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Scientifiques désorganisés, rennes à la diète… Dans l'Arctique, touché par un pic de chaleur, "tout devient compliqué"

Pendant que la France claque des dents, on grelotte moins que d'habitude dans le grand Nord. Des températures supérieures de 25°C par rapport aux normales saisonnières sont relevées dans certaines zones de l'Arctique. De quoi dérouter les scientifiques qui y sont installés.

Article rédigé par franceinfo - Lison Verriez
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le glacier de Lilliehook, sur l'île Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard (Norvège), en 2017.  (MERIL DAREES / MANON MOULIS / BIOSPHOTO / AFP)

"Ici, il fait 4°C et il pleut, c'est assez spécial." Piotr Kupiszewski, responsable de la station de Ny-Ålesund (Norvège), est démuni face à la vague de chaleur qui touche l'Arctique. Depuis la semaine dernière, des températures supérieures à 0°C ont été relevées au cap Morris Jesup, la station météo située la plus au nord du Groenland. 

L'AWIPEV, station franco-allemande où officie Piotr Kupiszewski, est installée sur l'île Spitzberg, dans la mer du Groenland. Ici aussi, la vague de chaleur qui touche l'Arctique se fait ressentir. Ces derniers jours, la température a atteint 4°C, alors qu'en 2017, la moyenne du mois de février s'élevait à -8°C, selon le responsable de la station. Et la pluie, qu'on ne voyait jamais à cette période de l'année, a fait son apparition lundi 26 février. L'année dernière, les averses avaient duré trois jours, du jamais-vu pour Piotr et son équipe. 

Il fait de plus en plus chaud ici, surtout l'hiver. Nos mesures depuis les années 1990 montrent que la température augmente de 3°C tous les dix ans.

Piotr Kupiszewski

à franceinfo

Dans cette région du monde, la pluie est synonyme de complications pour les scientifiques et les habitants, notamment en matière de déplacements. En temps normal, les habitants de Spitzberg circulent à moto-neige ou à skis pendant l'hiver. Des moyens de locomotion à oublier lorsque la pluie remplace la neige. "Avec la pluie, tout devient plus compliqué, déplore Piotr Kupiszewski. Nous avons des voitures pour nous déplacer dans la ville, mais partout ailleurs, il n'y a pas de routes. On est obligés de se déplacer à pied."

Le fjord, lorsqu'il est gelé, permet aux courageux de relier les différentes îles de l'archipel du Svalbard. Mais c'est impossible lorsqu'il a fondu, ce qui est désormais le cas. "Cela nous oblige à faire de longs détours, ce qui n'est pas du tout pratique", expose Piotr Kupiszewski. Et pas la peine de songer à l'avion : la piste d'atterrissage de l'aéroport du Svalbard a gelé avec la pluie, à tel point que l'avion qu'attendait le chercheur lundi n'a pas pu se poser. Rien de dramatique puisque les scientifiques sont pourvus en nourriture jusqu'au prochain passage de bateau prévu en avril, mais il se passerait bien de cette contrainte. 

"Ici, on préfère la neige et le froid", souligne Piotr Kupiszewski. Et il n'est pas le seul à déplorer ce réchauffement. Les animaux aussi semblent déboussolés par les températures élevées de ce mois de février.

Les rennes mangent l'herbe présente sous la neige, mais lorsqu'il gèle, c'est impossible.

Piotr Kupiszewski

à franceinfo

Les bêtes sont donc à la diète, le temps que le froid revienne. La fonte du fjord pose aussi des problèmes aux ours polaires, obligés de parcourir de plus grandes distances pour se déplacer et se nourrir. Bref, quand l'Europe guette le redoux, tout le Svalbard espère le froid glacial. 

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