Afghanistan : les talibans annoncent leur nouveau gouvernement
Mohammad Hassan Akhund va prendre la tête du nouvel exécutif. Le cofondateur des talibans Abdul Ghani Baradar sera lui numéro deux du nouvel exécutif.
Ils sont les nouveaux maîtres de l'Afghanistan. Le porte-parole des talibans a dévoilé une grande partie de leur nouveau gouvernement, mardi 7 septembre. Mohammad Hassan Akhund va prendre la tête du nouvel exécutif afghan, dont la composition ne reflète pas l'ouverture et le changement promis par les talibans, qui occupent les postes importants.
Le nouveau Premier ministre était un proche du mollah Omar, cofondateur des talibans mort en 2013, et avait été vice-ministre des Affaires étrangères lors du premier passage au pouvoir des talibans. Selon Bill Roggio, rédacteur en chef du Long War Journal (LWJ), un site américain consacrée à la guerre contre le terrorisme, Mohammad Hassan Akhund avait approuvé la destruction des bouddhas géants de Bamiyan en 2001.
Des ministres sanctionnés par les Etats-Unis
Selon les Nations unies, Mohammad Hassan Akhund, dont le nom figure sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité liées aux "actes et activités des talibans", est connu pour avoir été l'un des "commandants talibans les plus efficaces".
Plus largement, "nombre de ces 'nouveaux leaders' étaient déjà importants dans les talibans d'avant le 11-Septembre, et figurent sur les listes de sanctions de l'ONU", a tweeté Bill Roggio (en anglais).
Abdul Ghani Baradar, cofondateur des talibans et chef des négociateurs qui avaient conclu un accord avec les Etats-Unis, devient numéro 2 du régime. Un rang également accordé à Abdul Salam Hanafi, vice-ministre de l'Éducation sous le premier gouvernement taliban qui avait notamment interdit aux filles d'aller à l'école.
Le mollah Yaqoub, fils du mollah Omar, sera ministre de la Défense. Le numéro deux des talibans, Sirajuddin Haqqani obtient le portefeuille de l'Intérieur. Il est le leader du réseau Haqqani, fondé par son père, historiquement proche d'Al-Qaïdaet considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis. Le FBI a promis jusqu'à cinq millions de dollars pour toute information pouvant mener à l'arrestation de Sirajuddin Haqqani.
D'autres noms attendus
"Le cabinet n'est pas complet", a précisé Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans, lors d'une conférence de presse. "Nous essayerons de prendre des gens venant d'autres régions du pays", a-t-il ajouté, sans évoquer la possibilité de nommer une femme.
Cet exécutif sera placé sous l'autorité du chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, qui dans une très rare intervention publique mardi a invité le gouvernement à "faire respecter la charia" dans le pays.
De son côté, la France reste sur ses gardes. Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, a déclaré, mardi, que sur les cinq exigences posées pour discuter avec les talibans, "pour l'instant nous n'avons que des paroles" qui "ne valent rien".
Interrogé lors des questions au gouvernement par deux députés sur l'état des discussions avec ceux qui ont pris le pouvoir à Kaboul, le chef de la diplomatie française a rappelé les "cinq principes à l'égard du pouvoir de fait ou du pouvoir de force qui est aujourd'hui en place", exigences posées par la communauté internationale. Il s'agit de "permettre la libre circulation sans entrave, renoncer à tout lien avec toute organisation terroriste, faire en sorte que les droits fondamentaux, et en particulier le droit des femmes et des filles, soient respectés, le fait que l'aide humanitaire soit accessible, et qu'il y ait un gouvernement de transition mis en œuvre."
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