Emmanuel Macron à Saint-Martin : "Je préfère qu'il reste chez lui mais qu'il nous aide vraiment", dit une sinistrée de l'ouragan Irma
Le président de la République est attendu dans les Antilles mardi, pour se rendre sur les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, touchées par l'ouragan Irma la semaine dernière. Les habitants sont plutôt désabusés face à cette visite.
Emmanuel Macron est attendu aux Antilles, mardi 12 septembre. Le président de la République doit atterrir en fin de matinée (heure de la métropole) en Guadeloupe, avant de prendre la direction des îles de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, durement touchées par l'ouragan Irma, il y a près d'une semaine. À Saint-Martin, la colère des habitants contre la gestion de la crise par le gouvernement ne cesse de grandir, à l'approche de la visite du chef de l'État.
"Ça va nous aider à quoi, qu'il vienne ici ?"
Sur la route reliant Marigot à l'aéroport de Grand Case, des centaines de personnes patientent en plein soleil. Elles espèrent pouvoir enfin quitter l'île : "Madame Delaporte Laurence et ses deux enfants, Madame Audrey Gentil et ses deux enfants", égrène un militaire. Depuis des heures voire des jours, ces Saint-Martinois attendent que leur nom ou leur numéro soit appelé. Conséquence : l'arrivée d'Emmanuel Macron n'est pas leur principale préoccupation. "Ça va nous aider à quoi, qu'il vienne ici ? Il va faire quoi ? Il va être avec nous ? On va avoir plus d'informations parce qu'il va être là ?", interroge Christina, très remontée.
Moi je préfère qu'il reste chez lui mais qu'il nous aide vraiment en envoyant des gens qui vont s'occuper de nous. Il n'a rien à faire ici
Christina, une Saint-Martinoiseà franceinfo
À côté d'elle, dans la longue file d'attente, Clarisse et sa fille sont à bout. "Le jour où la ministre de l'Outre-mer est venue, il y a eu trois rotations en moins pour évacuer les gens. Donc si Emmanuel Macron vient et que ça veut dire encore moins de rotation qu'aujourd'hui, qu'il reste chez lui", s'agace-t-elle. Le vent se lève et un nouvel avion survole la foule qui attend toujours. Philippe, 60 ans, lève les yeux au ciel et regarde cet avion passer avec colère. "Il va nous ramener avec son avion ? Non, il s'en fiche", assure-t-il avec amertume. Selon lui, la différence est grande entre l'intérêt porté à Saint-Martin pendant la campagne électorale et après le passage d'Irma.
On est là, on attend et tout le monde s'en fout. Merci M. Macron !
Philippe, Saint-Martinoisà franceinfo
Nicolas aussi remercie le chef de l'Etat mais, de sa part, c'est un merci sincère. "Le cyclone Irma a emporté le peu de cravates qu'on avait pour le recevoir", déplore ce gérant d'une résidence située sur le front de mer, à quelques kilomètres de là. "On va le recevoir avec des mines fatiguées, patibulaires, on ne va pas pouvoir lui montrer ce qu'est l'hospitalité saint-martinoise." Nicolas ne veut pas partir mais reconstruire Saint-Martin.
Au bien nommé aérogare de l'espérance à Grand-Case, les évacuations se poursuivent #SaintMartin pic.twitter.com/IKhNw6v8HL
— Matthieu Mondoloni (@M_Mondoloni) 11 septembre 2017
Selon lui, s'en prendre au chef de l'État, c'est se tromper de combat. "Ce n'est pas la faute du président Macron. Ce qui nous arrive, c'est la faute du cyclone Irma. C'est ce que les gens doivent comprendre." Il est optimiste : "Le président Macron, on sent qu'il nous envoie la terre entière pour nous sauver." À défaut de la terre entière, le président de la République emmènera avec lui de nouveau renforts, comme une première réponse aux reproches et à la colère grandissante des Saint-Martinois.
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