Les questions que pose l'affaire Agnès
Une réunion interministérielle doit se tenir lundi autour de ce dossier. Y a-t-il eu dysfonctionnement de la justice ? Que savait le lycée du suspect et de la victime ? FTVi fait le point sur l'affaire.
Le drame du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) aurait-il pu être évité ? La direction du collège-lycée Cévenol s'est dite "sidérée", dimanche 20 novembre, de ne pas avoir été informée du passé judiciaire du lycéen qui a avoué avoir tué et violé Agnès, collégienne de 13 ans du même établissement. Mais pour les parents de la victime, la direction était au courant de la dangerosité du jeune homme. FTVi fait le point sur cette affaire.
Quelles sont les circonstances du drame ?
Pour les enquêteurs, la thèse d'un acte prémédité, voire d'un guet-apens, ne fait plus de doute. Le suspect, un adolescent de 17 ans, a reconnu avoir attiré la jeune fille dans la forêt au prétexte d'aller chercher des champignons hallucinogènes.
Dès samedi, le procureur de la République de Clermont-Ferrand a insisté sur la préméditation de l'acte, affirmant que le lycéen s'était muni d'"objets" et que la mort de l'adolescente avait été "extrêmement violente et brutale". Mais il avait refusé de donner davantage de détails, à la demande des parents de la victime. Dimanche, le suspect a été mis en examen pour le viol et l’assassinat d'Agnès. Bien que mineur, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Que sait-on du suspect ?
Originaire du Gard, le jeune homme a passé une enfance sans histoires entouré d'un père professeur, d'une mère comptable et de deux sœurs. Confronté à des problèmes de drogue, il en a été sevré l'été dernier, relate Le Figaro.fr.
Mis en examen pour le viol d'une mineure en août 2010 dans le Gard, ce lycéen, brillant élève de première, avait effectué quatre mois de détention provisoire avant d'être placé sous contrôle judiciaire fin 2010. Il n'a pas encore été jugé pour cette affaire.
Y a-t-il eu défaillance dans le suivi judiciaire ?
Jugé "réinsérable et ne présentant pas de dangerosité", le suspect était soumis à une obligation de suivi psychiatrique et contraint d'être scolarisé dans un internat. Des conditions qu'il remplissait, selon le parquet. Il était suivi par un psychiatre du Puy-en-Velay (Haute-Loire) et par un psychologue dans son établissement. Les médecins du Gard l'avaient jugé "réadaptable, réinsérable et ne présentant pas de dangerosité", précise le procureur de Clermont-Ferrand.
Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a annoncé dimanche que le garde des Sceaux avait ordonné l'ouverture d'une enquête pour "savoir s'il y avait eu défaillance ou non dans cette affaire". Selon lui, "il est vraisemblable que nous constaterons, et ce n'est pas vraiment une surprise, que la science psychiatrique n'est pas une science exacte puisque le contrôle judiciaire avait vu ses modalités fixées après l'expertise psychiatrique".
Que savait la direction de l'établissement ?
"La direction a découvert, en même temps que les parents d'Agnès, l'effroyable vérité. Nous avions accepté dans notre établissement un jeune garçon convaincu de viol", a déclaré Jean-Michel Hieaux, vice-président du collège-lycée Cévenol. La direction savait que l'élève avait été incarcéré, sans en connaître la raison.
Mais le père d'Agnès, interrogé par 20 Minutes, laisse entendre que l'établissement ne dit pas toute la vérité. "Devant témoins, ils nous ont dit qu’ils étaient au courant de son passé. Notamment que ce garçon avait eu des problèmes pour des faits d’agression sexuelle", explique-t-il dans le quotidien daté du lundi 21 novembre. Par ailleurs, le suspect est passé en conseil de discipline en juin pour des "comportements inadéquats" avec des jeunes filles, toujours selon 20 Minutes qui a interrogé une responsable des parents d’élèves. Le jeune homme n'était alors pas accusé de viol, mais de "comportements assez forts, assez violents avec les filles dans le cadre de l'internat".
Pourquoi l'affaire prend-elle une tournure politique ?
Pour la mère d'Agnès, la mort de sa fille aurait pu "être évitée". L'affaire relance le débat autour de la récidive et du suivi socio-judiciaire. Une réunion est programmée lundi 21 novembre à 16h30, à Matignon, autour du Premier ministre, François Fillon, avec le garde des Sceaux, Michel Mercier, et les ministres de l'Intérieur et de l'Education, Claude Guéant et Luc Chatel. Claude Guéant doit ensuite intervenir au 20 heures de TF1 sur le sujet de la délinquance des mineurs, selon les informations d'Europe 1.
Dès dimanche, l'ensemble de la classe politique a réagi, comme le souligne Le Parisien.fr. Lundi, François Fillon a indiqué que "la prévention de la récidive doit être une priorité absolue". Et Michel Mercier, le ministre de la Justice a promis que "l'évaluation de la dangerosité" des délinquants serait incluse dans une loi présentée la semaine prochaine. Le ministre a concédé : "Nous avons probablement des progrès à faire sur le secret partagé entre la justice, l'école et la santé".
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