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Pollution de l'océan: comment Marseille tente de relever le défi

Des solutions existent pour mieux traiter nos eaux usées mais elles ne sont pas toujours faciles à mettre en place. Marseille tente par exemple de réduire les rejets dans les calanques. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Pollution marine, illustration. (FOTOLIA)

Les Nations Unies lancent un nouvel appel à agir pour préserver l'océan de la pollution. Véritable climatiseur de notre planète, l'océan fait aussi vivre plus de 37% de la population mondiale. Pourtant, aujourd'hui, il est victime du réchauffement climatique et de nos rejets industriels ou domestiques. Des solutions existent pour mieux traiter nos eaux usées même si elles ne sont pas toujours facile à mettre en place. A Marseille, la station d'épuration tente de se mettre aux normes.

Cortiou était une cause perdue il y a 30 ans

Didier Réaut, président du Parc national des calanques

à franceinfo

Malgré le cadre idyllique des eaux bleues et des falaises blanches de la calanque de Cortiou, deux conduits débouchent dans la mer en rejetant les eaux usées de la ville de Marseille. Le site est en plein cœur du parc national. "Le parc national a été créé pour régler des problèmes ; et ces problèmes existaient bien avant le parc national : rejets en mer, stations d'épuration... Cortiou était une cause perdue il y a 30 ans, lorsqu'il n'y avait pas de stations d'épuration pour la métropole marseillaise. Mais aujourd'hui, c'est une renaissance que nous visons. Grâce à une qualité d'eau correcte, satisfaisante, aujourd'hui nous sommes en capacité de restaurer des fonds marins", explique Didier Réaut, le président du parc.

Mais avant que les algues et les poissons ne reviennent dans cette calanque, il a fallu améliorer la station d'épuration de la ville, à l'autre bout du conduit, huit kilomètres plus loin, sous le stade Vélodrome. C'est le cœur de l'usine de traitement des eaux usées de Marseille et de dix-sept communes environnantes. "On est dans la partie qui traite l'eau qui va sortir de votre évier, de votre douche, ce qui va sortir aussi des industriels. Toute cette eau est collectée, amenée ici pour être traitée", décrit Yves Fagherazzi, le directeur général de la SEERAM, qui gère les eaux usées. "En fait, on ne fait dans une station d'épuration que ce que ferait la nature toute seule. Sauf que, comme on a des effluents qui sont très concentrés, la capacité de la nature à faire toute seule n'est pas suffisante, donc on l'aide, on la renvoie en milieu naturel. On sait que le milieu naturel à ce niveau-là, il saura finir le job.

Des traitements en progrès, mais encore à améliorer

Construite en 1986, la station s'est améliorée en 2008, avec de nouveaux traitements. Mais, même si elle peut gérer 325 000 m3 d'eau par jour, quand il pleut fort à Marseille, ça déborde. Yves Fagherazzi l'avoue : "Effectivement, en temps de pluie, jusqu'à présent on prenait sur la station tout ce qu'on pouvait, et ce qu'on ne pouvait pas, on l'envoyait à Cortiou, sans traitement.

En temps de pluie, il y a des moments où on dépasse la capacité de la station.

Yves Fagherazzi, le directeur général de la SEERAM

à franceinfo

La pluie emporte avec elle tout dans les égouts et certains déchets deviennent encore plus durs à gérer, explique Marc du Rostu, de la SEERAM : "La boîte de boisson, c'est ce qu'il y a de pire. Une lingette c'est absolument redoutable, parce que c'est comme un élastique. Elle va se prendre n'importe où, vous tirez dessus ça ne se déchire pas, ça peut bloquer une pompe. Les mégots qui sont jetés dans le caniveau, ça vous fait des ballons de foot."

Pour absorber une partie des eaux de pluie, la ville a passé un contrat de 54 millions d'euros avec Suez pour construire un bassin de rétention de 50 000 m3, sous le stade Ganay, à quelques encablures de la station d'épuration. "L'idée, c'est de capter un maximum d'eau lors des évènements pluvieux pour limiter l'impact sur les calanques", précise Marc du Rostu.

Ce bassin ne réglera que la moitié du problème. Mais sur les 21 plages de la ville, la situation va s'améliorer, promet Monique Daubet, chargée de la qualité des eaux de baignade à la mairie : "On en a 18 qui sont excellentes, mais il faut encore beaucoup œuvrer pour améliorer cette qualité". La priorité est d'éliminer les bactéries pour permettre la baignade. L'an dernier, certaines plages du centre-ville ont dû fermer 19 jours en plein saison touristique. La pollution plastique et chimique est aussi un véritable fléau en Méditerranée, avec plus de neuf millions et demi de tonnes déversées chaque année.
 

Le reportage à Marseille d'Anne-Laure Barral
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