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Sortie des États-Unis de l'Accord sur le climat : "Les gens comme Trump vivent en 1950"

Pour la sociologue Marie-Cécile Naves, Donald Trump "ne comprend pas le monde dans lequel on est aujourd'hui, il ne voit pas les enjeux à long terme, y compris économiques" de la lutte contre le réchauffement climatique.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump le 1 juin 2017 dans le jardin de la Maison Blanche à Washington (États-Unis).  (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi son intention de faire sortir les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat. Pour Marie-Cécile Naves, sociologue chercheuse à l’IRIS, Donald Trump prend cette décision pour des raisons de stratégie de politique intérieure.

Peut-on dire que Donald Trump était dans une posture de l'Amérique contre le reste du monde ?

Marie-Cécile Naves : Oui, il s'est fait élire sur une posture, une idéologie "seul contre tous". Là, il revient d'un long voyage qui ne s'est pas très bien passé en Europe pour lui, comme on pouvait s'y attendre. Donc il veut revenir à cette idée "je suis seul contre tous, il y a un complot contre moi, je vais faire absolument de l'anti-Obama". On s'y attendait, on avait des signaux importants avec la remise en cause du Clean Power Plan de 2015 d'Obama, avec la relance de la construction de l'oléoduc, avec la baisse dans le budget fédéral de l'aide au développement international. 

Pour moi, c'est une politique très autoritariste, très viriliste, "je tape du poing sur la table" en raisonnant à court terme.

Marie-Cécile Naves, sociologue

à franceinfo

Les gens comme Trump vivent en 1950, ils ne comprennent pas le monde dans lequel on est aujourd'hui, ils ne voient pas les enjeux à long terme, y compris économiques. Le monde économique, le monde bancaire, a très bien compris les enjeux en terme économique et financier sur le long terme sur l'emploi.

Donald Trump s'est-il adressé d'abord aux gens qui lui avaient permis de gagner les élections ?

Il a envoyé des messages aux habitants de la Pennsylvanie, du Michigan, qui ont effectivement fait basculer l'élection en sa faveur. Mais plus que jamais, l'Amérique est profondément divisée. Non seulement entre les électeurs de Donald Trump et ceux qui n'ont pas voté pour lui, mais il va avoir aussi contre lui une très grande partie du monde économique, probablement plusieurs États fédérés (New-York, Californie), qui ont dit qu'ils allaient continuer à s'engager en faveur du climat. 

Il est à la tête d'un pays qui va être profondément clivé, avec une forte opposition contre lui, et un isolement croissant sur la scène internationale.

Marie-Cécile Naves, sociologue

à franceinfo

A-t-on assisté à la rupture la plus forte et la plus symbolique par rapport à la présidence Obama ?

Oui, sans doute jusqu'ici, mais ça ne fait que cinq mois qu'il est au pouvoir. Et c'est très volontaire de sa part. Pendant les huit années de son mandat, Obama a été qualifié par l'opposition républicaine de président faible, qui négocie trop, qui ne met pas assez en avant les intérêts de l'Amérique, et qui n'est pas assez autoritaire. Trump s'inscrit en porte-à-faux par rapport à ça. Peu importe l'intérêt général des États-Unis, et d'ailleurs lui-même n'a pas forcément de convictions climato-sceptiques. Il est confronté au changement climatique avec ses propriétés notamment en Floride avec la montée des eaux, il le sait très bien. Mais il prend cette décision pour des raisons de stratégie de politique intérieure, pour se mettre dans la poche les ultraconservateurs à très court terme, et une partie de l'électorat dans l'industrie du charbon.

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