: Reportage "Ils n'ont pas à manger, pas à boire" : en Afrique du Sud, un bras de fer oppose la police à des mineurs illégaux autour d'une mine qui abriterait de l'or
En Afrique du Sud, la police et des mineurs illégaux se livrent à un jeu du chat et de la souris. Des centaines de mineurs occupent une mine désaffectée à Stillfontein, depuis plusieurs mois. Cette mine désaffectée abriterait notamment de l'or, dans cette ancienne ville minière à deux heures de Johannesburg. Pour les déloger, depuis le début de la semaine du 11 novembre, la police encercle l'entrée et somme ses occupants de remonter. Récemment, un corps sans vie a été remonté. Les habitants n'ont plus le droit de les approvisionner. Ces mineurs n'ont ni eau, ni nourriture, et risquent l'arrestation s'ils refont surface.
Tous les matins, Jennifer prend le chemin de la mine. Elle a 25 ans et son mari est encore dans les galeries souterraines : "J'ai tellement peur, je suis terrifiée ! Mais enfin, pourquoi la police bloque cette mine avec des gens en dessous ?! Ils n'ont pas à manger, pas à boire, ils sont faibles. Il y a même des morts !" Cette mine est fermée depuis des années, mais au fond, il y a des restes d'or. Voilà pourquoi de nombreux hommes s'y engouffrent.
"On ne veut pas qu'ils soient arrêtés"
Ces mineurs sont surnommés des "Zama Zamas" - tenter sa chance en Zulu. "Les enfants de notre village sont là-dessous parce qu’il n'y a pas de travail en Afrique du Sud, poursuit Jennifer. On ne veut pas qu'ils soient arrêtés. C'est le gouvernement qui est responsable de cette situation : on ne trouve pas de travail, alors que fait-on ? Eh bien ces jeunes viennent ici tout simplement pour vivre."
Seulement, le gouvernement a décidé de faire la guerre à ces mines illégales. Depuis quelques jours, un cordon de sécurité jaune et bleu encercle l'entrée. De nombreux policiers attendent que les hommes se décident à sortir pour les arrêter : "Mon mari est sorti aujourd’hui, il a été emmené au commissariat, témoigne une femme. Je l'ai vu, la voiture est passée juste là. Je n'ai même pas pu lui parler. J'ai juste donné sa carte d'identité qu'on m'a demandée. Mais je ne sais pas pourquoi ils l'ont arrêté, qu'a-t-il fait de mal ?"
Vers la fin du blocus
Pour ces habitants qui campent ici toute la journée aux pieds des arbres en soutien aux mineurs, cette mine est leur seule source de revenus. Pour la police, elles sont aussi et surtout convoitées par les gangs. À quelques kilomètres de là, au commissariat de la ville, la générale Tebello Mosikili, directrice de la police sud-africaine, s'entretient avec ses troupes : "Des armes à feu, des criminels lourdement armés, voilà ce qu'on a ici. C'est pour cela que l'armée nous appuie, pour être capable de répondre à la violence si cela est nécessaire." Le ministre de la police, lui aussi, est venu à Stilfontein. Il a assuré que l'opération continuerait tant que tous les mineurs n'auront pas refait surface.
Un tribunal de Pretoria a ordonné samedi la fin du blocus policier pour faire remonter et arrêter jusqu'à plusieurs milliers de mineurs clandestins. Plus de 1.100 mineurs clandestins ont été arrêtés ce mois-ci à la sortie de cette ancienne mine, selon l'AFP.
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