Cet article date de plus de dix ans.

L'article à lire pour avoir moins peur de l'avion

Peut-on encore dire que l'avion est le mode de transport le plus sûr ? Franceinfo répond à vos questions (et vos inquiétudes) sur le sujet.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
Un vol d'Air Algérie se prépare à atterrir à l'aéroport Houari-Boumediene d'Alger, le 24 juillet 2014. (FAROUK BATICHE / AFP)

A chaque accident d'avion médiatisé, les angoisses des phobiques de l'avion redoublent. Ce sera sans doute à nouveau le cas après le crash, lundi 28 novembre en Colombie, de l'avion qui transportait l'équipe de foot de Chapecoense, un club de première division brésilienne.

Mais quels sont vraiment les risques de voir son appareil tomber comme une pierre ? Peut-on sortir indemne d'un crash ? Où faut-il s'asseoir pour augmenter ses chances de survie ? Franceinfo vous dit tout ce qu'il faut savoir sur les crashs d'avion.

Voyager en avion, c'est si sûr que ça ?

La probabilité de voir son avion s'écraser est infime. Discovery (en anglais) indique ainsi qu'un accident se produit lors d'un vol sur 1,2 million en moyenne. Si l'on en croit le New York Times (en anglais), statistiquement, un passager devrait même prendre un avion tous les jours pendant 123 000 ans avant de mourir dans un crash.

Les vols sont en effet devenus de plus en plus sûrs au fil des décennies, remarque l'International Business Times (en anglais). Alors que le nombre de départs sur des vols commerciaux a triplé en 40 ans, passant de 9,4 à 28 millions entre 1970 et 2010, le nombre de crashs a été en constante diminution. Le nombre moyen d'accidents était ainsi de 39,6 par an au cours des années 2000. 

Dois-je éviter de prendre l'avion lorsqu'il y a des orages ?

Même si les conditions météorologiques ont été mises en cause dans le crash du vol d'Air Algérie et celui d'AirAsia, les orages ne sont que très rarement la source d'accidents d'avion. Selon un rapport de l'autorité britannique de régulation aérienne, la Civil Aviation Authority, (PDF, en anglais), publié en juin 2013, les conditions météorologiques ou environnementales ont été la cause principale de seulement 5% des crashs. 

Les avions sont en effet longuement testés par les constructeurs avant d'être commercialisé, afin de s'assurer qu'ils peuvent résister aux températures très basses ou très hautes, à la pluie, au vent et même à la foudre, explique la BBC (en anglais). En comparaison, les erreurs d'appréciation ou de manipulation commises par l'équipage sont responsables de 52% des accidents en vol. 

Certaines compagnies sont-elles plus dangereuses que d'autres ?

"En théorie, tous les avions de ligne sont extrêmement sûrs", affirmait le pilote de ligne Patrick Smith au New York Times (en anglais) en 2013. Les risques de crash sont minimes si les avions sont correctement entretenus et les pilotes bien formés. Difficile donc d'affirmer que les vols low cost sont systématiquement plus dangereux que ceux des autres compagnies, ou qu'il faut à tout prix éviter les petits avions.

Il existe toutefois une liste noire des compagnies dangereuses, dressée et régulièrement mise à jour par la Commission européenne. Elle signale à la fois des transporteurs interdits dans l'espace aérien de l'Union européenne et d'autres dont les vols sont soumis à certaines conditions. Il vaut donc mieux vérifier la fiabilité d'une compagnie avant de prendre son billet, pour s'assurer qu'elle respecte bien toutes les consignes de sécurité.

Faut-il paniquer en cas de turbulences ?

Les turbulences sont souvent stressantes pour les passagers, mais ne représentent dans l'absolu aucun risque pour l'avion, rapporte le Telegraph (en anglais). Les pilotes sont en effet formés pour gérer ces trous d'air, dus à un changement soudain des courants aériens autour de l'avion.

Il existe trois types de turbulences : les légères, les moyennes et les sévères. Les interférences les moins graves, qui se produisent fréquemment, constituent surtout un désagrément pour les passagers, explique le quotidien britannique. Les perturbations moyennes provoquent des secousses plus importantes, qui peuvent faire se renverser les verres. Elles sont là encore sans conséquence pour la sécurité des passagers, mais l'équipage peut décider de changer d'altitude pour rendre le vol plus confortable.

Les turbulences sévères sont bien plus rares : au total, un pilote interviewé par le Telegraph dit n'avoir ressenti ce genre de secousses qu'environ 5 minutes sur les 10 000 heures de vols réalisées dans sa carrière. Durant ces perturbations, l'avion peut gagner ou perdre jusqu'à 30 m d'altitude. Les voyageurs occasionnels ont toutefois très peu de chance de vivre ce type d'événements.

Un avion peut-il "tomber" en plein vol ?

Oui, mais c'est rarissime. Ce que l'on appelle le "décrochage" désigne la chute brutale d'un avion, le nez relevé. Cet incident peut se produire dans deux cas de figure, explique Le Figaro. Si l'appareil vole à une vitesse insuffisante, ses ailes perdent leur portance et il "tombe comme une pierre". A l'inverse, en cas de vitesse trop élevée, une "onde supersonique" peut apparaître le long d'une aile et déséquilibrer l'avion.

