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Algérie: les fuites au baccalauréat mettent en danger la ministre de l’Education

La ministre de l’Education, Nouria Benghabrit, fait face à une fraude massive aux épreuves du baccalauréat. La majorité des sujets se sont retrouvés sur Facebook la veille des examens. Des députés islamistes demandent la tête de la ministre.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
​La ministre algérienne de l'Education, Nouria Benghabrit, dans son bureau à Alger, le 9 mars 2015. (AFP/Archives)

Les autorités avaient pris leurs précautions avant le début des épreuves du Bac. Les réseaux sociaux étaient surveillés, tout retardataire était prié de retourner chez lui, et les téléphones bannis des salles d’examen. Cela n’a pas suffi. Presque tous les sujets de nombreuses matières se sont retrouvés sur le Net, notamment sur Facebook.

Pour l’agence officielle Algérie Presse service (APS), «la fuite des sujets sur les réseaux sociaux suscite colère et indignation». Le ministère de l’Education n’a pas réussi à éviter l’expérience des années précédentes où des cas de fraudes massives ont été enregistrés. «Après la fuite des sujets des sciences naturelles et de la langue française de l'examen du bac 2016, sur le réseau social Facebook la veille, le feuilleton a continué, hier, avec l'épreuve d'histoire et géographie», se désole Le Quotidien d’Oran

 
Le ministère de l’Education a commencé par minimiser l’ampleur du phénomène, avant d’annoncer une enquête. 31 adresses IP (Internet Protocol, identité de chaque appareil connecté) ont été retrouvées et une personne placée sous contrôle judiciaire. L’enquête s’annonce très longue. Les syndicats, invités en catastrophe pour faire face à cette crise, soulignent une atteinte à la crédibilité du bac.

Qui veut la peau de Nouria Benghabrit ?
La presse algérienne se demande s’il ne s’agit pas d’un complot contre la ministre de l’Education, honnie par les islamo-conservateurs. Des députés islamistes demandent au président Abdelaziz Bouteflika de la limoger sur le champ, même s'ils ont peu de chance d’être entendus. Diplômée de l’université Paris V, membre du Conseil économique et social des Nations Unies, sans étiquette politique, Nouria Benghabrit avait intégré le gouvernement d’Abdelamek Sellal en mai 2014. Elle a dû faire face, dès sa nomination au ministère de l’Education, à une violente campagne des milieux islamistes, mais aussi de la part des partis conservateurs soutenant le gouvernement.  

 
Fuites organisées ?
«La question qui se pose est de savoir qui est derrière cette situation. Il serait regrettable que l'école soit utilisée pour un problème politique», regrette un syndicaliste. La ministre se veut rassurante. «Nous appelons les candidats à demeurer calmes et à poursuivre leurs examens. Notre enquête ira jusqu’à bout», promet Nouria Benghabrit. 

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