages" : le lac Léman en Suisse est proportionnellement aussi pollué que la Méditerranée

Une association tente de mesurer la pollution du lac suisse alors que les données sont moins fournies pour ces plans d'eau. 

Article rédigé par franceinfo - Jérémie Lanche, Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le jet d’eau à Genève sur le lac Léman.  (STÉPHANE MILHOMME / FRANCE-INFO)

En plein épisode de canicule, rien de tel qu'un bain dans un lac pour se rafraîchir, mais attention à ne pas boire la tasse ! En Suisse, des chercheurs ont voulu savoir à quel point les plastiques ont pollué le lac Léman. La réponse est sans appel : ils ont retrouvé au moins 14 millions de particules de plastique de moins de 20 centimètres en train de flotter sur le plus grand lac d'Europe. C'est à peu près autant, en proportion, qu'en Méditerranée.

129 grammes de plastique par km² à la surface

Pascal Hagmann l'admet : impossible de dire si le Léman est propre ou non. Le directeur de l'association Oceaneye assure qu'"il n'y a pas de normes qui dit 'à telle valeur on passe dans une eau trop polluée, il faut agir et dans une valeur inférieure on est dans une zone tolérable'. En terme de pollution plastique, on ne sait pas ce que c'est un lac propre".

En revanche, Pascal Hagmann sait qu'en surface du lac Léman, on retrouve 129 grammes de plastique par kilomètres carré. Ce chiffre est comparable à la pollution constatée en Méditerranée. "Parmi les polymères qui flottent, il y en a principalement deux : c'est du polyéthylène et du polypropylène. Il s'agit de deux plastiques qui sont plus légers que l'eau donc ils vont flotter, les autres ont plutôt tendance à couler", comme le PET, le label plastique durable, explique-t-il. Pour mesurer la pollution, son association a fait un échantillonnage sur une gamme de taille qui va de un millimètre à 200 millimètres. "C'est possible qu'il y a ait des objets qui soient plus petits, qu'on n'a pas attrapé, mais il peut y avoir aussi des objets plus gros". 

Un filet pour pécher les déchets 

Dans son bateau, le directeur de l'association Oceaneye se sert d'un filet qui va servir à capturer les déchets plastiques. "On l'appelle le 'Manta Trawl' parce qu'il a une forme de raie manta. C'est une armature métallique avec des flotteurs qui lui permettent d'être maintenu à la surface, sur lequel est monté un filet à plancton. Tout ce qui rentre dedans, on va le récupérer au bout du filet". 

Après une demi-heure à naviguer, l'échantillon est prêt. Gaël Potter, le responsable scientifique de l'association tire le filet hors de l'eau : "On voit déjà qu'il y a des emballages petits, des grands. On voit un cellophane. Il y a des emballages presque entiers. C'est un échantillon qui est bien chargé", conclut-il. 

L'un des échantillons de plastique collectés sur le lac Léman.  (JEREMIE LANCHE/RADIOFRANCE)

Une pollution venue, en partie, du Rhône 

L'origine des débris récoltés n'est connue que pour 20% d'entre eux. Cependant, on sait que beaucoup de résidus de textiles synthétiques sont amenés par les eaux usées, voire même par le Rhône, en amont et en aval du Léman. "On a fait aussi des mesures au niveau du Rhône, et on se rend compte qu'on retrouve ces mêmes particules dans des concentrations plus ou moins équivalentes", précise Pascal Hagmann. La pollution plastique des fleuves et des lacs de montagne se retrouvera un jour ou l'autre dans la mer. 

Si on ajoute à ça le débit du Rhône, on peut imaginer plusieurs tonnes, voire des dizaines de tonnes, qui seraient évacuées chaque année et qui arriveraient en Méditerranée

Pascal Hagmann

à franceinfo

Si les conséquences dramatiques de la pollution plastique pour la faune sous-marine sont relativement bien connues, peu d'études existent pour les lacs. L'association Oceaneye va continuer ses relevés pendant tout l'été pour dresser la cartographie la plus complète jamais réalisée de la pollution plastique du Léman.

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