Commémoration du cessez-le-feu en Algérie : il y a une "zemmourisation" du débat, déplore un spécialiste des questions franco-algériennes
Naoufel Brahimi El Mili, docteur ès sciences politiques et spécialiste des questions franco-algériennes, déplore samedi sur franceinfo que le contexte électoral invite à la surenchère.
"Le contexte électoral n'accorde pas une atmosphère de sérénité, parce qu'on est dans une surenchère", a estimé Naoufel Brahimi El Mili, docteur ès sciences politiques, spécialiste des questions franco-algériennes, samedi 19 mars sur franceinfo, alors qu'Emmanuel Macron préside à la mi-journée une cérémonie à l'Elysée pour le 60e anniversaire des Accords d'Evian et du cessez-le-feu en Algérie.
franceinfo : Nous sommes à un peu plus de trois semaines du premier tour de la présidentielle. Que dites-vous du contexte dans lequel cette commémoration intervient ?
Naoufel Brahimi El Mili : Le contexte électoral n'accorde pas une atmosphère de sérénité parce qu'on est dans une surenchère. Il n'a échappé à personne que la 'zemmourisation' du débat a introduit une très forte radicalité. À l'heure actuelle, le travail historique et mémoriel n'est pas fait correctement parce qu'il n'y a pas une seule mémoire, il y en a plusieurs. Chaque cas est un cas particulier, chaque camp se considère comme victime. Les rapatriés se considèrent vite comme victimes. Les harkis se considèrent comme victimes. Sans parler du peuple algérien, qui a souffert pendant les huit années de guerre avec un million et demi de morts, ce qui est un chiffre considérable. Écrire une seule histoire, ce n'est pas une tâche aisée, cela nécessite beaucoup de temps.
Dans le journal l'Opinion, vous affirmez que "les grandes avancées avec l'Algérie ne pourront se faire que si Emmanuel Macron est réélu". Pourquoi dites-vous cela ?
D'une manière générale, la reconnaissance de la tragédie, des horreurs de la guerre d'Algérie doit être faite au nom de la continuité de l'État. Ce sujet sensible ne peut être qu'un sujet d'un second mandat présidentiel, car on sait qu'il n'y a pas de troisième mandat, la Constitution l'interdit. Lors d'un second mandat, le président sortant, Emmanuel Macron ou quelqu'un d'autre, n'aura pas cette pression électorale forte [pour se faire réélire].
Qu'attendez-vous de cette cérémonie, présidée par Emmanuel Macron, ce samedi midi ?
C'est une parole présidentielle à un moment fort, il faudra l'écouter, mais je pense que son discours ou son communiqué qu'il fera le 5 juillet 2022, date du 60ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, sera plus décisif. Là, il n'y aura pas de pression électorale. Les législatives seront passées et ça sera le vrai discours [sur la guerre d'Algérie].
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