"Maintenant, à chaque fois qu’il va pleuvoir, on va trembler" : les sinistrés de l’Aude le jour d'après
Une quarantaine de sinistrés ont trouvé refuge lundi au Dojo départemental, un gymnase de Trèbes où ils ont été pris en charge. Au petit matin, les esprits sont encore sous le choc.
Mardi 16 octobre : le jour d’après les terribles inondations qui ont fait plus de dix victimes dans l’Aude, le jour aussi où on commence à réaliser. À Trèbes, commune de près de 6 000 habitants, collée à Carcassonne, six personnes ont péri dans les inondations. De nombreux sinistrés ont dû dormir cette nuit dans des dortoirs improvisés.
Les traits sont tirés, les visages épuisés mais l’espoir renaît dans le Dojo départemental où Andrée, installée à Trèbes depuis quelques mois seulement, a trouvé refuge lundi.
"Les équipes sont soudées, solidaires. C’est apaisant, c’est réconfortant. Je n’ai pas vu une personne s’appuyer sur le mur et dire je suis fatiguée. Non. Tous ces gens étaient debout pour nous. Pour nous, ils étaient debout." La gorge se serre, les larmes coulent. Andrée a tout perdu, sa maison est dévastée. Mais ce n’est pas le plus important, dit-elle.
Je n’ai pas le droit de baisser les bras parce qu’il y en a qui ont perdu des êtres humains. Moi, je n’ai perdu que le matériel donc je me dois d’être debout.
Andrée, une sinistréeà franceinfo
A côté d’elle, Frédéric la réconforte, pose une main sur son épaule. Lui n’a pas été inondé alors, depuis hier, il vient aider, écouter ceux qui en ont besoin.
"On est venu directement au Dojo justement pour soutenir la population. Au-delà du matériel et des biens qu’ils ont perdu, ils avaient vraiment un besoin de relations avec des personnes à l’écoute. Ils ont eu ce qu’il fallait cette nuit. C’était vraiment une occasion de servir à quelque chose pour ses concitoyens", explique-t-il.
On était avec eux, on a rigolé, on les a fait sourire et ça a donné un petit peu de baume au cœur.
Frédéric, un habitant venu soutenir les sinistrésà franceinfo
La pluie a recommencé à tomber à l’extérieur du gymnase sous les yeux de Patrice, une tasse de café à la main. "Maintenant, à chaque fois qu’il va pleuvoir, on va trembler." Lui aussi a une pensée pour les victimes : "Il y en a qui ont perdu des proches, ça c’est beaucoup plus important. On ne peut penser qu’à ça. On les a vus arriver hier. C’était très dur."
Comme Andrée, comme Frédéric, Patrice espère maintenant pouvoir retourner chez lui, mesurer l’étendue des dégâts et oublier ce jour d’après pour se consacrer au suivant.
>> Suivez notre direct sur l'évolution de la situation dans l'Aude.
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