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Sécheresse : "Il faut attendre un vrai hiver pluvieux pour avoir une recharge" des nappes phréatiques, explique un hydrologue

62% des nappes phréatiques, principales réserves d'eau potable, sont actuellement à des niveaux inquiétants. Une situation alarmante mais pas préoccupante, selon Vazken Andreassian, hydrologue à l'Institut national pour la recherche en agriculture,
Article rédigé par franceinfo
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Un cours d'eau à sec en région Rhône-Alpes, le21 juillet 2023. (BENOIT ALMERAS / MAXPPP)

Vazken Andreassian, hydrologue à l'Inrae, l'Institut national pour la recherche en agriculture, alimentation et environnement, indique dimanche 1er août qu'il "faut attendre un vrai hiver pluvieux pour avoir une recharge" des nappes phréatiques, qui "sont particulièrement basses" actuellement. 


franceinfo : Plus de 65% des nappes phréatiques sont en dessous des niveaux moyens actuellement : est-ce que cela vous alarme ?

Vazken Andreassian : Ce n'est pas très alarmant, mais c'est préoccupant. C'est normal : on se rappelle tous de l'ampleur de la sécheresse de l'an dernier qui a affecté les nappes, surtout l'hiver dernier. Au mois de février, il n'a quasiment pas plu, et c'était un mois un peu clé pour la recharge des nappes. C'est pour cela que les nappes sont basses. Elles le sont toujours en été, mais là, elles le sont particulièrement. 

Les nappes phréatiques ne se rechargent pas en été. Actuellement, il pleut, mais le sol était très sec et c'est le sol qui se recharge en premier. C'est tout bénéfice pour l'agriculture, là où il y a encore des cultures, mais pour les nappes phréatiques, il faudra attendre. Pour l'instant, on ne sait pas ce qui se passera pour les nappes phréatiques. (...) Il faut attendre un vrai hiver pluvieux pour avoir une recharge. 


Risque-t-on de manquer d'eau si ce n'est pas le cas ?

Si vous avez une troisième année de sécheresse, oui, on manquera d'eau. Les probabilités pour qu'on ait trois années de sécheresse à la suite sont quand même très faibles. Pour l'instant, il n'y a aucune raison de penser que l'hiver prochain soit particulièrement sec.


Les restrictions d'eau prises par endroit suffisent-elles ? 

Les restrictions sont utiles parce qu'il y a un usage de l'eau à privilégier, c'est l'alimentation en eau potable. Partout où il y a un risque, soit d'intrusion marine (ndlr : dans des stocks d'eau potable) comme dans les Pyrénées-Orientales, soit de mon manque d'eau, il faut introduire la restriction, même si c'est difficile pour les agriculteurs. Après, est-ce que les restrictions vont avoir un impact important ? C'est difficile à dire. 


Des agriculteurs changent de cultures face aux changements climatiques : c'est la marche à suivre, selon vous ?

Dernièrement, on a eu des années atypiques et incertaines. Certains agriculteurs aimeraient pouvoir irriguer : en France, cela pose problème, car on voit le climat qui change, les ressources qui ne sont pas sans fin. On voit aussi que si on prélève beaucoup dans les nappes phréatiques, on réduit les écoulements dans les rivières avec les impacts écologiques qu'on connait. Il faut pouvoir satisfaire tous les besoins en même temps, et ce n'est pas facile. On ne peut faire que des compromis entre l'agriculture et les milieux naturels. Il ne faut pas transiger sur l'eau potable.

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