Témoignages Tempête Ciaran : "On est dans le tambour d'une machine à laver", racontent des Bretons réveillés par les vents violents

Des rafales autour de 200 km/h ont été enregistrées, principalement dans le Finistère, où la circulation routière est interdite ce matin.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu
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Temps de lecture : 5 min
À Ploemeur (Morbihan), la tempête Ciaran est arrivée en début de soirée le 1er novembre 2023 : avant l'interdiction de circuler, les curieux étaient nombreux à regarder la mer déchaînée. (MARIE SEBIRE / MAXPPP)

Une nuit compliquée avec un vent hurlant. Ce jeudi 2 novembre au matin, la vigilance rouge "vent violent" a été levée par Météo-France dans le Finistère, mais elle est toujours active dans la Manche et les Côtes-d'Armor. La matinée reste donc agitée en Bretagne. Des rafales à 207 km/h ont été enregistrées à la Pointe du Raz, dans le Finistère, un record absolu. Presque 200 km/h ont été par heure à Plougonvelin, 170 km/h à Lanvéoc, 163 km/h à Landivisiau, presque 150 km/h à Quimper : c'est une nuit de tempête qui s'achève.

  "Je n'ai pas l'habitude d'avoir peur ni du noir, ni de la pluie, ni du vent, ni de l'orage. Mais là, je n'ai jamais connu ça, raconte Tatiana, habitante de Châteauneuf-du-Faou, jointe au milieu de la nuit par franceinfo. Le vent souffle si fort qu'on a l'impression que c'est un orage. Ça prend dans les rambardes, ça cogne dans les baies vitrées. J'ai appelé ma cousine et certains de mes employés, tout le monde est cloîtré chez lui. Quasiment tout le monde n'a plus d'électricité." 

"On a quand même subi pas mal"

Un peu plus loin, toujours dans le Finistère, c'est Nicolas, poissonnier à Concarneau, qui raconte sa nuit à France Bleu Breizh Izel. Il l'a passée "beaucoup dans [son] véhicule parce que j'ai essayé d'emprunter trois axes différents pour me rendre à la criée, mais c'est impossible. Il y a des arbres qui sont tombés sur tous les axes. On voit que ça a soufflé fort cette nuit entre les branches cassées ou les arbres qui sont sur les lignes électriques."

"Sur tous les petits axes, on ne peut pas faire dix mètres sans qu'il y ait un arbre par terre, donc c'est assez impressionnant."

Nicolas, poissonnier de Concarneau

à franceinfo

"On a quand même subi pas mal de vent cette nuit, alors prudence. On ne va pas prendre plus de risques, on va attendre un petit peu", dit Nicolas, qui a renoncé à se rendre à la criée. La préfecture du Finistère a d'ailleurs interdit la circulation routière dans tout le département  en raison de "l'état des routes entravées par de nombreux obstacles".

"On se sent vraiment tout petit, impuissant"

"On entend des trucs tomber, les murs tremblent, le sol vibre. On dirait un gros tremblement de terre, je n'avais jamais vécu ça, dit Alexandre, brestois. C'est vraiment impressionnant. On entend des choses tomber dehors, des poubelles, des bouteilles qui se cassent. J'ai peur que le mur s'arrache, qu'il y ait quelque chose qui s'envole, qui casse la fenêtre. Ça fait flipper."

"Je n'ai pas dormi de la nuit, je me sens pas dormir alors que ça tremble comme ça, confie Alexandre. On se sent vraiment tout petit, on se sent impuissant, ça fait peur." Maëva, qui vit à Lorient, a elle été réveillée en pleine nuit par la tempête. "Quand j'ai ouvert les volets, les arbres se balançaient dans tous les sens. Il y avait les débris qui volaient dans le ciel", raconte-t-elle. J'avais peur que mes volets soient arrachés ou que ma fenêtre se casse. Je m'étais barricadée dans ma chambre, mais je sentais quand même le vent qui soufflait."

"C'était assez apocalyptique"

"On est dans le tambour d'une machine à laver", témoigne aussi Hervé Guihard, maire de Saint-Brieuc dans les Côtes d'Armor, invité sur franceinfo. Il y avait "un ciel qui brillait d'éclairs, c'était assez apocalyptique, mais la ville a bien résisté". Les dégâts sont très limités sur la commune pour le moment, constate-t-il.

Il n'y a "aucune personne relogée, seules trois toitures arrachées". Et ce, grâce notamment à la bonne préparation de la ville : "on a fait tomber les branches des arbres qui n'ont pas l'habitude d'être autant secoués". Seule inquiétude du maire : la mer qui monte. "Elle sera pleine vers 9 heures, c'est là que les inondations arrivent, car les stations d'épuration peuvent être saturées", explique l'élu, qui relativise : "heureusement, ce n'est pas un gros coefficient comme la semaine dernière, il est de 70 environ."

La Manche, qui a été le dernier département à voir la vigilance rouge levée, a aussi connu un épisode de vents violents dans la matinée. "On est habitués aux tempêtes, mais là, je n'en menais pas large", témoigne Annie Poisson, première adjointe à la mairie de Barneville-Carteret, invitée sur franceinfo.

"La nuit a été calme, mais à partir de 6h ce matin, on a eu énormément d'arbres déracinés, beaucoup de toitures, de clôtures arrachées. C'est une catastrophe.Dans certains endroits, c'est l'apocalypse. Tous les arbres sont par terre."

Annie Poisson, première adjointe à la mairie de Barneville-Carteret

à franceinfo

L'adjointe décrit la grande difficulté à circuler en raison des arbres qui couvrent les grands axes de cette ville de la Manche. "On a beaucoup de fils électriques à terre avec encore de l'électricité", constate-t-elle, en appelant donc à la plus grande prudence : "Si vous voyez un fil à terre, n'y touchez pas."

Annie Poisson n'avait pas vu une tempête comme celle-là depuis 1999. "On est habitués aux tempêtes, 100-110 km/h de vent, ça ne nous fait pas peur, mais là, c'était très, très impressionnant ! Il y avait un roulement de fond, un grondement avec des grosses rafales, décrit-elle. Moi, je n'en menais pas large, j'avais l'impression que ma maison tremblait."

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