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Afghanistan : "Les talibans n'ont pas changé", rapporte une journaliste de retour de Kaboul

"Les talibans visitent les journalistes, les menacent. Ils empêchent les femmes d'aller à l'université et les filles d'aller à l'école", témoigne Ghazal Golshiri, journaliste au service international du "Monde", rentrée par le dernier vol commercial dimanche.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Des membres des talibans ont pris possession du palais présidentiel à Kaboul (Afghanistan), le 16 août 2021. (- / AL JAZEERA)

"Les talibans n'ont pas changé", déplore mardi 17 août sur franceinfo Ghazal Golshiri, journaliste au service international du Monde, envoyée spéciale de retour de la capitale afghane. "Les informations qui nous viennent de Kaboul et du reste du pays ne sont pas rassurantes. Les talibans visitent les journalistes, les menacent. Ils empêchent les femmes d'aller à l'université et les filles d'aller à l'école", relate-t-elle, alors que les talibans ont repris le contrôle du pays.

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Les femmes subissent déjà les effets de ce retour : "Depuis 2001, après la chute des talibans, on leur a promis un avenir rayonnant, l'accès à l'emploi à l'éducation", explique la journaliste.

"Du jour au lendemain, elles doivent rester à la maison. Elles ne peuvent plus sortir dans la rue sans qu'il y ait un membre masculin de leur famille avec elles. Le choc est total."

Ghazal Golshiri, envoyée spéciale de retour de Kaboul

à franceinfo

Ghazal Golshiri, partie dimanche 15 août de Kaboul, pense à la population restée en Afghanistan : "Sur place, le sentiment d'abandon et de trahison prédomine. Les Américains, en négociant avec les talibans, ont une grosse part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement". Les Afghans "sont en détresse totale, ils n'ont nulle part où aller, ils sont très tristes, dévastés", affirme l'envoyée spéciale. "Ça me brise le cœur car la jeunesse afghane est très motivée, elle est prête à tout pour réussir. C'est très triste de la voir dans cette situation qu'elle n'a pas choisie", partage-t-elle avec émotion.

La journaliste du Monde a dû quitter le pays dans la précipitation. "Je suis partie vers l'aéroport à 6h30 du matin, avant l'annonce officielle de l'arrivée des talibans à Kaboul, parce que j'avais reçu des informations que l'aéroport était menacé et que les vols risquaient d'être tous annulés". Sur la route, elle raconte avoir vu "une foule immense devant les distributeurs, devant les banques", ainsi qu'"une file interminable devant l'aéroport avec des familles qui se disaient au revoir peut-être pour la dernière fois". "On est resté bloqué pendant dix heures à l'aéroport avant que notre vol décolle et je pense qu'on a été le dernier à avoir réussi à partir de Kaboul", explique l'envoyée spéciale.

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