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Bientôt un film sur Fernand Iveton, communiste guillotiné en Algérie en 1957
Un long métrage retraçant la vie du militant anticolonialiste Fernand Iveton, guillotiné en 1957, est actuellement en préparation. Ce film retrace les dernières années de cet ouvrier communiste d'Alger qui prit part à la lutte pour l'indépendance algérienne et fut condamné à mort et exécuté par la justice française. Le film est basé sur le livre «Nos frères blessés» de Joseph Andras.
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Cette coproduction franco-algérienne, dont le tournage devrait commencer en octobre 2018, se penche donc sur un des cas les plus emblématiques de la répression exercée par Paris contre les revendications algériennes alors que la France était gouvernée par les socialistes de Guy Mollet.
Le film est basé sur le livre De nos frères blessés, de l’écrivain français Joseph Andras, paru en 2016, et qui s’intéresse particulièrement «aux dernières années de la vie de Fernand Iveton, à sa rencontre avec sa femme Hélène, ou encore son procès», devant un tribunal militaire, a indiqué à l’APS (agence de presse algérienne) le réalisateur français Hélier Cisterne (réalisateur de Vandal en 2013 et de la série Le Bureau des légendes).
«Le tournage est prévu entre Alger et quelques villes françaises, a précisé le réalisateur, actuellement en repérage à Alger», rapporte le Huffpost. Ecrit avec sa compagne, Katell Quillévéré, le film va raconter «l'histoire de Fernand Iveton, une histoire d'amour pendant la guerre d'Algérie. Un film de guerre, sans guerre et sans militaire», dit Hélier Cisterne à La Dépêche..
Ce film aura le mérite de mettre en valeur une personnalté de la guerre d'Algérie. Fernand Iveton fut en effet le seul Européen (comme on disait à l'époque) exécuté outre-Méditerranée sur décision d"un tribunal, pendant la guerre d'Algérie.
Syndicaliste et communiste
Fils d'un syndicaliste et militant communiste vivant dans le quartier populaire d’Alger, le Clos Salembier (aujourd’hui El Madania), Fernand Iveton, né en 1926, fut lui aussi militant. Engagé au sein du Parti communiste algérien (PCA), il intègre la lutte armée après les accords politiques entre ce dernier et le Front de libération nationale (FLN) en 1956.
Tahia El Djazaïr ! : Vive l'Algérie !
Hostile aux attentats aveugles et meurtriers, il accepte néanmoins de poser une bombe dans son usine de gaz, après la fermeture, dans un endroit isolé où personne ne serait blessé. «Il est repéré et dénoncé par un contremaître. Désamorcée, la bombe ne fera ni victimes, ni dégâts. De toute façon, de l'aveu d'un expert convoqué au tribunal, elle n'aurait pas "fait de mal à une grosse mouche"», raconte Culturebox dans une critique du livre qui sert de base au futur film.
Il est arrêté le jour même. «Du mercredi 14 au samedi 17 novembre, il subit les pires tortures au commissariat central d’Alger. La police tente de lui faire avouer les noms de ses complices (...) Le 25 novembre suivant, Fernand Iveton se retrouve au tribunal pour être jugé. L’assistance est chargée à bloc et des cris de haine et de mort s’élèvent dans la salle. Lors de cette parodie de procès, le militant est condamné à mort pour "tentative de destruction d’édifice à l’aide d’explosifs"», raconte le site militant Humanité rouge..
Pour immortaliser ce personnage, le choix de Hélier Cisterne s’est porté sur l’acteur français Vincent Lacoste. Il a choisi l’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps pour incarner à l’écran sa femme.«Après un expéditif procès devant la justice militaire, il est condamné à la peine capitale. Les avocats entament les recours, puis les demandes de grâce auprès du trio Coty (à l'Elysée), Mollet (président du Conseil) et Mitterrand (garde des Sceaux). Sans succès: le tourneur Iveton n'a ni soutiens, ni relais dans les milieux politiques et intellectuels. Si des sections syndicales de la CGT se mobilisent, l'Humanité et le PCF ne plaident sa cause que du bout des lèvres. Le 11 février 1957, Fernand Iveton est réveillé à l'aube et conduit à la guillotine. Pour vaincre sa peur, il "hurle dans les couloirs : Tahia El Djazaïr ! : Vive l'Algérie !". Et toute la prison de clamer avec lui : "Tahia El Djazaïr !". Sa tête tombe à cinq heures dix. Il a trente ans à peine», rapporte Cutlurebox.
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