: Reportage "Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on la soigne" : plus d'une semaine après le passage du cyclone Chido à Mayotte, les pompiers portent secours aux personnes isolées
À Mayotte, dix jours après le passage du cyclone Chido, les autorités sont encore à la recherche de personnes décédées. Le bilan n'est toujours pas consolidé avec 35 morts, plusieurs centaines de blessés et certains n'ont d'ailleurs toujours pas été soignés. C'est le travail des pompiers d'aller au plus près de ces victimes isolées qui habitent souvent dans des quartiers défavorisés.
À l'entrée d'un quartier dans la périphérie de Mamoudzou, la présence des pompiers ne passe pas inaperçu. Les enfants s'attroupent autour du camion. À l'intérieur, trois victimes, dont une jeune femme blessée pendant le cyclone. "Quand elle était dans la maison, le micro-ondes est tombé. C'est ça qui lui a coupé le pied."
Le sergent-chef fait un bandage autour de la plaie ouverte. "Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on la prend en charge, ça fait huit jours, explique-t-il. Elle était partie à l'hôpital et on lui a dit ce n'était pas urgent et qu'il y avait plus urgent qu'elle. C'est ce que disent les médecins, car ils sont en nombre insuffisant. Même nous, les pompiers, on n'est pas assez."
Des blessures liées aux débris
"Il y a d'autres victimes qui viennent d'arriver avec les blessés depuis le jour du cyclone", lance un autre pompier. Un homme se présente au camion, son gros orteil s'est infecté. "Ce n'est pas beau à voir non plus", réagit le pompier. Il faut dire que les conditions sanitaires dans ces quartiers sont désastreuses : "Par rapport aux poubelles, là, c'est la saison des pluies, il va y avoir le vent et les saletés. Sanitairement, ça va être très compliqué."
À l'arrière du camion, une jeune femme est allongée. Un clou lui a traversé le pied alors qu'elle marchait dans les ruines de son quartier. "Il y avait beaucoup de déchets, des tôles. Je ne l'avais pas vu, mais je ne l'ai pas fait exprès", déclare la jeune femme. Le sergent-chef enchaîne les gardes depuis le cyclone.
Le pompier volontaire a mis entre parenthèses son travail d'éleveur pour se consacrer entièrement au secours des victimes : "Mais ça ne me dérange pas, justement, de laisser tout ça de côté pour ma population, parce que moi, je suis en vie, j'ai perdu ma maison. Mais quand même, il y a ma population qui a besoin de moi, donc je suis là pour ça."
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