: Reportage "On paye des assurances pour rien" : un an après le séisme au Teil, des habitants toujours sinistrés et en conflit avec les assureurs
Il y a pile un an, les habitants de la commune du Teil sentaient le sol trembler sous leurs pieds. Une habitation sur deux était touchée.
Le sol donne beaucoup au Teil : des fruits, des légumes, de la lavande, des champignons… Mais le sol peut aussi prendre beaucoup en quelques secondes. Le 11 novembre 2019, à 11h52, pendant sept secondes, un séisme d’une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter, défigurait la ville ardéchoise de 9 000 habitants. Un an après, 600 logements sont toujours inhabitables. Un millier de personnes vivent en-dehors de la commune, en attente d’une solution de relogement.
"Les murs sont complètement ouverts en deux", montre William. Il vivait dans une maison au Teil avec ses parents âgés de 75 ans. "Les murs porteurs sont complètement ouverts. La faille du séisme passe derrière la maison", explique-t-il.
Conflit avec l'assurance
Le séisme, c’était il y a un an, mais depuis rien n’a vraiment changé dans la maison familiale. La faute, selon William, à l’expert mandaté par l’assurance : "Pour lui, la maison était viable. Il laissait les murs comme ils étaient, et il mettait du Placo par-dessus. Derrière, il n’y avait rien de réparer."
Alors William conteste le rapport, il réclame également des frais de relogement, qu’il finit par obtenir aux forceps. "On paye des assurances pour rien, ou alors on est obligé de se battre durement pour obtenir gain de cause", déplore-t-il. Et depuis un an, la famille vit dans un mobil-home installé dans le jardin D’après un décompte d’un collectif de sinistrés du Teil, dans un dossier sur trois, les assurances refusent de payer.
Des chantiers refusés
Direction à présent le centre-ville. Nous retrouvons Pierre dont la maison fait partie des 700 logements inhabitables de la ville. "C'est bien tout cassé, c'est que des fentes de partout, partout, partout", insiste-t-il. Depuis un an, comme un millier d’habitants du Teil, Pierre vit hors de la commune. Pour lui, c’est chez sa fille à Valence, à 50 km de là. "J'ai un peu le moral à zéro", confie-t-il.
Après un an d’attente, Pierre a enfin rendez-vous avec un maçon en fin de semaine. Après le retard pris pendant le premier confinement, les artisans comme Joel Diaz sont débordés : "En nombre de chantiers, c'est énorme. Je ne peux plus en prendre, on ne peut pas aller plus vite que la musique." Des artisans de Marseille et même de Bordeaux font le voyage jusqu’ici pour épauler les entrepreneurs locaux. Preuve que le vaste chantier de reconstruction qu’est la ville du Teil est loin d’être terminé.
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