Le bilan mitigé de l'ANC, après 20 ans à la tête de l'Afrique du Sud
Fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la population noire, le parti est aujourd’hui associé à Nelson Mandela qui y adhéra en 1944. Mais les récentes affaires de corruption impliquant l’actuel président Jacob Zuma remettent en question cet héritage. En décembre 2013, Le Point citait dans un article l’ex-président Thabo Mbeki qui, au cours de la cérémonie d’hommage au président défunt, appelait à un examen de conscience.
Chômage et inégalités
C’est aussi le bilan de l’ANC que les Sud-Africains risquent de sanctionner. Le chômage parmi la population noire dépasse les 28% et les inégalités sont toujours criantes. En cause, notamment, la perte de vitesse du secteur minier dans le pays. Pour le contrebalancer, le gouvernement n’est pas parvenu à diversifier son économie. En 2012, une série de grèves dans les mines d’or avaient été réprimées avec une extrême violence, causant plus de trente morts pendant le mois d’août.
Le vote des «born free»
Par ailleurs, l’ANC est en train de perdre l’adhésion des jeunes électeurs. La génération des «born free» constitue pour ce scrutin un enjeu particulièrement important car ce sera la première fois que les jeunes nés après la fin de l’apartheid en 1994 vont exprimer leur opinion. Dans un entretien accordé à JOLpress, la politologue spécialiste de l’Afrique du Sud, Marianne Séverin, souligne que cette génération n’a «pas connu l’attachement viscéral à l’ANC qu’a pu être celui de leurs parents». Pas sûr donc qu’ils lui accordent leur voix.
Ces jeunes se monteront certainement plus critiques vis-à-vis du bilan du parti et de Jacob Zuma. Par ailleurs, le Mouvement des jeunes de l’ANC est en conflit avec le président depuis plusieurs années. En octobre 2012, il avait appelé à «un changement radical et urgent».
Les jeunes ne sont pas les seuls à rejeter l’actuel président. Jacob Zuma divise au sein même de l’ANC. En décembre 2013, 51% des électeurs du parti souhaitaient sa démission avant les élections générales de 2014.
Violences sociales
Attisées par les inégalités et la hausse des prix, les violences se sont multipliées dans les townships du pays. «Les politiciens ne viennent ici que quand ils veulent notre vote. Ensuite, ils nous laissent à notre sort», déclare un habitant du township de Bekkersadl, quartier pauvre de Johannesburg dans un article de Libération.
S’il veut rester au pouvoir et éviter une crise sociale majeure, l’ANC va devoir tenir compte de ces protestations et s’appliquer à réduire les inégalités entre riches et pauvres dans le pays.
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