Cet article date de plus d'onze ans.
Vincent Rouget: l’après-Mandela en Afrique du Sud
Chaque épisode d’hospitalisation de Nelson Mandela alimente les unes des journaux. Dernier en date, le 7 juin 2013. Lors d'une précédente alerte, en avril, Géopolis avait interrogé Vincent Rouget, rédacteur sur le site «Terangaweb, l’Afrique des idées», sur l’héritage du leader sud-africain et les craintes que sa mort prochaine suscitent.
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Temps de lecture : 4min
Que reste-t-il de Nelson Mandela en Afrique du Sud ?
Les Sud-Africains sont nostalgiques de la période de libération du début des années 90, du succès de la lutte contre l’apartheid à l’euphorie qui suivit.
Nelson Mandela y est associé. Comme il est associé à la notion de pardon et à l’éveil démocratique d’une nation. Mais cette idée a réellement émergé dans le pays après qu’il a quitté le pouvoir (en 1999 après un mandat de cinq ans, NDLR).
C’est à ce moment que les Sud-Africains sont entrés dans le réel. Ils se sont rendu compte que les choses n’avaient bougé que très modestement.
La population a compris que la transition démocratique était compliquée. Que les Blancs s’effaceraient dans le paysage politique, mais que leurs intérêts resteraient. Ce qui représentait un frein à la restructuration.
La transition économique n’a pas eu lieu non plus. La politique libérale n’a pas permis un rééquilibrage des richesses.
Comment se fait-il que Mandela, 94 ans, reste une sorte de «conscience» pour tout un peuple et ses dirigeants ?
Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir est aujourd’hui critiqué. Dans les années 2000, le peuple a pris ses distances avec le parti. Seul Mandela représente encore la libération.
La disparition de cette figure respectée, à l’image immaculée, fait peur. L’idée de sa mort à un impact sur toute la société, rien que par la force symbolique de l’homme.
Il ne faut pas oublier qu’il a été un fédérateur de la société sud-africaine. Il a su se présenter devant les Blancs comme un rassembleur, pas comme quelqu’un cherchant à prendre une revanche. Il leur a parlé afrikaans, leur a donné une image rassurante.
Parmi les dirigeants de l’ANC, le regard du «père de la nation» pèse toujours sur les décisions. Même s’il n’a plus aucun rôle politique dans le pays, il reste une ressource pour certains responsables.
Le monde s'inquiète de la disparition du leader Mandela. Certains craignent que sa mort n’entraîne une dérive zimbabwéenne en Afrique du Sud…
Nelson Mandela possède une stature mondiale. Et à la différence d’autres leaders comme Chavez (dont la maladie a eu moins d’impact médiatique), il est au top des personnalités les plus respectées. Il est vu comme Martin Luther King ou Che Guevara. Une figure qui intéresse le monde entier.
D’autant plus que son image s’oppose à celles que véhiculent la plupart des chefs d’Etats africains (corruption, népotisme). Il apparaît comme une exception.
Mais il y a quand même beaucoup de condescendance des Occidentaux à son égard. Ils en ont une perception marquée par des préjugés de gouvernance en Afrique. Son successeur Thabo Mbéki dira même que Mandela est vu comme «Le bon indigène» par les Occidentaux.
On l'oppose souvent à Robert Mugabe (président du Zimbabwe, NDLR), en raison de l’histoire comparable de leurs deux pays. Et on peut en effet se demander comment le pays va faire une fois que Mandela sera parti. Certains appréhendent qu’à sa mort tout se délite. Et que tous les acquis démocratiques sautent.
On ne sait pas ce qui se passera, mais ce qui a été mis en place devrait rester. Les ressources politiques et économiques sont là.
Aujourd"hui, des batailles ont commencé, notamment au sein de l’ANC, pour s’approprier la figure de Mandela.
Les Sud-Africains sont nostalgiques de la période de libération du début des années 90, du succès de la lutte contre l’apartheid à l’euphorie qui suivit.
Nelson Mandela y est associé. Comme il est associé à la notion de pardon et à l’éveil démocratique d’une nation. Mais cette idée a réellement émergé dans le pays après qu’il a quitté le pouvoir (en 1999 après un mandat de cinq ans, NDLR).
C’est à ce moment que les Sud-Africains sont entrés dans le réel. Ils se sont rendu compte que les choses n’avaient bougé que très modestement.
La population a compris que la transition démocratique était compliquée. Que les Blancs s’effaceraient dans le paysage politique, mais que leurs intérêts resteraient. Ce qui représentait un frein à la restructuration.
La transition économique n’a pas eu lieu non plus. La politique libérale n’a pas permis un rééquilibrage des richesses.
Comment se fait-il que Mandela, 94 ans, reste une sorte de «conscience» pour tout un peuple et ses dirigeants ?
Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir est aujourd’hui critiqué. Dans les années 2000, le peuple a pris ses distances avec le parti. Seul Mandela représente encore la libération.
La disparition de cette figure respectée, à l’image immaculée, fait peur. L’idée de sa mort à un impact sur toute la société, rien que par la force symbolique de l’homme.
Il ne faut pas oublier qu’il a été un fédérateur de la société sud-africaine. Il a su se présenter devant les Blancs comme un rassembleur, pas comme quelqu’un cherchant à prendre une revanche. Il leur a parlé afrikaans, leur a donné une image rassurante.
Parmi les dirigeants de l’ANC, le regard du «père de la nation» pèse toujours sur les décisions. Même s’il n’a plus aucun rôle politique dans le pays, il reste une ressource pour certains responsables.
Le monde s'inquiète de la disparition du leader Mandela. Certains craignent que sa mort n’entraîne une dérive zimbabwéenne en Afrique du Sud…
Nelson Mandela possède une stature mondiale. Et à la différence d’autres leaders comme Chavez (dont la maladie a eu moins d’impact médiatique), il est au top des personnalités les plus respectées. Il est vu comme Martin Luther King ou Che Guevara. Une figure qui intéresse le monde entier.
D’autant plus que son image s’oppose à celles que véhiculent la plupart des chefs d’Etats africains (corruption, népotisme). Il apparaît comme une exception.
Mais il y a quand même beaucoup de condescendance des Occidentaux à son égard. Ils en ont une perception marquée par des préjugés de gouvernance en Afrique. Son successeur Thabo Mbéki dira même que Mandela est vu comme «Le bon indigène» par les Occidentaux.
On l'oppose souvent à Robert Mugabe (président du Zimbabwe, NDLR), en raison de l’histoire comparable de leurs deux pays. Et on peut en effet se demander comment le pays va faire une fois que Mandela sera parti. Certains appréhendent qu’à sa mort tout se délite. Et que tous les acquis démocratiques sautent.
On ne sait pas ce qui se passera, mais ce qui a été mis en place devrait rester. Les ressources politiques et économiques sont là.
Aujourd"hui, des batailles ont commencé, notamment au sein de l’ANC, pour s’approprier la figure de Mandela.
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