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L’aide française à l’Afghanistan a été peu efficace
La Cour des comptes vient de rendre public un rapport sur l’aide publique civile accordée durant dix ans à l’Afghanistan. Rapport critique qui pointe un engagement peu efficace, mal organisé et dont le suivi a été difficile. Bref, 600 millions d’euros dépensés en dix ans pour pas grand-chose. Et on n’est même pas absolument sûr qu’ils aient atteint leur destination.
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«Le risque notoirement élevé de corruption qui s’attache à l’aide à ce pays n’a pas fait l’objet d’une prise en compte globale.» La critique fait froid dans le dos. En fait, si la corruption paraît avoir été contenue (paraît!), c’est plus grâce à l’intégrité des acteurs locaux qu’à la surveillance française.
Du reste, le ministère considérait les acteurs locaux fiables. Les sommes en jeu trop modestes ne justifiaient pas à ses yeux un contrôle très poussé.
On peut se demander d’ailleurs d’où vient cette assurance que l’argent n’a pas été détourné. En effet, la Cour pointe «le difficile suivi des opérations engagées». «Aucune administration ne s’est montrée capable de fournir des éléments chiffrés précis.»
Globalement, c’est l’organisation très perfectible de cette aide qui est pointée du doigt. Le ministère des Affaires étrangères a préféré la relation bilatérale. Il n’a pas souhaité s’associer à d’autres pays et s’est retrouvé isolé. Ainsi, la France n’a pas joué le rôle de nation-cadre.
L’efficacité de l’aide apportée est aussi très critiquée. La Cour juge la stratégie confuse. Elle a combiné des actions dans les secteurs habituels de la coopération française, des engagements liés à sa zone de présence militaire, et enfin des projets plus politiques mais aux ambitions limitées, faute de moyens.
«L’aide française n’a pas échappé à la tendance au saupoudrage», condamne le rapport. La soixantaine de projets financés s’est concentrée autour de Kaboul et en Kapisa, et il n’y a pas eu d’appel aux sociétés françaises, ce qui aurait pu déboucher sur des contrats locaux intéressants.
Il a fallu attendre 2011 pour voir enfin démarrer les projets à moyen et long termes. Or, le ministère n’a pas mobilisé d’outil de suivi. Cruelle, la Cour des comptes constate que la seule vraie réussite a été la mise en place d'une filière cotonière: succès technique certes, mais échec économique...
A l’issue de la lecture de ce rapport, on en vient à s’interroger sur la modestie de l’aide française, seulement 19e contributeur des pays de l’OCDE. Un effort modeste de 17,7 millions d’euros pour 2013 soit 0,8% de l’aide au développement dans le monde.
Rappelons que sur le plan militaire, la France a été plus ambitieuse. 5e contributeur avec 3300 hommes.
Une information qui trouve un écho dans le dernier rapport de l'International Rescue Committee (IRC). L'ONG craint que le départ des dernières troupes d'Afghanistan sonne également la fin de l'aide civile.«Il y a un vrai danger pour que 2014 soit une année d'arrêt de l'aide» s'inquiette David Miliband le directeur d'IRC.
Faute de moyens dit l'organisation, l'aide ne concernera que cinq millions d'Afghans. En fait neuf millions ont besoin d'un soutien. Ultime précision, le montant de cette aide s'élève à 406 millions de dollars, soit 0,025% de la dépense militaire US en douze ans de guerre.
Du reste, le ministère considérait les acteurs locaux fiables. Les sommes en jeu trop modestes ne justifiaient pas à ses yeux un contrôle très poussé.
On peut se demander d’ailleurs d’où vient cette assurance que l’argent n’a pas été détourné. En effet, la Cour pointe «le difficile suivi des opérations engagées». «Aucune administration ne s’est montrée capable de fournir des éléments chiffrés précis.»
Globalement, c’est l’organisation très perfectible de cette aide qui est pointée du doigt. Le ministère des Affaires étrangères a préféré la relation bilatérale. Il n’a pas souhaité s’associer à d’autres pays et s’est retrouvé isolé. Ainsi, la France n’a pas joué le rôle de nation-cadre.
L’efficacité de l’aide apportée est aussi très critiquée. La Cour juge la stratégie confuse. Elle a combiné des actions dans les secteurs habituels de la coopération française, des engagements liés à sa zone de présence militaire, et enfin des projets plus politiques mais aux ambitions limitées, faute de moyens.
«L’aide française n’a pas échappé à la tendance au saupoudrage», condamne le rapport. La soixantaine de projets financés s’est concentrée autour de Kaboul et en Kapisa, et il n’y a pas eu d’appel aux sociétés françaises, ce qui aurait pu déboucher sur des contrats locaux intéressants.
Il a fallu attendre 2011 pour voir enfin démarrer les projets à moyen et long termes. Or, le ministère n’a pas mobilisé d’outil de suivi. Cruelle, la Cour des comptes constate que la seule vraie réussite a été la mise en place d'une filière cotonière: succès technique certes, mais échec économique...
A l’issue de la lecture de ce rapport, on en vient à s’interroger sur la modestie de l’aide française, seulement 19e contributeur des pays de l’OCDE. Un effort modeste de 17,7 millions d’euros pour 2013 soit 0,8% de l’aide au développement dans le monde.
Rappelons que sur le plan militaire, la France a été plus ambitieuse. 5e contributeur avec 3300 hommes.
Une information qui trouve un écho dans le dernier rapport de l'International Rescue Committee (IRC). L'ONG craint que le départ des dernières troupes d'Afghanistan sonne également la fin de l'aide civile.«Il y a un vrai danger pour que 2014 soit une année d'arrêt de l'aide» s'inquiette David Miliband le directeur d'IRC.
Faute de moyens dit l'organisation, l'aide ne concernera que cinq millions d'Afghans. En fait neuf millions ont besoin d'un soutien. Ultime précision, le montant de cette aide s'élève à 406 millions de dollars, soit 0,025% de la dépense militaire US en douze ans de guerre.
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