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Témoignage Afghanistan : "Tout d'un coup, on a compris que les talibans étaient dans Kaboul et que tout basculait", raconte une journaliste française

La correspondante pour RFi et Radio France en Afghanistan raconte ses derniers jours à Kaboul et son évacuation vers la France, jeudi 19 août.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un avion militaire destiné à évacuer des ressortissants français et afghans vers la France, le 17 août à l'aéroport de Kaboul. (STR / AFP)

"Ça a été immédiat. Tout d'un coup, on a compris que les talibans étaient dans Kaboul et que tout basculait", a témoigné samedi 21 août sur France Inter la journaliste correspondante pour RFI et Radio France Sonia Ghezali, à son retour d'Afghanistan. "On savait que ça allait arriver, mais on ne savait pas quand", a-t-elle affirmé.

"On entend des klaxons sans cesse, et puis des cris dans la rue."

Sonia Ghezali

à franceinfo

Sonia Ghezali, accompagnée de deux collègues journalistes, a appris l'arrivée des combattants islamistes dans la capitale afghane dimanche dernier "par des amis", qui leur ont envoyé "des vidéos". "Au début, c'était des quartiers assez périphériques de Kaboul. Et puis, tout d'un coup, on a commencé à voir des vidéos du centre de Kaboul, les quartiers de la zone diplomatique", précise-t-elle. Donc on va à la fenêtre" de l'appartement situé au 7e étage d'un immeuble, "et on voit ces files de voitures et ces gens qui partent en courant dans tous les sens".

Une fois arrivée à l'ambassade de France à Kaboul, Sonia Ghezali raconte avoir vu "un afflux de personnes désespérées, qui cherchaient un refuge parce qu'elles étaient terrorisées de voir les talibans arriver, et qui suppliaient pour qu'on leur ouvre", explique-t-elle. Un policier et une dizaine d'hommes du RAID ont donc "ouvert les portes", "parce qu'il y avait des femmes et des enfants, que ça tirait tout autour, qu'on entendait des explosions", relate la journaliste.

400 personnes bloquées à l'ambassade durant 3 jours

"On est resté trois nuits à l'ambassade de France, on était 400", explique encore Sonia Ghezali. "Et plus les jours passaient, plus l'évacuation devenait complexe parce qu'on était de plus en plus nombreux. Une évacuation par hélicoptère devenait impossible, parce que les Américains ne prenaient pas à bord des non-Européens et des non-Américains. Du coup, un plan d'évacuation avec une dizaine de bus, sous escorte des talibans sur une partie du chemin, a été mis en place", raconte-t-elle. "Je pense que les talibans ont voulu afficher l'image d'une certaine collaboration, dire qu'ils étaient là pour aider la communauté internationale présente sur place. Je pense que c'était vraiment ça, une volonté d'affichage", conclut la correspondante de RFI et de Radio France en Afghanistan.

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