Cet article date de plus de sept ans.

"Voler pour survivre", le dernier recours des rescapés d'Irma réfugiés dans une école

Une soixantaine d'habitants de l'île de Saint-Martin sont réfugiés dans un établissement scolaire depuis le passage de l'ouragan Irma. Ils doivent se débrouiller pour survivre, cinq jours après les intempéries.

Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
A Saint-Martin, une grande partie des bâtiments ont été dévastés par l'ouragan Irma.  (MARTIN BUREAU / AFP)

Moins d'une semaine après le passage de l'ouragan Irma sur les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les habitants tentent de s'organiser pour survivre. Les îles sont ravagées, les secours sont insuffisants pour pallier toutes les urgences et les populations manquent de tout. À Saint-Martin, une soixantaine d'habitants campent depuis plusieurs jours dans un établissement scolaire. 

Pas de médicaments pour se soigner

À La Savane, à une rue seulement du centre de commandement opérationnel de la gendarmerie, une cinquantaine de personnes dorment sur des lits de camp dans des salles de classe. Deux espaces sont réservés aux blessés. Parmi eux, Christine, qui souffre de deux fractures, au fémur et à la cheville, à cause d'un accident de quad survenu avant l'ouragan. "J'ai été opérée il y a quelques jours, raconte-elle. Il y a un traitement que je ne peux pas suivre parce que je n'ai pas de médicaments." Pas d'antidouleurs ni d'antidépresseurs pour elle, puisque "tout a été emporté par le cyclone". Elle est arrivée quelques heures après le passage d'Irma et, depuis, dort sur un matelas sale. 

Comme Christine, une dizaine de malades souffrent de ce manque de soins et de médicaments. "On a passé notre temps à installer des lits et prendre en charge les plus grands malades. On passe d'une dame âgée de 90 ans à deux personnes en fauteuil ou une personne paraplégique", explique Jennyfer, une Française en vacances à Saint-Martin. Cette manager de restaurant change les malades, leur prodigue les soins et s'occupe des enfants. Jennyfer, tout comme la directrice de l'établissement scolaire, dénonce le manque d'anticipation de l'État. 

Deux maîtres-mots : débrouille et solidarité

Pour survivre, les réfugiés dans cet établissement scolaire s'organisent avec les moyens du bord. Débrouille et solidarité sont les maîtres-mots. Sur une grande table, dans une pièce qui abritait encore il y a une semaine des bureaux administratifs, des salades de fruits, des bouteilles d'eau et de la nourriture sont disposés en libre-service. Ces vivres ont été récupérés, pour l'essentiel, dans des magasins après le passage d'Irma.

Voler pour survivre, je ne peux pas dire que c'est bien mais il y a un moment, quand il n'y a rien d'autre à faire, il faut trouver une solution

Mireille, en charge de la logistique

à franceinfo

Mireille ne cautionne cependant pas les pillages qui se déroulent depuis le passage d'Irma. "Après, aller voler des télévisions chez les gens, je ne suis pas d'accord." Elle a notamment piloté l'approvisionnement dans une pharmacie ouverte par l'ouragan. Cela a permis de récupérer des boissons hypercaloriques et hyperprotéinées.

Murielle et les plus jeunes ont aussi récupéré des batteries dans les épaves de voiture. Elles servent désormais à Eugène, qui désosse un ordinateur posé à ses pieds. "Je fabrique un ventilo à partir du moteur d'un ordinateur. Ça fonctionne mais il n'y a pas beaucoup de moteurs pour en faire assez." Eugène n'est pourtant pas un sinistré en tant que tel. "Ma maison n'est pas vraiment détruite, explique-t-il. Parfois, tu dois faire des sacrifices pour aider les gens. Quand tu aides, tu reçois de l'aide en retour." Alors chacun aide comme il le peut avec son savoir-faire. Ainsi, Richard, trompettiste, joue de la musique "pour empêcher le retour des ouragans".

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