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Pourquoi Netanyahu ne participe pas à l'enterrement de Mandela

Le Premier ministre de l’Etat hébreu, Benjamin Netanyahu, ne s'est pas rendu aux funérailles de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Motif invoqué : le coût du voyage et du séjour. Le correspondant de France 2 en Israël, Charles Enderlin, qui revient de Johannesburg, décrypte cette annulation.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Devant la maison de Nelson Mandela à Houghton (banlieue nord de Johannesburg), le jour du Shabbat, le 7 décembre 2013. (Charles Enderlin)
Pourquoi Benjamin Netanyahu a-t-il décidé d’annuler sa participation aux obsèques de Nelson Mandela ? L’argument des économies tient-il ?
Officiellement, la raison de l'annulation tient au prix du voyage. Un avion spécial, un Boeing, pour Netanyahu et sa délégation puis un second appareil. Un Hercules militaire transportant une sécurité supplémentaire ainsi que des voitures blindées. Cela faisait 1 380 000 euros… Et cela au moment où il est très critiqué en raison des dépenses importantes couvertes par l'Etat pour son domicile officiel, sa villa de Césarée et un appartement à Jérusalem.

Ce n'est pas tout. La scène politique intérieure est en ébullition et le Premier ministre a peut-être décidé de rester à Jérusalem pour surveiller sa coalition gouvernementale. Cela dit, Netanyahu n'a peut être pas voulu affronter des réactions hostiles de la foule dans le stade (de Soccer City à Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, où a lieu, le 10 décembre 2013, la «cérémonie d'hommage officielle», NDLR).

On vient de me dire, depuis le stade Soccer City de Soweto où se déroule la cérémonie, que visiblement, même les Sud-Africains n'ont pas compris ce qu'il s'est passé en Israël. Par haut-parleur, le présentateur a remercié Netanyahu et Pérès pour leur présence...  Alors qu'ils ne sont évidemment pas là ! 

Dans cette histoire, qui boycotte qui ?
Il n'y a pas, a priori, de boycott. Simplement une affaire intérieure israélienne. D'ailleurs, les commentaires de la presse du 10 décembre sont au vitriol: le message que Netanyahu envoie, c'est qu'il n'est pas prêt à faire la dépense nécessaire pour participer à un évènement marquant de la communauté des nations.

Le président Shimon Pérès ne s'est pas non plus rendu à Johannesburg. Il est rentré fatigué et grippé d'une visite d'Etat au Mexique. Dans les deux cas, il ne faut pas chercher des raisons officieuses à ces absences.

Dans ce contexte, c'est le président de la Knesset Youli Edelstein qui est parti pour Johannesburg. C'est un membre de l'aile dure du Likoud, lui-même colon. Comme l'écrit l'éditorialiste du Yediot Aharonot, les Sud-Africains n'auront peut-être pas le temps d'aller sur Google et découvrir qui il est...
 
Quel est l’état actuel des relations entre Israël et l’Afrique du Sud ? Sont-elles encore influencées par les liens très étroits entre les deux pays à l’époque de l’apartheid ? Ou le poids du conflit du Proche-Orient pèse-t-il ?
Personne en Afrique du Sud ne parle plus de la proximité d'Israël avec les Blancs à l'époque de l'apartheid. D'ailleurs Israël, sous la pression américaine (et française), avait fini par appliquer l'embargo. Non, ce qui fait réagir les Sud-Africains, c'est la politique israélienne envers les Palestiniens. A l'ONU, l'Afrique du Sud vote régulièrement contre Israël et condamne l'occupation des Territoires palestiniens.

Aujourd'hui, les relations entre les deux pays sont correctes. Sans plus. Ils maintiennent des relations diplomatiques, économiques et commerciales. La communauté juive sud-africaine, qui comptait 120 000 membres dans les années 70, n'en a plus que 70 000. Ce chiffre est actuellement stable.

70% d'entre eux se disent orthodoxes. Ils participent à la vie politique. Sur place, devant la maison de Mendela à Houghton, j'ai vu arriver les membres de la communauté juive après l'office du Shabat. Aux côtés des Noirs et Arabes, ils ont présenté leurs respects à l'ancien président (cf photo). Cette communauté est un soutien fidèle de l'Etat d'Israël.  

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