Abus sexuels impliquant des casques bleus: le rapport de l'ONU qui accuse
Selon un rapport annuel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, on constate ainsi «une nette augmentation» par rapport à 2014 (52 cas), et 2013 (66).
«La hausse du nombre des accusations est très inquiétante», souligne une copie du document obtenue par l'AFP. Sur les 69 cas d'accusations d'abus ou d'exploitation sexuels recensés en 2016, 38 (55%) ont été enregistrés dans deux des 16 missions de maintien de la paix de l'ONU dans le monde: 22 en Centrafrique et 16 en RDC. Dans 19 cas au moins, les victimes étaient des mineurs.
Globalement, des soldats ou policiers de 21 pays sont mis en cause, avec en tête la RDC (7 cas), le Maroc et l'Afrique du Sud (4 cas). Suivent le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Rwanda et la Tanzanie (3 cas chacun). Bénin, Burkina Faso, Burundi, Canada, Gabon sont concernés par 2 cas chacun. Neuf autres pays ont à déplorer un cas d'abus ou d'exploitation sexuelle présumé (Allemagne, Ghana, Madagascar, Moldavie, Niger, Nigeria, Sénégal, Slovaquie, Togo). A noter : c'est la première fois que l'ONU nomme ainsi tous les pays dont sont originaires les casques bleus soupçonnés.
Le rapport évoque aussi 30 agressions sexuelles qui auraient été commises par des membres du personnel onusien, qui ne travaillaient pas pour une mission de maintien de la paix.
Réputation ternie
Depuis des mois, la réputation des soldats de la paix «onusiens» a été ternie par une série de scandales de viols et autres abus sexuels. Notamment en Centrafrique où l'ONU a déployé 12.000 hommes en 2014.
Vivement critiquée pour son manque de réactivité, l'ONU a dû prendre des mesures: limoger le chef de la Minusca (sa mission en Centrafrique), rapatrier des contingents entiers de RCA, faire pression sur les pays contributeurs de troupes pour qu'ils enquêtent et sanctionnent leurs hommes. Ces pays sont censés prendre des sanctions pénales, ce qu'ils font avec réticence.
Au 31 janvier 2016, les enquêtes sur 17 cas seulement détectés en 2015 étaient terminées. Elles ont donné lieu à des «mesures intérimaires» (retrait de solde, rapatriement).
Concernant les sanctions prises, l'ONU n'a reçu en 2015 que dix réponses des autorités nationales en ce qui concerne les soldats reconnus coupables de faits commis la même année (et auparavant). Des sanctions qui semblent faibles au vu de la gravité des faits: six mois de prison «pour activités sexuelles avec mineur en échange d'argent», 60 jours «pour l'exploitation sexuelle d'une femme», «sanctions administratives», mise à la retraite...
Projet de résolution américain
Le rapport des Nations Unies rappelle une série de mesures déjà annoncées ou recommandées par des experts indépendants. Il est ainsi exigé des pays qu'ils mènent leurs enquêtes en six mois maximum. Le document recommande aussi d'instaurer des cours martiales dans le pays de déploiement, et non au retour du casque bleu dans son pays d'origine. Autre recommandation : le prélèvement d’échantillons d'ADN pour accélérer l'enquête et la recherche éventuelle de paternité.
Selon des diplomates, les Etats-Unis préparent un projet de résolution qui entérinerait ces recommandations.
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