"On avance minute par minute" : en Charente-Maritime, les habitants de La Laigne se sentent "dépassés" après le violent séisme
48 heures après le tremblement de terre qui a secoué l'ouest de la France, les habitants de La Laigne découvrent, sidérés, l'ampleur des dégâts. Dans ce village d'à peine 500 habitants, situé au nord-est de la Charente-Maritime, les rues sont désertes le matin du dimanche 18 juin. Les volets sont clos, les rares voitures qui passent sont celles des gendarmes en patrouille pour éviter les cambriolages et sécuriser les rues. Des rubalises blanches et rouges barrent certains accès de maisons. 70 sont inhabitables, selon un bilan provisoire. Elles ont été classées "rouge" ou "noire" par les pompiers.
Le domicile de Sophie est dans cette liste. À l'extérieur, les dégâts ne semblent pas si importants mais à l’intérieur, les stigmates du séisme sont bien visibles : des étagères sont renversées, des poutres de soutien ont été installées en urgence contre des murs. Cette sinistrée découvre les dommages au fur et à meusre. "Je suis en train de faire le ménage et là, je vois qu'il y a des carreaux cassés, des choses comme ça ..." décrit-elle en soupirant avant d'ajouter pour s'encourager : "Voilà, il faut garder le moral."
"On ne sait pas si la maison va être rasée et reconstruite ou si elle est réparable. On attend."
Sophieà franceinfo
Son mari n’en revient pas non plus. Il dresse désormais la liste des fissures pour les experts. "On va encore en trouver. Tiens, là, là, et là ... une fissure horizontale. Pourtant, hier, je pensais que les murs avaient bien tenu. Ils sont énormes", souligne-t-il. Le couple est hébergé par une amie qui vit à une quinzaine de kilomètres de La Laigne. "Lundi, on va contacter les assurances et voir comment ça se passe pour les expertises, les travaux. Il va falloir qu'on trouve une maison pour se reloger", explique Sophie.
"Les murs peuvent tomber à tout moment"
Nadine, habitante de La Laigne se sent aussi "dépassée". Elle reste hébétée par la violence du séisme. "On n'a jamais eu ça. On avance vraiment minute par minute. On ne sait pas ... On avance", répète-t-elle. Elle est venue soutenir une voisine qui a dû quitter son logement car chez elle, "les murs peuvent tomber à tout moment". Cette femme a pu revenir récupérer quelques affaires à condition d'être accompagnée de pompiers.
"On va avoir pratiquement 200 personnes à reloger", indique dimanche 17 juin sur franceinfo, Philippe Pelletier, le maire de La Laigne. "Pour l'instant, ils sont relogés temporairement dans de la famille ou des amis mais on est en train de chercher des solutions d'hébergement dans les communes voisines". L'édile précise aussi que l'école du village restera fermée sans doute pour une longue durée. "Je pense qu'elle ne va pas rouvrir cette année parce que le temps que les experts viennent, qu'on fasse les travaux…" Les enfants des deux classes de l'établissement seront scolarisés dans une commune voisine, selon l'élu.
De la pluie attendue en Charente-Maritime
Autre symbole de la violence de ce séisme : les pompiers ont renoncé à sécuriser le clocher de l'église du village, car il est trop dangereux pour eux de grimper sur la structure qui risque de s’écrouler. Ils vont poursuivre dimanche 18 juin leur inspection des maisons de la commune, avec une autre inquiétude : les intempéries. La Charente-Maritime ne figure pas dans la liste des 35 départements en vigilance orange aux orages, mais Météo France appelle à rester "attentif". De la pluie et des orages sont prévus dans le département. Certaines maisons ont été bâchées en urgence.
Au-delà des dégâts matériels, ce séisme a marqué psychologiquement les habitants. "Mon sang n'a fait qu'un tour", confie Alain. "Je me suis demandé ce qui se passait. Une bombe ?" Puis il a entendu "un craquement énorme". Le retraité a alors imaginé un autre scénario : "Je me suis dit que c'était peut-être la bouteille de gaz dans le garage. C'est stressant." La première nuit après le tremblement de terre, Alain a dormi dans sa voiture. L'homme de 80 ans, encore sous le choc, redoute une réplique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.