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Afghanistan : "Environ 300 personnels civils de recrutement local sur 800" ont été évacués selon une avocate

La coordinatrice du collectif d'avocats de l'association des interprètes et auxiliaires afghans de l'armée française fait le bilan des rapatriements effectués par l'armée française et se dit inquiète pour les 200 personnes restées à Kaboul.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des réfugiés en provenance d'Afghanistan arrivent à l'aéroport de Roissy, le 18 août 2021. (MERYL CURTAT / HANS LUCAS / AFP)

"Il y a eu environ 300 personnels civils de recrutement local sur 800" qui ont réussi à partir, a expliqué samedi 21 août sur franceinfo Magali Guadalupe-Miranda, avocate au barreau des Hauts-de-Seine, coordinatrice du collectif d’avocats bénévoles de l'association des interprètes et auxiliaires afghans de l'armée française, alors qu'Emmanuel Macron a assuré que tous les Afghans qui travaillaient avec des Français seraient protégés.

franceinfo : Tous les Afghans ayant travaillé avec des Français vont-ils obtenir le statut de réfugié ?

Ceux qui ont été rapatriés ces derniers jours, ce sont des personnes qui relèvent de l'asile, des journalistes, des médecins, des personnes qui sont persécutées en raison des opinions politiques. Tout cela relève de la convention de Genève. Nos personnels civils de recrutement local, qui à ce jour ne sont toujours pas évacués, ne relèvent pas de l'asile mais de la protection fonctionnelle. L'État a l'obligation légale de les protéger, donc de les ramener en France et de leur donner un titre de séjour.

Encore 200 personnes bloquées à Kaboul

La France a-t-elle déjà rapatrié des personnes l'ayant aidée depuis 2014 ?

Il y a eu environ 300 personnels civils de recrutement local sur 800. Certains n'ont pas fait de demande, d'autres ont fait une demande mais elle a été rejetée. Le collectif d'avocats s'est constitué en 2015 pour les défendre et pour essayer d'obtenir, via les tribunaux, des visas. Cela a été le cas pour 300, mais on en a encore 200 qui sont à Kaboul.

Etes-vous inquiets pour ceux qui restent sur place ?

On a donné à ces personnels civils de recrutement local des consignes claires qui nous ont été transmises par l'ambassade. Ils doivent rester chez eux, ne pas aller à l'aéroport sauf si on leur demande et ne doivent pas aller dans le site historique de l'ambassade. Hier, une dizaine de familles a reçu un laissez-passer de l'ambassade avec la consigne de se rendre à l'aéroport et seulement quatre ont réussi à rentrer. Les autres sont bloquées à l'extérieur de l'aéroport par les forces américaines qui n'ont pas pour instructions de les laisser passer. C'est une catastrophe.

"On est extrêmement inquiets."

Magali Guadalupe-Miranda

à franceinfo

Sont-ils en danger de mort ?

Oui, les abords de l'aéroport grouillent de talibans, il y a également un risque d'attentat du Daech local. Ils sont exposés dans un territoire particulièrement hostile et qui pour un problème de coordination ne peuvent pas rentrer alors qu'ils ont un laissez-passer de l'ambassade de France.

Pensez-vous qu'ils vont réussir à arriver en France ?

S'ils arrivent par le pont aérien ils n'auront pas le statut de réfugié à obtenir, ils auront la protection fonctionnelle. Tous ceux qui viendront par leurs propres moyens, via des passeurs, avec un trajet qui va prendre des mois, devront demander l'asile.

"Les Français sont un peu à la merci des bonnes volontés américaines."

Magali Guadalupe-Miranda

à franceinfo

Qu'en est-il de la coordination entre les pays ?

Il n'y a pas assez de coordination entre les pays, mais tout se fait dans l'urgence. Il me semble que les Américains évacuent en priorité leurs personnels et la France essaie tant bien que mal d'avoir un petit créneau pour faire atterrir et partir un avion. C'est parce que tout a été fait dans la précipitation. Si on s'y était pris ne serait-ce qu'au mois de juillet il était encore possible de faire sortir ces personnes sans un cordon de talibans à l'entrée de l'aéroport et sans mettre en danger la vie des militaires français.

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