: Vidéo Depuis des décennies, la vallée de l'Arve étouffe sous la pollution
Près de Chamonix, en Haute-Savoie, des citoyens attribuent leurs maladies à la pollution chronique de l'air dans la vallée de l’Arve, et réclament à l’Etat d’importants dommages et intérêts. Dans cet extrait, "Envoyé spécial" revient sur le spectaculaire épisode de l'hiver 2016.
C’était en décembre 2016. Un hiver froid et ensoleillé où la vallée de l’Arve, près de Chamonix en Haute-Savoie, a connu un épisode de pollution exceptionnel par sa durée et son ampleur. Trente-cinq jours de pic d'alerte (le seuil fixé à 50 microgrammes de particules par mètre cube d'air a été dépassé dès le 30 novembre) ininterrompu dont les habitants se souviennent encore. Ils avaient manifesté plusieurs jours de suite pour exiger que le préfet prenne "de vraies mesures". Des parents d’élèves avaient même réalisé un clip mettant en scène leurs enfants, qui ne pouvaient pas jouer normalement pendant la récréation...
En cause, la pollution aux particules fines (PM10 et PM2,5) due au chauffage au bois et aux usines qui emploient près de 250 personnes. En cause aussi, la pollution aux particules dites "ultrafines" (azote, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre) liées à l’industrie et au trafic routier, très dense aux abords du tunnel du Mont-Blanc. Chaque année, 620 000 camions empruntent cet axe rapide pour l’Italie, qui rapporte à l'Etat près de 80 millions d'euros par an. C'est la contrepartie d'un taux de chômage aujourd'hui à 7%.
Quand un phénomène météo aggrave la pollution industrielle et routière
A cette pollution industrielle et routière s'est ajouté durant l'hiver 2016 un phénomène météo appelé "inversion des températures", quand celles de la vallée sont inférieures à celles du sommet. Par beau temps, comme dans toutes les vallées encaissées où le vent est rare, le soleil réchauffe l'air en altitude plus qu'au pied des montagnes. La masse d'air chaud bloque l'air froid au sol et retient la pollution dans la vallée. Sous ce couvercle, les habitants suffoquent, parfois durant plusieurs semaines comme cet hiver-là.
Cette année 2016, il aura fallu dix jours pour que, le 12 décembre, le préfet finisse par prendre trois mesures d'exception sur la dizaine dont il disposait. La première imposait la circulation alternée pour les poids-lourds les plus polluants, les deux autres contraignaient les usines à limiter certaines de leurs activités. Ce qui n'a pas empêché les taux de particules de continuer à s'emballer jusqu'à la fin de l'épisode... le 3 janvier 2017.
Extrait de "Pollution, les citoyens contre-attaquent", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 20 juin 2019.
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