Rentrée scolaire à Saint-Martin après l'ouragan Irma : "Je n’ai pas vu mes amis depuis longtemps, cela me rend triste"
En tournée aux Antilles pour “effacer les cicatrices” des ouragans Irma et Maria, le Premier ministre Edouard Philippe est attendu lundi matin dans une école de Saint-Martin. Décalée en raison des ravages causés par Irma, cette rentrée est très attendue sur l’île.
Les jouets des enfants sont encore entreposés dans des malles en plastique étanches stockées au rez-de-chaussée de la maison. Leur chambre de fortune, elle, est au sous-sol. Keeshan, 12 ans, et sa soeur Zaina, 7 ans, passent le temps devant la télévision.
7 200 élèves feront leur rentrée
Ils font partie des quelque 7 200 élèves qui vont faire leur rentrée lundi 6 novembre à Saint-Martin. Le collège pour Keeshan, le CE1 pour Zaina. Initialement prévue en septembre et décalée en raison des ravages causés par Irma, c’est peu dire que cette rentrée est très attendue par les Saint-Martinois. Le Premier ministre Edouard Philippe est d’ailleurs attendu lundi matin dans une école de Saint-Martin, achevant une tournée aux Antilles pour “effacer les cicatrices” des ouragans.
Zaina, elle, a déjà préparé son cartable, et est surtout impatiente de retrouver enfin sa maîtresse et ses camarades de classe. "Je n’ai pas vu mes amis depuis longtemps… Cela me rend triste et je veux les revoir", explique la petite fille. Zaina a en effet été évacuée de Saint-Martin avec sa famille juste après Irma : sa maison était en partie détruite, tout comme son école. Virginie, sa maman, n’a pas hésité : "Nous ne savions pas ce qui allait se passer pour la scolarité des enfants, explique-t-elle. J’ai pu donc partir avec les enfants en Guadeloupe chez de la famille, pour les scolariser. Nous sommes partis du 13 septembre au 30 octobre : les enfants voulaient revenir ici à Saint-Martin. C’est chez nous…"
Keeshan est heureux de retourner à son collège à Saint-Martin, mais aussi un peu déçu de ne pas pouvoir suivre ses deux matières préférées. "On ne peut pas faire de sport car le gymnase a été cassé. Et je ne sais pas s’il y aura le prof d’histoire…", redoute-t-il. Keeshan est inquiet car 10% des enseignants manqueront encore à l’appel le jour de la rentrée. Quelques établissements resteront par ailleurs fermés : cinq écoles et un collège dont les élèves seront en partie accueillis dans les classes de Zaina et Keeshan. "Le matin, de 7 heures à midi, mon école fonctionne, et de 12h30 à 17 heures, une autre école fonctionne dans notre école. Idem pour le collège : beaucoup d’écoles ont été détruites."
La famille va donc devoir s’organiser pour garder les enfants l’après-midi : c’est Matthieu, le papa, au chômage depuis qu’Irma a détruit l’hôtel où il travaillait, qui va s’en charger. "Le vendredi après-midi, ce sera du sport, indique-t-il. Le lundi après-midi, nous ferons de la lecture. Mercredi, on pourra faire du dessin…" "Comme il n’y a rien à faire, il faut bien les occuper !", conclut-il.
À quelques kilomètres à peine, Leela Connor prépare elle aussi la rentrée. Elle sait que ce ne sera pas facile, aussi cette principale adjointe du plus important collège de l’île ne s’arrête pas depuis plusieurs jours. Tout doit être prêt pour accueillir les quelque 700 élèves de l’établissement, et ce malgré les dégâts causés par Irma. "Nous avons deux bâtiments que nous ne pouvons pas utiliser, déplore-t-elle. Soit en tout une vingtaine de salles banalisées…"
La tâche ne sera pas beaucoup plus aisée pour Marie-Dominique, professeure de sports. "Nous n’avons plus de bus ni d’installations sportives. Tout a été sinistré… Alors on marchera, on visitera l’île à pied, on fera du secourisme, des activités nautique si nous avons l’autorisation." En somme, il faudra composer. À 7h30 lundi matin, la sonnerie retentira au milieu des cris des enfants. Un vacarme qui sera le symbole, deux mois après Irma, d’une île qui espère désormais revivre normalement.
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