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Algérie : abstention record pour le référendum constitutionnel voulu par le président Tebboune

Appelés à entériner une révision constitutionnelle censée fonder une "nouvelle République", les Algériens ont boudé massivement les urnes. Le projet défendu par le président Tebboune a été approuvé par moins de 4 millions d'algériens.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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5,5 millions d'Algériens ont participé au référendum constitutionnel voulu par le président Abdelmadjid Tebboune. Alger, le 1er novembre 2020. (Mousaab Rouibi / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP)

Rendez-vous manqué pour le président algérien Abdelmadjid Tebboune, seulement 5,5 millions d'électeurs se sont déplacés sur les 23,5 millions d'inscrits. Malgré cette abstention massive, la victoire du oui ne faisait aucun doute et la nouvelle constitution a été adoptée avec 66,8% des suffrages exprimés.

Les 900 000 électeurs de la diaspora ne sont pas comptabilisés dans ces chiffres, mais le taux de participation à l’étranger ne dépasserait pas les 9%.

Tourner la page du Hirak

Une abstention record, plus forte que pour l'élection présidentielle de décembre (40%) déjà historiquement remarquable. Un échec pour le pouvoir qui espérait une participation massive susceptible de renforcer sa légitimité, contestée par la rue.
"Le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l'histoire pour opérer le changement escompté, dimanche 1er novembre, en vue d'instituer une nouvelle ère à même de réaliser les aspirations de notre peuple à un Etat fort, moderne et démocratique", avait espéré M. Tebboune dans un message relayé samedi 31 octobre par l'agence officielle APS.
La date du référendum n'avait d'ailleurs pas été choisie par hasard : le 1er novembre marque l'anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).
Un revers cinglant pour le président Abdemadjid Tebboune hospitalisé en Allemagne depuis la semaine dernière après que plusieurs cas de nouveaux coronavirus ont été signalés dans son entourage.

33,2% de non

Ce scrutin était également présenté comme un test pour la révolte populaire et ses leaders, qui appelaient au boycott du scrutin. Pour eux, cette nouvelle constitution n'atteint en rien les objectifs du Hirak, qui réclame avant tout le remplacement d'une caste politique au pouvoir depuis l'indépendance, la fin des interférences de l'armée dans la vie publique et un stop à la corruption.
Les opposants lourdement réprimés ces derniers mois n'ont pas été autorisés à tenir de meetings publics. Les partisans du "Hirak" ont prôné le boycott du scrutin tandis que les islamistes appelaient à voter "non". Un non qui réunit près d'un tiers des votants (33,2%).
Approuvé au final par moins de 4 millions des algériens, la nouvelle constitution prévoit de limiter le nombre de mandats présidentiels et l'extension des prérogatives du Parlement et du judiciaire, mais aussi d'autoriser l'armée algérienne à intervenir hors des frontières du pays, en Libye et au Mali par exemple.

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