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Sécheresse : peut-il encore pleuvoir assez avant l'été pour échapper à la catastrophe ?

La France vient de traverser un épisode de sécheresse hivernale, qui succède à de longs mois de déficit pluviométrique. Si le sort de l'été 2023 n'est pas encore décidé, il faudrait un mois de mars anormalement pluvieux pour compenser la situation actuelle.
Article rédigé par franceinfo
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Une pancarte dans un champs à Kerlouan, dans le Finistère, le 1er mars 2023. (VINCENT FEURAY / HANS LUCAS / AFP)

La France peut-elle encore échapper au manque d'eau cet été ? "S'il pleut comme il pleut d'habitude régulièrement au printemps, nous n'aurons pas de difficultés puisque nous n'aurons pas besoin de prélever dans les nappes ou dans les cours d'eau", a répondu le ministre de l'Agriculture, dimanche 27 février, dans "Le Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro. Marc Fesneau a toutefois rappelé et défendu les premières mesures prises dans cinq départements (l'Ain, l'Isère, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Pyrénées-Orientales), "des restrictions d'anticipation dans l'hypothèse où nous n'aurions pas suffisamment de pluie".

>> Sécheresse : quels sont les cinq départements déjà concernés par des restrictions d'eau ?

Si les précipitations étaient en moyenne déficitaires sur neuf des douze derniers mois par rapport aux normales enregistrées de 1991 à 2020, la pluie peut encore contribuer à recharger les nappes phréatiques. "La difficulté, c'est si nous continuons à avoir une météorologie comme celle-là, c'est ça qu'il faut anticiper", a reconnu Marc Fesneau. Car la période de recharge des nappes phréatiques se déroule entre septembre et la fin du mois de mars. Au-delà de cette fenêtre, plusieurs facteurs entravent l'absorption de l'eau de pluie par les sols : la douceur des températures, qui facilite l'évaporation, et l'assimilation de l'eau directement par les plantes, alors en pleine croissance.

Une pluie "normale" ne devrait pas suffire

Dans son dernier bilan (document PDF) dessinant la tendance à trois mois, daté de mardi, Météo France a noté que "le scénario plus chaud que la normale [était] privilégié pour le printemps, alors qu'aucune tendance ne se dégage pour les précipitations". Vendredi encore, l'organisme relevait "des incertitudes" quant à la semaine suivante. En revanche, il est certain qu'il faudrait un mois de mars particulièrement pluvieux pour rattraper le déficit pluviométrique des derniers mois.

Pendant cette saison de la recharge, la normale des précipitations moyennes sur la France s'établit à 583,7 mm.  Alors qu'il reste un mois avant la fin de cette saison, la moyenne des précipitations tombée sur l'ensemble du pays se situe à 435,1 mm. Or, "s'il pleut comme d'habitude", comme le déclarait le ministre, il est peu probable de voir tomber 148,6 mm en moyenne sur la France d'ici à la fin du mois de mars. 

D'ordinaire, le mois de mars est en effet moins pluvieux que novembre, décembre ou janvier. Selon Météo-France, la moyenne des précipitations pour ce mois, en France, est ainsi de 67,1 mm, bien loin des 150 mm environ qui permettraient à l'année 2023 d'enregistrer une pluviométrie "normale" sur l'ensemble du pays à la sortie de la saison de recharge. 

Un mois de mars suffisamment pluvieux pour permettre à la France de "rattraper" son déficit pluviométrique n'est arrivé qu'une seule fois depuis 1959, date du début des relevés de Météo France. C'était en mars 2001 : 169,7 mm de précipitations étaient alors tombées sur l'Hexagone. 

Des sols déjà très secs 

Par ailleurs, "on est parti d'un niveau tellement bas et sec, après la sécheresse de l'an dernier, qu'il aurait fallu un hiver nettement excédentaire" pour de nouveau humidifier les sols, déclarait mardi à franceinfo le prévisionniste Simon Mittelberger. Car la problématique de cette saison 2022-2023 n'est pas qu'une histoire de sécheresse météorologique. Selon Météo France, le taux d'humidité des sols a aussi affiché un chiffre sous la médiane quotidienne sur tout le mois de février, qui s'est achevé avec un taux correspondant à une situation normale mi-avril. Le 2 mars, il égalait le record bas du 2 mars 1992, à savoir un taux d'humidité de 0,75. 

Comme pour la pluviométrie, il s'agit ici d'une moyenne sur l'Hexagone, qui ne reflète pas certaines inégalités territoriales : des régions sont plus gravement touchées par la sécheresse que d'autres. De même, l'état de remplissage des nappes phréatiques et les usages et besoins liés à cette ressource en eau diffèrent d'un endroit à l'autre. Enfin, nul n'est capable de prédire si l'été sera aussi chaud et sec que le précédent.

Pour se préparer à l'éventualité d'une nouvelle sécheresse, le ministre de la Transition écologique et la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, Christophe Béchu et Bérangère Couillard, s'entretiendront avec les préfets, lundi 6 mars, "pour anticiper et prévenir les risques de sécheresse sur l'ensemble du territoire". Ce point d'étape doit permettre de partager avec eux les enseignements tirés de l'été 2022, selon l'entourage des ministres. Et de se préparer à un nouvel été à sec encore hypothétique, mais inquiétant. 

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