Vague de froid : "Si on avait une troisième année de gel, la filière disparaîtrait", craint le président du Bureau national interprofessionnel du pruneau
"Les pics ont été tellement forts que 80% du potentiel du verger a été détruit" dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 avril, se désole Nicolas Mortemousque, lui-même producteur de pruneaux en Dordogne.
"Si on avait une troisième année de gel, la filière disparaîtrait", craint Nicolas Mortemousque, président du Bureau national interprofessionnel du pruneau et producteur de pruneaux à Beaumontois-en-Périgord, en Dordogne. Invité de franceinfo vendredi 8 avril, il indique que "80% du potentiel du verger a été détruit" en une seule nuit, à cause de l'épisode de gel qui a touché une partie de la France la semaine dernière.
franceinfo : La filière du pruneau d'Agen a perdu 80% de sa production. Que s'est-il passé dans vos arbres ?
Nicolas Mortemousque : Malheureusement, le même phénomène que l'année dernière : les arbres avaient commencé à bourgeonner, on avait passé le stade de fleurs et on a pris des températures négatives, les producteurs ont essayé de lutter contre le gel avec les moyens habituels. Normalement, on arrive à le contenir, mais cette fois, les pics ont été tellement forts que 80% du potentiel du verger a été détruit la nuit du samedi au dimanche.
Est-ce une première à ce niveau-là ?
Oui, l'an dernier nous avions 70% de pertes. Nous, on pèse 45 000 tonnes de pruneaux à peu près d'habitude. L'an dernier, la récolte est de l'ordre de 15 000 tonnes. Donc, c'était déjà un petit cataclysme. Mais cette année, c'est la seconde vague. On a un produit qui se stocke, donc l'an dernier, avec la toute petite production, on a tapé dans le stock qu'on avait. Mais cette année, on a plus de stock et la récolte annoncée est de l'ordre de 10 000 tonnes.
"La filière, là, sur la partie amont et aval, est attaqué de partout et on demande de l'aide parce qu'elle est en danger."
Nicolas Mortemousque, président du Bureau national interprofessionnel du pruneauà franceinfo
Craignez-vous qu'il y ait des faillites ?
Oui. Des producteurs ont perdu 100% de leur récolte pour la deuxième année consécutive. En plus, la filière pruneau est très concentrée. La filière pruneau et pruneau d'Agen c'est le Lot-et-Garonne et quelques départements limitrophes. Il y a 1 000 producteurs, sur 12 000 hectares, une vingtaine d'entreprises de transformation. Notre filière pèse 10 000 emplois directs ou indirects. J'aime à dire que dans le Lot-et-Garonne, tout le monde connaît quelqu'un qui travaille de près ou de loin dans la filière pruneau. Donc là, c'est très impactant. Il va y avoir du chômage technique. On en appelle à l'État. L'an dernier, le régime des calamités agricoles a été appliqué sur la partie amont ; une aide spécifique a été appliquée sur la partie aval. Il y avait eu des annonces sur des cotisations MSA, ce genre de choses, des prises en charge qui devaient être faites mais qui ne l'ont pas été. Notre demande, c'est que tout cela soit mis en place, et davantage encore parce que si on avait une troisième année de gel, la filière disparaîtrait. Cette deuxième année est vraiment très, très compliquée et on veut des actions concrètes, plus fortes. C'est vrai qu'au niveau national, on peut avoir l'impression que la vague de gel a été moins forte. Mais pour nous, la filière pruneau, elle a été plus forte que l'an dernier.
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