Séismes à Strasbourg : la préfecture annonce deux "écarts" commis par la centrale géothermique, l'exploitant conteste
L'enquête a été réalisée à la demande de la préfecture après les séismes qui ont ébranlé l'agglomération strasbourgeoise le 4 décembre.
La préfecture du Bas-Rhin a présenté mercredi 30 décembre les conclusions d'une enquête administrative diligentée après les séismes provoqués par l'activité d'une centrale géothermique, faisant état "d'écarts importants" commis par l'exploitant, qui a contesté ces conclusions.
Réalisée à la demande de la préfecture après les séismes qui ont ébranlé l'agglomération strasbourgeoise le 4 décembre, dont l'un de magnitude 3,5, l'enquête "montre qu'il y a eu des écarts importants par rapport à l'autorisation" accordée à l'entreprise Fonroche Géothermie, a annoncé la préfète Josiane Chevalier lors d'une conférence de presse.
Lien de cause à effet non établi
"Cette analyse a mis en évidence deux non-conformités", a détaillé Hervé Vanlaer, directeur de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) du Grand Est. "La première est un forage plus profond que prévu", réalisé jusqu'à 5 000 mètres, contre une autorisation à "4 200 mètres, avec une tolérance de 600 mètres".
"On est pleinement rentré dans le massif cristallin, le granit", a précisé Hervé Vanlaer, "et on sait que le granit peut avoir des réactions sismiques plus importantes".
Le deuxième "écart" relevé concerne la pression à laquelle l'eau prélevée en profondeur était ensuite réinjectée vers le sous-sol. "Il était prévu de ne pas dépasser 100 bars de pression en tête de puits, mais en novembre 2019 et août 2020, il a été constaté des pressions supérieures, de 150 et 140 bars" respectivement, a exposé Hervé Vanlaer.
En novembre 2019, un séisme de magnitude 3,1 avait déjà été enregistré à 5 kilomètres du site de géothermie, dont l'origine, naturelle ou liée à l'activité humaine, n'est pas définie avec certitude. La préfecture et la Dreal ont cependant souligné que le lien de cause à effet entre ces "écarts" et les séismes n'était pas établi.
L'"hypothèse" des poursuites
"L'entreprise ne respecte pas ce qui est prévu dans un arrêté préfectoral, c'est une faute", a conclu la préfète, indiquant que des poursuites étaient "une hypothèse à ne pas exclure".
Joint par l'AFP, Jean-Philippe Soulé, le directeur de Fonroche Géothermie, a fermement contesté ces conclusions. Initialement, "on a foré jusqu'à 4 700 mètres de profondeur", a-t-il assuré. La prolongation du forage, jusqu'à 5 000 mètres, a été réalisée ensuite, à partir de fin janvier 2020.
"Cette extension, ce n'est pas pour nous permettre de produire, c'est une extension à des fins de recherche de données scientifiques, réalisée dans le cadre d'une expertise mandatée par la préfecture elle-même", pour déterminer les causes du séismes de novembre 2019, selon lui. Il assure également que la limite des 100 bars s'applique à la pression mesurée à l'extrémité basse du puits injecteur et non en tête de puits, autorisant des surpressions en surface.
Ce projet de centrale géothermique, implantée à Vendenheim, dans l'agglomération strasbourgeoise, a été définitivement arrêté après les séismes du 4 décembre. Il représentait un investissement de près de 100 millions d'euros.
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