En 2009, le vol Rio-Paris s'était abîmé en mer après un décrochage de plus de 10 000 m, soit une chute de plus de 2 000 m par minute, selon Le Figaro. Cela ne signifie pas pour autant que les passagers n'ont pas eu le temps de se rendre compte de ce qui se passait. A une telle altitude, il faut plusieurs minutes pour que l'avion atteigne son point d'impact. Trois minutes et 30 secondes, dans le cas de l'Airbus d'Air France.

Mon pilote peut-il me sauver en cas d'urgence ?

En théorie, oui. Les pilotes sont formés lors d'exercices standardisés pour faire face "à des situations anormales et à des dysfonctionnements", rapporte Le Monde. Une bonne nouvelle, lorsqu'on sait que l'équipage doit gérer un incident lors de neufs vols sur dix. La plupart du temps, les passagers ne se rendent même pas compte qu'il y a un problème.

Les pilotes d'Air France doivent en outre accomplir une formation spécifique sur simulateur depuis 2011, pour apprendre les manœuvres d'urgence en cas de décrochage, selon le Nouvel Observateur. La mesure a été mise en place après le crash du vol Rio-Paris, car de nombreux commandants de bord ne recevaient pas d'entraînement pratique pour faire face à cette situation d'urgence. Un rapport avait mis en cause une trop grande fatigue et une erreur d'appréciation de la part des pilotes dans le crash du vol d'Air France.

Peut-on survivre à un crash ?

Les chances de mourir dans un crash sont infimes : à peine une pour 11 millions, selon les calculs de David Ropeik, intervenant à Harvard. En moyenne, on a dénombré 720 morts par an dans des accidents d'avion, entre 2001 et 2011, rapporte le Huffington Post. En comparaison, près de trois milliards de passagers prennent l'avion chaque année. Selon le site ampp3d (en anglais), vous avez donc sept fois plus de chances de mourir en tombant de votre lit.

Ces statistiques sont confirmées par une étude sur les crashs d'avions américains, menée entre 1983 et 2000 par le Bureau national de sécurité des transports (PDF, en anglais). Durant cette période, 95,7% des personnes ayant vécu un accident d'avion ont survécu. Ce chiffre s'abaisse à 76,6% lors des crashs les plus graves.

Au cas où : comment augmenter mes chances de survie ?

Plusieurs éléments peuvent augmenter vos chances de sortir indemne d'un crash. A commencer par la place que vous choisissez. Selon le Telegraph (en anglais), une étude réalisée en 2007 montre que les chances de survie sont de 69% lorsqu'on est installé à l'arrière de l'avion, contre 56% au niveau des ailes et 49% à l'avant. Selon Discovery, il faudrait en outre être situé, de préférence, dans les 5 rangs les plus proches d'une sortie de secours pour s'en sortir. Boeing, cité par le journal, affirme toutefois qu'aucun siège n'est plus sûr qu'un autre. 

Autre élément important pour se préparer à un crash : écouter les consignes de sécurité données par l'équipage avant le décollage. Si l'exercice peut sembler pénible, il permet aux passagers d'éviter de perdre du temps ou d'adopter un comportement dangereux dans la panique. Slate rappelle ainsi que lors du crash d'un vol d'Ethiopian Airlines en 1996, de nombreux passagers sont restés coincés dans l'avion à cause de leurs gilets de sauvetage gonflés trop tôt et sont morts noyés.

Il faut enfin correctement attacher sa ceinture et se mettre en position de sécurité, avec la tête sur les genoux et les mains croisées sur la nuque, lorsque l'équipage le demande. Cela permet aux passagers de ne pas être projetés au plafond ou sur le siège devant eux et donc d'éviter d'être blessé au visage ou aux jambes au moment de l'impact, explique le Telegraph (en anglais).

Un conseil pour gérer mon stress ?

Malgré le très faible risque de mourir dans un crash, la phobie de l'avion toucherait 20 à 30% de la population selon Velina Negovanska, une psychologue spécialiste des phobies interrogée par franceinfo. Il existe toutefois plusieurs moyens de gérer son stress durant le vol, à commencer par la communication : en cas de panique, discutez avec le personnel de bord, qui saura sans doute vous rassurer. Vous pouvez aussi demander à votre médecin de vous prescrire un léger calmant avant votre départ.

Velina Negovanska suggère par ailleurs aux phobiques de suivre des stages leur permettant de rencontrer des pilotes et de simuler des vols. "Cette prise en charge permet aux gens d’apprendre à gérer leur stress en vol, de confronter leurs peurs, de les matérialiser et d'y répondre en donnant une approche nouvelle de la situation du voyage en avion", souligne la psychologue.

J'ai eu la flemme de lire l'article en entier, vous pouvez me faire un résumé ?

Malgré les inquiétudes soulevées par la série de crashs de ces derniers jours, les risques d'avoir un accident d'avion sont très limités : on enregistre en moyenne un incident tous les 1,2 million de vol. Les chances de mourir dans un crash sont encore plus faibles : à peine une sur 11 millions. Bref, si vous voyagez sur un avion correctement entretenu – il est conseillé de vérifier la liste des compagnies à risque signalées par l'Union européenne –, vous ne courez pratiquement aucun risque.

Toujours pas convaincu ? Les plus stressés peuvent se rendre chez leur médecin pour se faire prescrire un anxiolytique avant le vol. Autre option : participer à un stage antistress d'une journée, pour apprendre à mieux gérer son angoisse en discutant avec un pilote ou en réalisant une simulation de vol.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.