Reportage "Il y a un sentiment d'abandon des pouvoirs publics" : en Seine-et-Marne, des habitants dépités face aux crues à répétition

Un plan national d'adaptation au dérèglement climatique est présenté par le gouvernement vendredi, alors que les intempéries s'enchaînent cet automne.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les riverains du Grand Morin en Seine-et-Marne ont été touchés par d'importantes crues, ici à Coulommiers. le 10 octobre 2024. (YOAN VALAT / MAXPPP)

Comment préparer la France aux inondations de plus en plus violentes, aux sécheresses plus intenses ou à l'érosion des côtes qui s'accélère ? C'est l'objet du troisième plan national d'adaptation au dérèglement climatique, présenté vendredi 25 octobre. Le Premier ministre Michel Barnier et sa ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher se déplacent dans le Rhône, durement frappé par les inondations la semaine dernière, et alors que la pluie est de retour.

Le plan vise à préparer le pays à un climat qui se réchauffe de 4 degrés. En Seine-et-Marne, à Couilly-Pont-aux-Dames, au bord du Grand Morin, la ville est frappée par des crues de plus en plus fréquentes, dont celle de la tempête Kirk, les 17 et 18 octobre derniers. Les habitants et les élus se sentent abandonnés par l'État.

"Ce n'est pas possible de vivre comme ça"

La mine fatiguée, Delphine récite les dates des inondations qu'elle a subies ces dernières années : "2016, 2018, 2024, trois fois." La dernière remonte à il y a deux semaines seulement, avec 1 mètre d'eau dans sa maison à cause de la crue du Grand Morin. L'ensemble de sa cuisine et des meubles de son salon sont partis à la poubelle. "Quand on a été inondés trois fois dans l'année, c'est difficilement vivable. Il y a un sentiment d'abandon des pouvoirs publics, ça, c'est certain, confie Delphine. Et le fait de tout perdre, c'est un vrai choc, un choc traumatique. Il faut se reconstruire, il faut se réadapter. Il va falloir qu'on vive dans un endroit qui n'est plus vraiment le nôtre."

"C'est un peu comme un cambriolage finalement, c'est un intrus qui rentre chez nous et qui détruit tout."

Delphine, une habitante sinistrée

à franceinfo

Pour autant, Delphine ne se résout pas à déménager, contrairement à sa voisine. Cynthia a les larmes aux yeux dans son salon dévasté, envahi par une odeur de moisi. Cette fois, c'est décidé : elle déménage. "On va rénover les murs, on va faire ce qu'il faut et puis on va partir, explique-t-elle. On ne peut pas tout le temps se dire : 'Quand il pleut, que va-t-il se passer ? La peur d'être inondée encore ? Non. Ce n’est pas possible de vivre comme ça."

"J'ai pleuré"

Il est donc plus que temps d'agir, réclame le maire de Couilly-Pont-aux-Dames. L'école de sa commune a, elle aussi, été inondée à cause de la tempête Kirk. "Quand je suis rentré la première fois avec l'eau, j'ai pleuré, je l'avoue. J'ai pleuré, parce que cette école, je l'ai jamais vue inondée de ma vie. Elle est là depuis 1972", confie l'élu.

Cela fait des années que Jean-Louis Vaudescal réclame des travaux pour limiter les crues de plus en plus fréquentes. Il milite pour la construction de bassins de rétention et la désartificialisation des sols. Le maire appelle l'exécutif à prendre conscience de l'urgence et à débloquer des moyens massifs : "Monsieur le Premier ministre, pensez aux habitants, pensez aux gens parce que vous avez des projets de vie qui s'effondrent, parce qu'on n'a pas été capables assez vite de faire les travaux qui s'imposent et d'y mettre les moyens. On doit changer de paradigme."

Dans la cour de l'école, les meubles encore humides s'entassent. La municipalité espère rouvrir l'établissement après les vacances de la Toussaint, mais rien n'est sûr pour l'instant.

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