Algérie : candidat à la présidentielle, l’homme d’affaires Rachid Nekkaz, populiste voltairien et opportuniste malchanceux
Les ambitions de l’homme d’affaires Rachid Nekkaz, une des figures du mouvement qui a pris son essor en Algérie alors que se profile l’élection présidentielle, ont embrassé les deux rives de la Méditerranée avec des fortunes diverses.
L'une des figures du mouvement qui a pris son essor en Algérie, Rachid Nekkaz, a assuré mardi à franceinfo qu'il avait été "placé en résidence surveillée illégale". À 47 ans, cet homme d'affaires algérien est né en France et entend se présenter le 18 avril à la présidentielle algérienne. C'est peu dire qu'il prête régulièrement le flanc à la critique, tant en Algérie qu'en France, lui dont les ambitions politiques ont embrassé les deux rives de la Méditerranée.
Les affaires lui réussissent mieux que les élections
Rachid Nekkaz est un homme malchanceux. Lors de la présidentielle française de 2007, il se fait voler, dit-il, l’ordinateur qui contenait les coordonnées des élus qui lui promettaient parrainage. Lors de l’élection présidentielle algérienne de 2014, c’est cette fois la voiture dans laquelle étaient transportées les 60 000 signatures nécessaires qui se perd… Les affaires lui réussissent davantage : diplômé de philosophie à la Sorbonne, il fait fortune dans les nouvelles technologies et l’immobilier. Ce qui lui permet, notamment, de régler les amendes dressées en France pour port de niqab. Sans être pour autant, assure-t-il, un défenseur du voile.
Je paie les amendes des femmes qui portent le niqab, mais je paie aussi celles des femmes en Iran qui refusent de porter le voile. J’ai une position qui est celle du philosophe français Voltaire.
Rachid Nekkazà franceinfo
Pour la liberté, donc, Rachid Nekkaz est aussi capable d’affirmer sérieusement que le président Bouteflika est décédé depuis longtemps et est représenté par une image 3D. Sa page Facebook compte quelque 1 500 000 abonnés. Son credo ? La jeunesse algérienne, celle qui l’entoure dans les manifestations : "Il y a des jeunes femmes et des jeunes hommes qui aspirent à vivre un développement apaisé, défend-il, vivre comme n’importe quelle autre jeunesse du monde entier." Ses références sont Nelson Mandela ou Bill Clinton. Et quand on l’accuse de populisme, il répond : "Si Voltaire était un populiste, alors, je veux bien."
"Un clown, sauf qu'être clown est un métier respectable"
D’autres dressent de lui un portrait au vitriol. "J’aurais pu dire que Rachid Nekkaz est un clown, sauf qu’être un clown est un métier respectable", rétorque ainsi, cinglant, politologue Naoufel Brahimi El Mili. "C’est quelqu’un qui fait le buzz, soupire-t-il, mais qui sait très bien qu’il ne peut être élu puisqu’il est empêché par deux articles de la Constitution. D’abord parce que son épouse est étrangère, ensuite parce qu’il n’a pas vécu dix ans en continu en Algérie." Selon lui, l’homme vend une histoire, un storytelling en faisant croire en Algérie au sacrifice d’avoir renoncé à la France pour crédibiliser sa candidature. "Ce n’est pas une figure. Il est trop bien connu en France pour être pris au sérieux. Et encore mieux en Algérie pour être pris au sérieux."
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