Témoignages "L'herbe dans les champs était quasiment de l'eau" : en Loire-Atlantique, l'inquiétude des agriculteurs face aux intempéries à répétition

Les gros orages et les pluies ont de lourdes conséquences sur les agriculteurs et leurs bêtes. La Confédération paysanne réclame une aide spécifique à la préfecture.
Article rédigé par Camille Marigaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des génisses dans un champ, le 29 février 2021 à Yssingeaux (Haute-Loire). (YVES SALVAT / MAXPPP)

Plusieurs départements ont connu des pluies presque en continu ces derniers mois, avec des conséquences importantes pour les agriculteurs, qui avaient déjà connu un été 2022 de sécheresse. En Loire-Atlantique par exemple, la Confédération paysanne a envoyé un courrier à la préfecture pour l'alerter sur la situation. Le syndicat réclame notamment un financement spécifique pour les achats de fourrages, qui ont dû être faits par ces éleveurs.

La situation est particulièrement critique dans les marais, où Ludivine Ganacheau travaille avec son père, son oncle et son cousin sur l'exploitation familiale de viande bovine. Leurs 120 bêtes ont passé le printemps à faire des allers-retours entre l'étable et les pâturages. "Un coup il faisait un peu beau, on les sortait, puis après elles n'étaient pas bien, elles avaient faim car ça ne poussait pas, raconte-t-elle. Elles beuglaient et mangeaient la paille des litières tellement elles avaient faim. L'herbe dans les champs était quasiment de l'eau."

La crainte de ne pas être indemnisé

Un stress pour les bêtes, moins bien nourries, qui risquent d'être vendues moins cher, sans oublier leur exposition aux maladies et parasites. Alain Prin, qui est aussi cultivateur, a encore un peu les pieds dans l'eau quand il nous répond : "Je suis dans le marais. Il y a beaucoup de foin qui n'a pas été fauché." Il a même dû acheter du fourrage l'hiver dernier, une première pour lui, pour un montant de 3 000 euros. 

Inquiet, il se demande comment lui et tous les agriculteurs touchés vont pouvoir être indemnisés. "Quand il y a une catastrophe naturelle, il y a des reconnaissances qui existent, note Alan Prin. Là, il n'y a pas un épisode très particulier comme un gros orage ou des tempêtes, mais c'est l'accumulation de huit mois qui fait que c'est quand même compliqué." En attendant, il a déjà dû se séparer d'une trentaine de génisses et de bœufs, soit un sixième de son cheptel, faute de pouvoir les nourrir.

Conséquences à long terme

"C'est toujours le 'trop' qui pose problème" en agriculture, alerte vendredi Jean-Christophe Richard, le président de la Confédération paysanne de Loire-Atlantique. "Le climat depuis le 18 octobre, c'est 100 mm en moyenne par mois jusqu'en juin, explique-t-il, donc on a la même pluviométrie qu'en hiver et ça pose des problèmes pour tout le monde : apiculteurs, éleveurs, maraîchers, céréaliers... Puisqu'il faut réimplanter les cultures dans de bonnes conditions et maintenant, pendant les récoltes, il faut jouer entre les gouttes". 

Cette pluie aura également des conséquences sur le long terme. "Beaucoup de cultures et d'éleveurs à côté des marais" sont touchés, car le niveau des marais est au plus haut. "Certaines fermes n'ont toujours pas sorti les bêtes et n'ont toujours pas fait de fourrage", constate le président de la Confédération paysanne. Or, sans fourrage, ou avec du mauvais fourrage, "c'est l'hiver prochain qu'il y aura des conséquences". 

La Confédération paysanne a alerté et demandé de l'aide à la préfecture, sans réponse pour le moment. "On va les relancer", affirme cependant Jean-Christophe Richard. Il admet qu'après la sécheresse, le trop-plein de pluie provoque "beaucoup de stress pour arriver à s'adapter, surtout pour ceux qui viennent de s'installer et qui ont encore des charges à rembourser". 

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