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Pourquoi la météo américaine a prévu une tempête qui n'est jamais arrivée

Les services météorologiques avaient annoncé une tempête de neige "historique" lundi à New York. Une prévision qui s'est avérée plus qu'exagérée : seuls quelques flocons sont tombés. 

Article rédigé par Florian Delafoi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des passants marchent dans les rues de New York, le 27 janvier 2015.   (YANA PASKOVA / GETTY IMAGES)

“C’est l’une des plus grosses erreurs dans ma carrière de prévisionniste, je me sens très mal…” L’aveu d’Adam Rutt, présentateur météo de la chaîne NBC, est dur. Comme lui, c’est toute une profession qui fait son mea culpa après le passage de la redoutée tempête Juno, lundi 26 janvier, aux Etats-Unis. Les prévisions se voulaient alarmistes, prévoyant des chutes de neige “historiques” à New York. Le maire de la ville, Bill de Blasio, a pris des décisions radicales pour assurer la sécurité de ses administrés. Les habitants ont préparé leurs équipements de choc, les touristes leurs appareils photo.

Mais le scénario catastrophe annoncé par le National Weather Service n’a pas eu lieu. Une vingtaine de centimètres de poudreuse sont tombés sur Central Park, au lieu des 60 prévus par la météo et les autorités. "La tempête n'a pas été aussi grave que l'avaient prédit les météorologistes", a concédé le gouverneur de l'Etat, Andrew Cuomo. Francetv info revient sur les raisons de cette erreur d’appréciation.

Parce que ce type de phénomènes est difficile à prévoir

"Il y avait un consensus mondial pour dire que la tempête allait toucher violemment les Etats-Unis. Depuis vendredi, les modèles de prévision de tous les pays détectaient ce phénomène météorologique qui devait toucher New York", assure Sébastien Léas, prévisionniste à Météo France, contacté par francetv info. La nature en a décidé autrement. Le directeur du National Weather Service, Louis Uccellini, a tenté d'expliquer cette erreur de prévision lors d'une conférence de presse. Et a concédé que la météo n'est pas une science exacte : "Nous devons énoncer les incertitudes clairement de manière à ce que les responsables puissent évaluer le risque."  

Il est difficile de prédire, à la minute et à l'emplacement près, le déroulement d'un tel phénomène climatique. L'erreur s'est jouée à quelques kilomètres près. "Le cœur de la tempête s'est décalé à environ 100 kilomètres à l'est par rapport aux prévisions du service météorologique américain. C'est peu à l'échelle du globe, et New York a quand même eu 20 centimètres de neige. Ce n'est pas anodin", rappelle Sébastien Léas. 

Parce que les "supercalculateurs" ont leurs limites

Pourtant, le National Weather Service ne manque pas de moyens, comme le relate Slate (en anglais). Des centaines de prévisionnistes travaillent à l'aide d'une batterie de technologies sophistiquées : satellites, radars et ordinateurs ultrapuissants. Le service météorologique a même récemment mis à jour le système informatique de son "supercalculateur". L'appareil est capable de faire des milliards de calculs en quelques secondes afin d'établir des prévisions solides. "Les ordinateurs génèrent des équations et essayent de les résoudre à l'aide des observations des satellites et des radars disposés au sol. Plus le calculateur est performant, plus les prévisions sont réalisées rapidement", détaille le prévisionniste de Météo France. 

Les météorologistes américains vont tirer les leçons de cette prévision manquée, explique Sébastien Léas. Un travail sera réalisé pour comprendre comment le cœur de la tempête a pu se décaler de 100 kilomètres à l'est. Des conclusions qui permettront d'améliorer le modèle de calcul informatique pour les futures prévisions.  

Mais une marge d'erreur existe toujours. Lors de phénomènes météorologiques exceptionnels, comme celui vécu par les Etats-Unis, l'homme doit prendre le relais des machines pour décider de déclencher l'alerte ou non. 

Parce que les prévisionnistes préfèrent jouer la prudence

Pour Sébastien Léas, les prévisionnistes américains ont pris la bonne décision. "Les services météorologiques américains ont privilégié le scénario le plus extrême pour New York. Ils ont choisi d'être prudents. On n'est jamais certain de l'ampleur d'une telle tempête de neige, ça peut donner des situations catastrophiques", explique Emmanuel Wesolek, directeur de l'observatoire des phénomènes météorologiques violents Keraunos

Certes, l'arrivée annoncée de la "tempête du siècle" a mis en alerte les autorités. Résultat : New York a été paralysée pendant près de 24 heures. Les avions ont été cloués au sol, les transports en commun interrompus et les enfants dispensés d'école. Mais "il vaut mieux prévenir que guérir", s'est défendu Bill de Blasio, le maire de la ville, mardi soir, au moment où les véhicules circulaient à nouveau dans la ville. 

New York a déjà connu des catastrophes naturelles. En 2012, l'ouragan Sandy frappait de plein fouet la côte est des Etats-Unis. Malgré la déclaration d'état d'urgence et le déploiement de l'armée, le cyclone fera 40 morts dans la ville et 98 dans l'ensemble du pays. Un drame qui était sans doute toujours dans les mémoires à quelques jours de la tempête Juno.

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