"On voit même des cailloux qui émergent" : dans les stations de ski, la neige tarde à s'installer
La situation ne devrait pas évoluer dans les prochains jours, selon Météo France. Franceinfo fait le point avec une prévisionniste.
Des paysages désespérément verts. Dans certains massifs montagneux, comme les Pyrénées, la neige manque à l'appel. "En montagne, contrairement à l'année dernière, l'enneigement est souvent déficitaire, voire inexistant", note Météo France, vendredi 4 janvier. Ainsi, dans les Hautes-Pyrénées, il faut atteindre 1 900 mètres d'altitude pour voir les premiers flocons sur une piste. En Savoie, il y a moins de neige. Résultat : les pentes des pistes sont souvent verglacées, ce qui entraîne une augmentation des chutes. Qu'en est-il des prévisions et doit-on s'attendre à de plus en plus d'hivers sans neige ? Franceinfo a interrogé Cécile Coléou, prévisionniste à Météo France.
Franceinfo. Quelle est la situation actuelle sur les massifs montagneux ?
Cécile Coléou : Dans les massifs des moyennes montagnes, comme les Vosges, le Jura, le Massif central, on constate une fine couche de neige, de deux à trois centimètres, mais cela fait à peine illusion. Sinon, jusque-là, il n'y avait pas du tout de neige. Dans les Pyrénées, l'enneigement est très faible, et ce à toute altitude. Cela débute à près de 2 000 mètres sur le versant nord. Sur le versant sud, on ne trouve de la neige que près du haut des sommets. La montagne n'a pas du tout un caractère hivernal. On voit même des cailloux qui émergent.
Dans les Alpes, il n'a pas neigé depuis le 24 décembre, mais les épaisseurs de neige n'évoluent pas car les conditions sont anticycloniques, et même s'il y a du soleil, la neige fond très peu. Par ailleurs, on a des neiges très dures, ce qui entraîne des chutes importantes sur les pistes de ski.
Quelles sont les prévisions dans les jours à venir ?
Pour les prochains jours, les conditions ne vont pas changer. Il n'y a pas de chutes de neige significatives prévues. Toutefois, une perturbation doit arriver sur le flanc est. Cela pourrait amener, sur les Vosges, le Jura et le nord des Alpes du Nord, des précipitations pour le début de la semaine prochaine, avec des quantités à confirmer. Cela pourrait constituer un changement.
Ce déficit d'enneigement est-il exceptionnel ?
De manière générale, à cette époque-là de l'année, l'enneigement est toujours variable. Dans les Pyrénées, l'absence de neige à 1 500 mètres n'est pas rare pour début janvier ; en revanche, ce qui est remarquable, c'est le manque de neige en altitude. Aux lacs d'Ardiden, à 2 400 mètres, il y a 42 centimètres de neige. C'est la valeur la plus faible depuis 1996 et le début des relevés.
Dans les Alpes, il y a certes un déficit d'enneigement à basse altitude en dessous de 1 500 mètres. Cela contraste avec l'an dernier, où il y avait beaucoup de neige, mais cela reste fréquent. A plus haute altitude, on retrouve un enneigement proche des valeurs de la saison.
Faut-il s'attendre à avoir des hivers sans neige ?
La raréfaction de la neige est une conséquence du réchauffement climatique. Différentes études se penchent sur les projections climatiques, comme le projet Adamont dans les Alpes. Il montre bien que "c'est un phénomène à évolution lente et irréversible pour les prochaines décennies". Néanmoins, dans les années à venir, ce sont surtout les basses altitudes qui sont concernées par le manque de neige. Nous n'avons pas de signal sur une évolution des quantités de précipitations. Mais ce sont les températures qui seront plus douces. Donc à certaines altitudes, il va davantage pleuvoir que neiger.
On observe aussi, de plus en plus, une fonte plus précoce de la neige. Néanmoins, il y aura toujours une forte variabilité de l'enneigement. Concrètement, cela pourra changer d'une année sur l'autre, avec parfois des hivers très peu enneigés et au contraire des hivers avec beaucoup de neige.
Peut-on prévoir l'enneigement sur l'ensemble d'une saison ?
On peut avoir des tendances sur les températures et les précipitations à venir. Mais pour avoir vraiment des prévisions fines, c'est plus compliqué. Car l'enneigement est la conjonction de températures froides et de précipitations, au même moment. Par ailleurs, l'évolution de la neige est aussi à prendre compte.
Mais cette question des tendances saisonnières est au cœur des préoccupations des stations de ski. Un projet est justement en cours pour proposer aux stations des prévisions et des projections climatiques les aidant à gérer au mieux leur stock de neige et à optimiser les moyens.
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