Algérie : la France "n'a pas à intervenir" même si "l'Algérie est un partenaire vital pour notre avenir"
Jean-Louis Levet, ancien haut responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, a réagi sur franceinfo aux manifestations qui se déroulent en ce moment en Algérie contre une nouvelle candidature du président Abdelaziz Bouteflika.
"Nous assistons à un grand mouvement d'affirmation d'un peuple qui veut être acteur de son avenir", a déclaré samedi 9 mars sur franceinfo, Jean-Louis Levet, économiste et ancien haut responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne tandis que les manifestations se poursuivent à Alger et dans d'autres villes comme Oran ou Constantine contre une nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika.
Franceinfo : Quel est votre sentiment par rapport aux manifestations en cours en Algérie contre une nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika ?
Jean-Louis Levet : Nous assistons à un grand mouvement d'affirmation d'un peuple qui veut être acteur de son avenir avec tous les âges, toutes les couches sociales dans tous les territoires et surtout sur un mode pacifique. Il ne faut pas oublier que l'Algérie a connu une lutte terrible contre l'islamisme radical dans les années 90. Aujourd'hui les gens descendent dans la rue pour dire, "nous voulons prendre en main notre avenir." Par rapport à ce mouvement la France est là d'abord pour être aux côtés de l'Algérie. Elle n'a pas à intervenir car c'est un pays souverain mais l'Algérie est un partenaire absolument vital pour notre avenir. Il est important que nous observions de très ce qui se passe.
Les hydrocarbures font la force de cette économie mais c'est également une faiblesse car il y a une dépendance trop forte envers ces ressources ?
On a un niveau de richesse nationale du pays qui dépend énormément des hydrocarbures ce qui est un facteur de vulnérabilité extrêmement fort par rapport à un marché de l'énergie mondialisé et spéculatif. La logique rentière très souvent dénoncée n'a pas assez aidé le développement de l'agriculture et de l'industrie qui doivent représenter respectivement 8 et 5% du PIB quand dans la plupart des autres pays émergents ces parts sont quatre à cinq fois plus importantes. Et on a encore une économie informelle qui pèse lourd, c'est entre 30 et 40% du PIB.
Quels sont les atouts de ce pays ?
On a un pays attractif avec une main d'œuvre qualifiée, on a des gens compétents, il y a donc un potentiel de développement considérable et c'est évidemment là où nous, Français, devons être encore plus présents que par le passé. Il ne faut pas oublier non plus l'explosion démographique avec un taux de 2,8 enfants par femme, 25 millions d'habitants en 1990, 42 millions aujourd'hui et si ce rythme continue ce sera près de 60 millions en 2040. Il y a tout ce qu'il faut pour que ce pays se prenne davantage en main et pour que la coopération entre nos deux pays entre dans une nouvelle étape.
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