Près de 25°C à Pau, plus de 15°C en région parisienne... Comment expliquer les températures estivales de cette nuit ?

Article rédigé par franceinfo
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La nuit tombe sur Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le 4 août 2020. (PHILIPPE ROY / AFP)
Des niveaux de chaleur nocturne "exceptionnels" pour un mois de novembre ont été enregistrés dans la nuit de dimanche à lundi, conséquence d'une masse d'air chaude comme en apporte de plus en plus souvent le réchauffement climatique, et d'un important effet de foehn.

Les lève-tôt ont eu une drôle de surprise en mettant le nez dehors, lundi 25 novembre. Après une journée de dimanche particulièrement chaude pour la saison dans certaines régions, "la douceur a aussi été exceptionnelle cette nuit", confirme Christelle Robert, prévisionniste à Météo-France. A 6 heures du matin, il faisait autour de 25°C à Pau (Pyrénées-Atlantiques), tandis que les stations de Dax (Landes) et de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) affichaient 20,9°C et 20,1°C au petit matin. En région parisienne, Orly (Val-de-Marne) et Roissy (Val-d'Oise), ont aussi connu des températures nocturnes estivales, avec 15,1°C et 15,6°C, tandis que Poitiers (Vienne) s'éveillait avec 15,5°C au compteur, selon Météo-France.

Si, d'ordinaire, c'est en fin de nuit que l'on observe les températures minimales pour une date donnée, c'est l'inverse qui s'est produit lundi, alors que les valeurs ont commencé à dégringoler progressivement avec l'arrivée au petit matin sur l'Hexagone "du front froid de la perturbation associée à la dépression Bert".

Une masse d'air qui reste chaude même en pleine nuit

En dépit de cette douceur nocturne "exceptionnelle, notamment du Sud-Ouest au centre et jusqu'à l'Ile-de-France", continue la prévisionniste, "on ne peut pas parler de records de température minimale la plus élevée [pour un 24 novembre] puisque Météo-France se base sur les températures relevées entre 18 heures la veille et 18 heures au jour J." Si "la masse d'air est restée douce et a contrecarré le refroidissement naturel qui se passe pendant la nuit", explique Christelle Robert, "la température a ensuite baissé avec le changement de masse d'air". C'est ainsi que Pau est passé de près de 25°C vers 6 heures du matin sous les 15°C quelques heures plus tard, poursuit-elle.

En revanche, la veille, la station de Campistrous (Hautes-Pyrénées) a largement battu son record de température minimale la plus élevée pour un 24 novembre. "Après une première nuit très chaude de samedi à dimanche, les températures sont restées élevées dimanche dans la journée. Nous avons donc observé une température minimale de 15,1°C, contre 13,3°C pour le précédent record du 23 novembre 2014", explique Chistelle Robert.

"Des masses d'air comme ça, pour cette période de l'année, c'est quelque chose qu'on ne voit pas sans changement climatique", note son collègue de Météo-France, le climatologue Matthieu Sorel, cité par l'AFP. Globalement, "on a de petites anomalies froides", comme l'illustre le récent épisode hivernal précoce, avec d'importantes chutes de neige sur la moitié nord de la France jeudi dernier, et "de très grandes anomalies chaudes". "C'est bien un marqueur du changement climatique dans lequel nous sommes", souligne-t-il.

Des températures renforcées par l'effet de foehn

Ce n'est en tout cas pas un hasard si les températures nocturnes les plus chaudes ont été relevées dans les Pyrénées-Atlantiques, les Landes et les Hautes-Pyrénées. Pointant "l'effet de foehn", Christelle Robert explique : "C'est ce qu'il se passe quand on a un vent fort orienté sud qui rencontre une montagne. Le flux passe au-dessus et se réchauffe en redescendant sur l'autre versant." Un effet de foehn courant, mais ici "phénoménal", pointe un autre météorologue sur le réseau social Bluesky.

Phénoménal effet de foehn ce matin sur l'ouest des #Pyrénées. À 06h UTC il faisait précisément 24,6°C à la station de Pau Uzein. Depuis l'enregistrement de températures tri-horaires synoptiques en 1945, il s'agit de la 5ème température la plus haute observée à 06h UTC, tous mois confondus. 1/5

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— Gaétan Heymes (@gaetanheymes.bsky.social) 25 novembre 2024 à 08:26

"Ces flux de sud à répétition deviennent désormais les flux dominants de nos hivers, uniquement contrariés par quelques passages d’ouest", notait dès dimanche sur X le compte Météo Pyrénées, citant "une affirmation qu’il faudra corréler avec nos observations sur les dix dernières années, et notamment depuis 2020/21".

L'effet de foehn a également été observé en Bretagne, où des "records de douceur nocturne" ont été battus localement pour la période, avec par exemple 15,6°C sur l'île de Bréhat, selon Matthieu Sorel, cité par l'AFP. "Il a fait 3°C de plus sur la côte nord (...) que sur la côte sud, parce que cette masse d'air a été soulevée par le relief armoricain et ensuite est redescendue du côté de la côte d'Emeraude", détaille-t-il.


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