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Algérie-Arabie saoudite : turbulences sur le vol AH 5600

L’opération de rapatriement des ressortissants maghrébins du Yémen a failli virer au drame jeudi 2 avril 2015. L’avion d’Air Algérie a été interdit de survol de l’espace aérien saoudien, l’obligeant à tourner en rond pendant une heure avant de rejoindre Le Caire à court de carburant.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran d'un Airbus A 330 d'Air Algérie  (DR)

Alger calme le jeu et affirme qu’il ne s’est rien passé. Riyad ne daigne pas communiquer. La presse algérienne, elle, n’a pas de mots assez durs à l’égard des autorités saoudiennes. Que s’est-il passé le jeudi dernier ? L’Algérie envoie un Airbus pour rapatrier 227 ressortissants maghrébins (160 Algériens, 40 Tunisiens, 15 Mauritaniens, 8 Libyens, 3 Marocains et 1 Palestinien.) de Sanaa à cause de la situation confuse qui y règne. L’équipage d’Air Algérie prend la précaution de demander toutes les autorisations de vol, dont le survol de l’Arabie Saoudite.
 
«A cinq minutes de Djeddah, un appel radio de la tour de contrôle nous interdit de traverser l’espace aérien saoudien. Bien sûr, l’injonction nous étonne. Nous ne sommes pas habitués à ce genre d’interdiction. Nous précisons à nos interlocuteurs que nous avons toutes les autorisations nécessaires, mais ces derniers se montrent intransigeants. Faire demi-tour était pour nous impossible. Nous étions obligés de tourner en rond dans le ciel, en attendant le retour d’écho des responsables de la compagnie que nous avions informés. L’attente a été longue, presqu’une heure, avant que la décision de rejoindre Le Caire soit prise», raconte le commandant du vol AH 5600 d’Air Algérie à El Watan



Pour la presse algérienne, l’explication est politique, comprendre que Riyad fait payer à Alger son refus de rejoindre la coalition arabe contre les houtis. «Riyad tient rigueur à Alger de n’avoir pas participé à l’intervention militaire au Yémen, à laquelle prennent part dix pays arabes, comme le Maroc dont les ressortissants ont été rapatriés à bord du vol spécial d’Air Algérie dépêché à partir d’Alger. Les autorités algériennes ont dû déployer une action diplomatique intense et soutenue pour obtenir enfin la coopération à contrecœur de leurs homologues saoudiennes», s’indigne Algérie Patriotique

Alger encense l’équipage… avant de changer de discours. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, faisait savoir qu’il tenait à «remercier les membres de l'équipage, à leur tête le commandant de bord Lamraoui Mourad qui a pris des risques et fait preuve d'une compétence avérée dans cette opération». 

Deux jours plus tard, l’action «héroïque» de l’équipage devient juste une turbulence météorologique. «Ce vol, pour des considérations à la fois techniques, météorologiques, et d’exploitation de jour uniquement, prévu initialement le 02 avril, n’a pu se réaliser que le 04 avril au matin», déclare le  porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Chérif. Et de préciser que les relations qui unissent l'Algérie et le Royaume d'Arabie saoudite «sont solides, séculaires  et exceptionnelles et qu'elles connaissent un développement constant et permanent». 

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